Descendant les escaliers de pierre brute, Siolith ressentait un courant d'air qui apportait une effluve cauchemardesque. Quelque chose de différent d'un simple élève puni était enfermé dans l'une des cages des sous-sols de Shibusen, quelque chose de très, trèèèès mauvais qui dégageait justement cette odeur. Personne d'humainement normal ne pourrait sentir cette odeur, mais sentir une irrépressible envie de casser n'importe quoi, pourvu que cela fasse du mal. Un démon était dans l'une de ces cages, elle en était certaine, et pour s'en assurer, elle marchait avec aisance d'un pas léger dans les entrailles profondes de l'école des manieurs. Que quelqu'un tue un Akuhei était courant, mais en capturer un vivant relevait de l'exploit, donc soit il était très fort et malin, soit l'akuhei s'était laissé capturer. Siolith n'avait pas vraiment eu l'occasion de laisser vivre un ennemi démoniaque lorsqu'elle en avait rencontré, son envie de le pulvériser étant plus forte que son envie de palabrer, cette présente à Shibusen était une opportunité unique de pouvoir avoir une discussion peut-être censée avec quelqu'un étant passé "de l'autre côté".
Son bras gauche la démangeait, caché dans les replis de sa robe, remplacé par ce bras artificiel qu'elle avait acquis grâce à ses pérégrinations jusqu'à ce jour. Ce bras n'était pas encore très confortable, mais il se révélait utile puisqu'il lui évitait d'utiliser son vrai bras, qui réagissait de façon de plus en plus étrange quand elle utilisait la longueur d'onde avec. Passons ces petits désagréments, cela ne concerne que la manieuse et concentrons nous sur l'instant présent: Siolith passait de cage en cage avec toujours ce même air calme et impassible, ses yeux passant d'un côté et de l'autre d'elle en scrutant un mouvement dans l'ombre. Et si l'akuhei s'était laissé enfermé exprès pour ensuite se libérer et qu'il l'attendait, tapi dans l'ombre, prêt à lui sauter dessus? Son corps ne réagit même pas à cette pensée, seule cette autre pensée lui vint à l'esprit, elle serait obligée de s'excuser auprès de Shinigami pour avoir pulvérisé un otage de valeur.

Une masse, un corps, une respiration, une voix…Deux voix? Elle en était sûre, elle avait touché au but, il était là. La manieuse s'approcha sans aucun précaution des barreaux de la cage et jeta un œil à l'intérieur. Plus par réflexe que par précaution, un éclair de longueur d'onde passa le long de son bras, comme pour tenter d'éloigner cette menace que représentait cette présence. Siolith ne savait pas si elle était sensible à la folie, mais elle ne tarderait pas à le savoir, car elle aperçu un œil qui brillait dans l'obscurité.

"Tu n'es pas à ta place ici hein? Tu serais mieux dehors…

Ne prenant même pas la peine de tourner la tête pour identifier la nouvelle arrivante, Siolith su tout de suite qui c'était. Un brin de suspicion flottait dans cette question posée très directement, et la manieuse ne se fit pas prier pour y répondre du tac au tac.

"Je te retourne la question, Hikari "Inazuma Akai", cet endroit n'est pas censé être accessible aux élèves… Siolith tourna légèrement la tête, jetant un regard presque négligent à la personne qu'était la manieuse derrière elle. "Inutile de se leurrer, tu as autant le droit de te trouver ici que moi, donc pour ma part, je n'ai ni le temps ni l'envie de t'expliquer pourquoi je suis ici. En contrepartie, tu pourras garder tes motivations pour toi.

Un accueil froid, mieux que cela même, c'était une douche glacée qu'offrait Siolith en guise de bonjour. Elle n'avait plus l'âge et encore moins l'envie de rendre des comptes à qui que ce soit, surtout en ce qui concernait ses actions personnelles. Elle se tourna vers l'Akuhei qui matait quelque chose par le bas de sa robe en marmonnant une ou deux phrases stupides. Il était trop près. La folie était presque palpable, mais elle semblait assez forte pour résister à cette vague malfaisante qui s'approchait d'elle, et plus pour marquer ses mots que pour le malmener, Siolith saisi son interlocuteur par le col pour le soulever d'une seule main à hauteur de ses yeux qui avaient pris cette teinte bleu-roi si recherchée dans les vêtements royaux, mais là, c'était une couleur tellement profonde que croiser un tel regard ne vous laisserai pas de marbre. D'une voix calme et posée, totalement en contradiction avec le contenu des propos qu'elle allait dire, elle murmura à l'oreille du démon:

"Ecoute moi bien, souillure de ce monde, tu es pourri, cela ne fait aucun doute. Ton âme est corrompue et tu es complètement irrécupérable. Néanmoins, tu n'es pas impardonnable, et j'espère que tu va avoir l'esprit vif et acéré: tu es à Shibusen avec une centaine d'élèves prêts à mettre la main à la pâte ainsi qu'une poignée de professeurs. Tous sont impatient de t'ouvrir le ventre pour voir si c'est un cœur qui bat ou simplement un tas de merde putréfiée. J'ai l'immense privilège de t'annoncer que je peux t'éviter cette peine en échange d'un service que tu me rendras.

La manieuse lâcha l'akuhei comme s'il lui brûlait la main; il avait l'air inoffensif dans sa camisole, mais son aura seule suffisait à lui causer des maux de crâne. Son bras gauche, habilement caché sous sa robe et remplacé par l'artefact, la brûlait comme si on avait renversé de l'acide dessus. Elle recula de quelques pas et parla à voix haute cette fois-ci:

Tu n'as qu'une seule réponse à fournir: oui ou non.

Siolith était maintenant partagée entre deux sentiments: le plaisir d'avoir pu obtenir une moitié de ce qu'elle voulait beaucoup plus tôt qu'elle ne l'avait pensé, et le fait que cette action accélèrerait grandement ses plans. Dans les deux cas, c'était forcément bénéfique pour elle. Mais il y avait autre chose de moins satisfaisant, et cette chose était dans son dos. La manieuse qui l'avait suivie dans cet endroit était maintenant un témoin de la scène et donc une menace potentielle, quand bien même Siolith se fichait royalement de cela puisque la manieuse ne connaissait ni les tenants ni les aboutissants de la conversation puisqu'elle n'avait pas entendu les paroles qu'elle avait prononcées à l'oreille de l'Akuhei. Et au final, même l'Akuhei ne savait pas de quoi il en retournait, sa seule échappatoire étant de faire confiance à un quelqu'un du camp opposé qui lui tendait la main sans savoir si elle l'emmenait dans un coupe-gorge ou vers une liberté toute aussi éphémère que celle de tout être humain.
Heureusement, la contact avec l'akuhei n'avait pas été direct, son bras la protégeant plus ou moins d'une proximité suffocante avec cette espèce de chose bestiale. Néanmoins, il avait répondu oui, donc il n'était pas dénué de bon sens, même s'il disait juste cela pour sauver sa peau, mais quelque chose disait aussi à la manieuse que le démon avait assez de ressources pour ne pas moisir ici jusqu'à la fin de ses jours sur une des tables de dissection du professeur Stein. Cette fois-ci, ce ne fut plus l'akuhei qui était important aux yeux de Siolith , mais son équivalent manieuse qui se tenait légèrement en retrait depuis qu'elle avait parlé au jeune homme au regard fou. Sa longueur d'onde, qui s'était affolée juste avant, avait perdu en intensité, et d'un mouvement vif du bras, Siolith dispersa l'électricité statique qui parcourait encore son bras droit, valide celui-ci. Elle ne voulait en aucun cas paraître menaçante ou contraignante lorsqu'elle parlerai, puisque chaque geste comptait, tout comme chacun de ses mots. Elle fit quelques pas en direction d'Hikari, s'éloignant un peu de la cage, ce qui la soulagea intérieurement, et parla en ces termes:

"Nous n'avons pas eu vraiment l'occasion de nous connaître en d'autre moments que des missions, Hikari, mais je sais ce que tu vaux grâce à cela. Tu es ici, et donc trois choix s'offrent à toi: ou tu ne m'as jamais vue et je partirais tout comme tu vaqueras à tes occupations à partir de maintenant, ou tu pars avec moi et nous aurons l'occasion de prouver nos valeurs ensemble ou enfin tu t'opposes à moi sans savoir ce que je veux de toi ou de notre invité.

Restant statique, la manieuse jouait cartes sur table, sans même avoir une solution cachée ou une botte secrète de secours: elle était honnête, même si c'était comme d'habitude impossible de le deviner au ton de sa voix neutre, mais tranchante comme le fil d'une lame. Avec un peu de chance, elle aurait eu plus que ce qu'elle espérait pour cette nuit sans lune…

L'ambiance n'avait plus rien a voir avec celle de départ, son interlocutrice avait l'air plus attentive que suspicieuse, même si il y avait encore des restes qui planaient dans sa voix. Siolith n'avait pas vraiment envie d'entamer un combat qui aurait alerté tout Shibusen en quelques minutes, d'autant plus que la manieuse qui lui faisait face était différente de celle qu'elle avait pu croiser lors de leur mission, elle paraissait... Plus sûre d'elle.
Peu importe, Siolith avait aussi pris du galon et peu de choses l'impressionnaient à présent, vu ce qu'elle avait déjà vécu précédemment.

"Je ne peux pas te fournir d'explication pour le moment, mais sache juste que tu me suis, Shibusen ne te considèrera plus comme une alliée, mais comme une perte. Cependant, tu auras la chance de combattre un ennemi tellement puissant que même avec ton arme, tu douteras de ta victoire, un ennemi assez puissant pour me détruire moi…

Siolith s'interrompit et considéra un instant son bas gauche, qu'elle leva à hauteur d'yeux: c'était pour le moment sa seule échappatoire, mais sa famille et ses lois la rattraperaient, ce n'était qu'une question de temps, et elle avait besoin de quelqu'un non pas pour faire face, mais pour annihiler ce qui l'empêchait d'être vraiment elle-même. Toutes ces années sans s'honorer n'étaient que des années mortes et elle seule savait qu'un Homme aurait appris et grandit durant les années qu'elle avait vécues loin de ses principes. Mais désormais, elle franchirait le cap pour établir la source de l'Histoire, non pas cette masse informe d'humains qui salissaient la terre qui leur avait été confiée, mais ce serait elle, et pour cela, des mesures s'imposeraient, voilà pourquoi…

"…Voilà pourquoi tu dois me suivre"

Ces mots tombèrent comme des pierres au milieu d'un lac tranquille, cassant l'imperturbable reflet de l'eau et laissant s'éparpiller les vagues du doute. Laissant son bras gauche retomber le long de son corps, elle leva cette fois le droit et, sans crier gare, un cercle considérable apparut et Siolith fit un mouvement, un seul, un geste qui voulait dire "ouvre-toi" et le cercle entra en contact avec la surface métallique que constituaient les barreaux de la porte métallique. L'explosion qui en résultat arracha la porte pourtant solidement ancrée dans le béton du sous-sol et la repoussa jusqu'au fond de la cellule, jouant au passage avec les cheveux de l'akuhei. Lorsque la poussière retomba, Siolith avait déjà défait les liens qui encombraient l'œuf de Kishin.

"Tu me dois quelque chose, ne l'oublie pas, lui murmura-t-elle, alors que les gravats produisaient encore un son fort gênant, "A partir de maintenant, tu restes avec moi, mais tu ne m'approche pas, sinon, je te plante ma main dans le plexus en j'en arrache le truc qui te sert de cœur, même si je dois sombrer dans la folie pour ça, c'est compris? Avec moi, mais dans l'ombre…"

Cette voix ne souffrait d'aucune réplique et tel un iceberg; mieux valait ne pas tenter de le briser car la partie émergée cache souvent une immense puissance immergée. Siolith se retourna, son air impassible ne quittant pas son visage, et elle se mit à marcher en direction de la sortie, droit vers Hikari. C'est maintenant que tout se jouait: si elle la suivait, elles partiraient ensemble, si elle s'opposait…
Siolith espérait juste que l'akuhei avait compris le message et qu'il avait choisi de respecter leur "contrat". S'il le faisait, il devait certainement être tapi quelque part puisqu'elle ne le discernait pas dans son champ de vision. Marchant vers la sortie, Siolith n'avait plus le choix: elle quittait Shibusen.

Spoiler:

Que de réponses intéressantes, ça aurait pu être noël pour Siolith qu'elle n'aurait pas espéré meilleures déclarations et actes jusqu'à présent; un akuhei presque docile et une potentielle alliée qui ne rejetait pas son offre alors qu'elle lui proposait ostensiblement quitter Shibusen. Très bien, d'autant plus que Siolith avait ses plans en tête et que ces deux-là deviendraient donc de bons éléments car ils étaient les premiers. Et comme Siolith avait ses principes, tout allié tirerait son épingle du jeu en fin de compte et toute personne l'ayant aidée serait récompensée d'une manière ou d'une autre. La folie douce planait dans les alentours, signalant la proximité effective de l'akuhei, qui se tenait à l'affut d'un quelconque événement. Elle mentirait si elle disait qu'elle avait pleine confiance en quelqu'un qui n'hésitait pas à verser le sang des innocents pour son propre intérêt, mais n'allait-elle pas avoir ce point commun avec lui? En quoi elle-même était-elle un démon? En rien. Siolith était Siolith, un point c'est tout. Même si effectivement l'akuhei pouvait toujours lui bondir dessus pour essayer de l'égorger, il devait se douter que face à deux manieuses, les chances étaient minces de gagner et encore moins de rester discret. Mine de rien, Siolith analysait scrupuleusement les différentes façons possibles de penser de ses interlocuteurs afin de prévoir toujours au mieux les attitudes à adopter ou les gestes à faire.
Hikari avait donc un projet personnel à accomplir avant tout, il était plaisant de savoir que la manieuse la rejoignait pour un but précis, cela voulait dire que tant que cet objectif ne serait pas atteint, elle serait prévisible. L'akuhei était sur ce point beaucoup plus difficile à cerner car l'esprit tordu de ces créatures possédaient tellement de recoins sombres que tenter de déchiffrer leurs actes devenait un véritable casse-tête: soit il la rejoignait pour la tuer, soit pour le plaisir du carnage, soit pour un motif personnel obscur, Siolith n'arrivait pas à voir plus loin.

La manieuse tiqua sur la dernière phrase de sa désormais "camarade"; elle voulait sceller leur accord en partant à la chasse au démon et en disséquant à deux les entrailles de celui qu'elle venait tout juste de libérer? Mauvaise pioche ma chère, parce que Siolith ne voyait pas du tout les choses de cet œil-là. Mieux valait clarifier tout de suite la situation avant que l'affaire ne parte en vinaigre, et la manieuse leva son bras perpendiculairement à son corps, comme pour barrer à Hikari le passage d'une route invisible:

"Je t'arrête tout de suite, cet Akuhei part avec moi, et avec nous si tu décides de venir maintenant avec moi. Je n'ai pas l'intention de tourner plus de temps que nécessaire autour du sujet: il est certes dangereux, mais il a passé un accord avec moi, donc il est intouchable, sauf si bien sûr, quelqu'un prévoit de se battre contre moi.

Dure comme le diamant, sa voix ne souffrait d'aucune réplique; Siolith ne céderait pas un seul pouce à qui voudrait l'empêcher d'accomplir ses plans, dut-elle défendre l'akuhei contre Shinigami lui-même. Par contre elles devaient tout de même faire vite car l'aura de folie de l'akuhei ne tarderai pas à se faire ressentir au-dehors maintenant qu'il étai libre et même si elle était prête à se battre, toute l'école, c'était un menu trop lourd en soi.

"D'ailleurs, tu peux sentir la folie qui se dégage de lui et tu en déduira qu'il est toujours ici non? C'est-à-dire qu'il reste avec moi à partir de maintenant jusqu'à ce que nous soyons sorties de Death City. Je suis son seul billet de sortie et nous le savons tous les trois.

Elle leva les yeux brièvement pour percer l'obscurité au-dessus d'elle, mais il faisait vraiment trop sombre, et à cause des quelques bougies ça et là, les zones d'ombre étaient bien marquées et il était donc très facile de s'y cacher. Siolith n'avait désormais plus besoin de rester ici, puisque son objectif principal était accompli, en plus de quelques autres qui étaient loin d'êtres négligeables, et elle bougea en direction de la sortie, puis gravit les marches menant vers la lumière des lampadaires de l'école. Prochaine étape, traverser la ville avec l'akuhei.

Spoiler:

[HRP : C'est petit mais j'ai rien d'autre à ajouté~, pour moi le rp il est fini donc si vous avez quelque chose à ajouter libre à vous~]