Il n'y a pas si longtemps, mon maître m'a parlé de sa vie de gardien durant sa jeunesse. Elle a radoté tellement de fois ses histoires abracadabrantesques que j'ai finis par y croire en grande partie. De toute façon, je n'ai aucune raison de ne pas la croire, elle ne m'a jamais vraiment menti. Elle m'a juste berné à plusieurs reprises, si ce n'est quasiment tout le temps.
Ce qui m'a pourtant marqué le plus dans ses radotages de vieille truie, est l'accessoire qui l'accompagnait et qu'elle n'arrêtait pas de m'en louer l'utilité. C'est grâce à cet objet d'après elle, qu'elle s'est sortie de pas mal de situation délicates sans problème. L'objet en question est une mallette suisse. Quand on connait les couteaux suisses, une mallette suisse devient beaucoup plus clairement visible dans notre esprit: elle est multi fonction et possède des atouts considérables.
Après maintes aventures excitantes dans tous les coins du globe, mon maître a décidé de se caser pour vivre une vie tranquille dans son trou. Elle a donc vendu la prunelle de ses yeux pour une somme astronomique à un riche banquier sans scrupule *Ils sont toujours sans scrupules j'ai remarqué* et a coulé de jours heureux jusqu'à ce que je débarque dans sa vie.

J'observe depuis un moment le bâtiment en face du nôtre avec des jumelles à vision nocturne. Je n'ai pas quitté ma position depuis une heure au moins, et je suis sûr que ma Chacha doit en avoir marre d'attendre. Même-ci c'est elle qui a insisté pour venir, je crois qu'elle n'a vraiment pas mérité de patienter aussi longtemps.
Pourtant, il est très important que je comprenne le fonctionnement du système de relève des gardes. Je baisse mes jumelles en poussant un soupire *Je crois avoir eu ce que je veux* je quitte donc le bord du bâtiment pour me diriger vers ma sorcière. Nous avons tous les deux beaucoup changé depuis notre dernière rencontre, elle est devenue beaucoup plus sûr d'elle et un tantiné autoritaire, mais je ne peux m'empêcher de l'adorer encore plus.
Je me poste devant elle, mon visage impassible.

"J'ai fini, on va pouvoir commencer. Je sais que j'ai été très long et je m'en excuse."

Je suis froid et distant quand je lui parle, mais il n'en ai rien au fond de moi. Je suis juste comme ça, je ne peux rien y faire. Je ne pense pas que cet attitude presque robotique changera un jour...

Chayana sourit doucement, amusée je crois, puis rabat son châle en me faisant face. Elle sait qu'on va passer une nuit très agitée, agitée comme elle aime: avec beaucoup de sang et beaucoup de morts. Je crois que c'est pour ça qu'elle est venue, m'aider ne doit sûrement pas lui venir à l'esprit. Je remarque amusé qu'elle est simplement habillée, prête pour une infiltration de haute voltige. Mais son éternel châle ne la quitte pas. Je me demande si une canicule peut lui faire quitter ce vêtement. *La faire quitter ses vêtements... Qu'est ce que je raconte!?* Je me bouscule intérieurement pour me forcer à rester concentré.

"Tu me répètes le plan ?"

Je prends une grande inspiration par les narines pour m'aérer un peu et pouvoir parler sans hésiter.

"Le plan est simple: on entre, on prend la marchandise et on ressort. Le tout est d'être efficace et rapide. Que ce soit discret ou pas, je m'en fiche complètement. Le plus important est la mallette, après, on verra. Des questions?"

J'ai parlé d'un trait, sans même faire une seule pause. Elle a déjà entendu ces paroles auparavant, je ne pense pas qu'elle ait besoin que je prenne des gants. En fait, les détails ne viendront qu'au fur et à mesure que les situations se présenteront à nous.

Elle se met soudainement au garde à vous en faisant le salut militaire puis répond:

"Non, chef !"

Je souris intérieurement de cette petite fantasie en me disant qu'elle est vraiment très bizarre. *Je me demande si elle fera l'affaire parce qu'elle a l'air d'être du genre spontané et très éparpillé... Tant pis, il est déjà trop tard, elle est excitée comme tout* Je passe une main dans mes cheveux puis me dirige vers un arbre pour y grimper. Chayana me suit derrière. Au sommet, je l'aide à se placer à mon niveau, aux aguets. Je ne veux pas avoir de mauvaise surprise à cause d'un manque de vigilance de ma part. Je suis toujours sur mes gardes, même caché entre les feuillages et les branchages d'un grand arbre.
Je lève les yeux au ciel et admire les nuages nocturnes qui cachent une partie de la lune, puis porte mon attention sur le toit devant nous que l'on doit accéder en premier lieu. Je vérifie d'abord qu'il n'y a personne, puis saute devant moi et atterris sans problème. Chacha n'a pas l'air d'avoir de difficultés particulières. Je regarde autour de moi et conclus qu'il va falloir trouver un moyen discret d'entrer. Ma sorcière attire mon attention sur la fenêtre juste en- dessous du bord du toit; Je crois que ce n'est pas une mauvaise idée, même-ci je me demande comment elle va l'ouvrir. Je la laisse se glisser vers elle. Un bruit de verre cassé m'apprend qu'elle a trouvé un moyen "discret" d'entrer. Je me laisse tomber puis entre dans le bâtiment avec ma sorcière.

*On est dans les chiottes...* Ce n'est pas que cela me dérange, mais on est carrément à l'opposé de notre cible. J'ouvre silencieusement chaque porte pour m'assurer qu'il n'y a personne, y entre et examine chaque cabine. En sortant de la dernière cabine, je vois ma Chayana se scruter dans le miroir en faisant une moue dégoûtée. *Rhalala les femmes! Ne sait- elle pas qu'elle encore plus belle la nuit?* Elle se tourne alors vers moi.

"Il est temps que la deuxième partie du plan se mette en place. Mais avant tout, il faut que je te prévienne d'un chose: là dehors, ce sera caméras de surveillance et gardes à tous les tournants. Je peux neutraliser les caméras, mais une personne viendra voir ce qui se passe dès que j'aurai détruis trois caméras. En tout cas, c'est ce que je pense. Donc, au bout de la troisième caméras rencontrée, il faudra foncer dans le prochain ascenseur après avoir récupéré une clef possédée par un seul corps de garde et ce n'est pas le plus faible. Il sont cinq mais ont des capacités physiques équivalentes à celles des gardiens. Ils forts en somme. L'un d'eux est dans la salle de surveillance, il faut donc y pénétrer et le tuer ainsi que les surveillants qui l'accompagne avant qu'ils ne déclenchent l'alarme. Est- ce clair?"

Si tout se passe bien, c'est que vraiment on est dans un jeu vidéo très bien ficelé. Je pose ma main sur la poignet de la porte, tournant mon regard vers Chacha attendant une réponse positive. Normalement, il ne devrait y avoir personne pour l'instant, mais dès que l'on aura fait quelques mètres, il devrait y avoir du grabuge. C'est pendant ces quelques mètres de tranquillité que je vais détruire les trois caméras. Parce qu'après, ce ne sera plus la peine de nous cacher.

"Et maintenant ?
- On continue. Ce n'est pas ici que nous trouverons la clef."

Je m'avance vers la porte, pose ma main sur la poignet et fait signe à Chayana de me suivre. Je l'ouvre et m'engouffre dedans. Nous sommes de nouveau dans le couloir. Cette fois- ci, il va falloir être beaucoup plus rapide vu qu'un garde viendra vérifier si tout se passe bien dans la pièce où l'on vient de sortir. Le temps nous est compté dès à présent. Nous sommes finalement obligé de prendre le couloir où il y a la caméra. Je longe le mur pour me placer juste au- dessous d'elle puis coupe le fil fin qui le relie au mur. Normalement, elle est éteinte. *Encore deux*
Je fonce tout bonnement droit devant, suivis de ma sorcière, avec la plus grande discrétion du monde. Au bout du deuxième tournant que nous prenons, à dix mètres de lui, j'entends des bruits de pas. Cependant, je ne me sens pas de m'arrêter d'avancer. Nous allons perdre du temps inutilement. Alors, je ralentis le rythme jusque là puis, subitement, plaque le garde contre un mur, l'assommant au passage. Je dévisse sa tête en un craquement sinistre, laissant le corps sans vie tomber à terre. En regardant mieux, ce n'est pas vraiment contre un mur que je l'ai plaqué, mais une porte. Je l'ouvre et le jette dedans. J'en profite pour neutraliser la caméra que je viens de repérer juste en dessus de ma tête.
Je me tourne vers ma sorcière qui a dû tout voir en souriant de toutes mes dents:

" Je n'avais pas le choix, c'était de la légitime défense."

Puis je reprends mon chemin en espérant que rien de fâcheux n'arrive. Mais je m'arrête subitement. Derrière nous, la porte que l'on vient de quitter tourne sur ses gongs et le garde que j'ai tué apparaît, se tenant la tête entre ses deux mains, la revissant en un autre craquement sinistre. Je perds mon souffle en le voyant faire.

"C'est quoi ce bins?"