Rentré à Sydney après sa mésaventure, Ace en gardait un état lamentable: nausée, migraine, cauchemars, délires, insomnie… il ne pouvait pas admettre qu'il ne connaissait pas sa propre identité et pourtant n'arrivait à trouver d'autre explication à ce qu'il vivait que celle de ne pas être celui que, manifestement, il était. Après quelques semaines d'absentéisme à la salle de musculation, il recevait des visites régulières de ses employés et de ses plus fidèles clients, parmi lesquels se trouvait Paul Gray, une des seules armes démoniaques avec qui il avait un contact régulier. Ce dernier lui avait demandé un service:
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De quoi s'agit-il?-
vu que tu voyages beaucoup en ce moment,-les deux hommes se sentaient si proches qu'un léger lien de fraternité avait rapidement installé le tutoiement entre eux- si tu passe dans le sud-ouest de la Russie, je te note les références du bouquin à la bibliothèque d'Eternal et l'adresse, pourras-tu me l'emprunter? Je le renverrai par la poste.''Dynasties nobles britanniques du XIX
e siècle'' . Le nom ne l'avait pas frappé écrit sur un morceau de Post-it mais alors qu'il tenait l'ouvrage entre ses mains, il ressentait une certaine curiosité à l'égard de l'ouvrage relié de cuir rouge. Avec l'impression de succomber à une tentation dangereuse, il faillit rire de sa propre méfiance, après tout, ce n'est qu'un livre… non? Mais en l'ouvrant, il eut la sensation de tomber dans un piège affreux sans savoir qu'aucune de ses futures actions, y compris celle de s'intéresser à cet ouvrage ne serait sans impact sur sa prochaine mort inévitable. Il s'assit donc dans l'optique de feuilleter quelques instants le livre rouge foncé. Il tomba bientôt dans une lecture intéressée et attentive qui lui fit oublier sa condition et son essence quelques heures durant.
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J'ai besoin de changer d'air… il se peut que je te rapporte ton livre sous peuAvait-il répondu à Paul d'un air rieur, sans même savoir que cette remarque, au même titre que la demande de Paul Gray, ne faisaient que précipiter Squire vers son funeste destin. Puis il s'était rendu compte qu'il comptait vraiment se rendre le plus loin possible de là où il déprimait depuis des semaines. Alorś malgré lui, il fit route vers l'aéroport de Sydney pour atteindre la technopole européenne.
C'est avec stupeur qu'Ace tomba sur un chapitre ''Gray'' dans le livre qu'il étudiait depuis quelques heures. Ça expliquait l'intérêt de Paul pour le texte. Il eut une goutte sueur qui perla sur son front quand il lut dans la partie ''mythes et légendes'' de cette famille (la plus fournie du livre) une description du tiers œil:
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On soupçonnait les Gray de constituer la descendance d'un clan de sorcières qui leur auraient légué une capacité spectaculaire à ouvrir au milieu de leur front, un œil ayant plusieurs utilités appelées stades le premier appelé œil veillant permettait une vision plus aiguë, le second, stade pur, offrait la vision de la véritable essence des hommes rien qu'en... ''
La page d'après était déchirée, ce que regrettait amèrement Squire qui n'avait jamais eu d'explications sur le tiers-œil dont sa découverte avait été totalement instinctive, et aussi parce-que cette page aurait pu intéresser Paul étant donné qu'elle s'était trouvée au milieu de la partie ''surnaturel'' de sa famille avant qu'on ne l'ait arraché soigneusement du livre écarlate. Mais l'intérêt de Ace fut très attisé par la page suivante qui traitait d'un homme dont le croquis représenté à droite semblait avoir été réalisé avec Squire pour modèle. ''
...nie plus volontiers l'existence du héros de Wilde en le faisant passer pour un simple délire d'écrivain romantique homosexuel. -commençait la page suivant celle arrachée, le début de la phrase se trouvait manifestement sur la page déchirée
- De célèbres historien sont pourtant convaincus qu'il a existé un personnage homonyme qui, de par sa réputation et ses agissements aurait attisé l'inspiration de Wilde au point de le convaincre de réaliser son seul roman. Il est plus que probable que sa légende ait été bâtie par le romantique Oscar Wilde sur des bases d'une réputation sulfureuse et, peut être d'une beauté farouche... ''
Le démoniac buzzsaw avait d'office compris qu'il ne s'agissait ni plus ni moins que de son personnage préféré en termes de littérature classique. Le protagoniste (antagoniste) du chef d'œuvre d'un artiste référence du romantisme britannique littéraire au XIX
e siècle: Dorian Gray. Ace avait déjà noté que son ami avait le même patronyme que le personnage dont la beauté devait être prodigieuse selon son mythe, mais jamais n'avait pensé qu'il puisse être son descendant… déjà qu'il n'avait jamais cru à l'existence du jeune objet de tant de fantasmes illicites à leur époque. Mais c'était l'illustration qui le déboussolait réellement car elle était en tout point ressemblante à un portait de Ace.
Décidé à vérifier la véracité des écrits sur le tiers-œil, Ace se couvrit le front pour ouvrir l'œil en toute discrétion, posa le livre dans son rayon et émis à voix basse le souhait d'accéder à un stade différent que celui qu'il avait l'habitude d'atteindre.
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Tiers œil, stade pur: œil animalCet adjectif, ''animal'' n'avait aucun lien avec l'appartenance à la branche animalia de la classification scientifique des espèces mais se réfère à l'âme, ce qui était décris dans le bouquin comme ''véritable essence des hommes'' et cela surpris vivement Ace de constater qu'au travers de son bandeau et dans un rayon de quelques mètres, il ne voyait plus les meubles et les livres grâce à son troisième œil mais uniquement avec ses yeux physiques et naturels. À la place, son œil surnaturel lui offrait la vision de ce que les démons qui tombaient sous ses dents d'acier laissaient derrière eux, mais à l'intérieur des gens. Des âmes saines et vivantes. Elles n'étaient pas du tout identiques les unes des autres mais une sortait du lot par sa différence radicale. Il décida d'aborder l'homme de façon prudente:
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Bonjour, excusez moi, parlez vous anglais? Bien! Pourriez vous m'accompagner dehors une minute, j'ai à vous parler.L'homme suivit Squire avec réticence et lorsqu'il furent dehors le regarda d'un œil méfiant. La scie alluma une cigarette en scrutant la flamme avec effroi et en proposa une à son interlocuteur tout en l'interpellant à nouveau:
Êtes vous au courant que vous êtes différents de tout le commun des mortels?- hRP:
Désolé pour le retard mais j'ai du me résigner à taper un RP sur un portable. Heureusement le prochain si tout de passé bien je le tape sur ordi.