[MISSION] Very bad trip

Lorsqu'elle avait lu "mission demandant un grand esprit critique et de déduction", jamais elle n'aurait pensé sur un truc aussi ignare de sa vie. Les trois hommes qui étaient assis dans le hall, juste ç côté du tableau, attirait à eux les regards de tous les élèves ainsi que les railleries et les moqueries. Au grand jamais elle n'avait pensé qu'il s'agissait de ce que l'un des trois débraillées disait; elle devait les aider à retrouver leurs affaires et leur mémoire après une soirée trop arrosée. En clair, la Shibusen était tombée tellement bas que les missions de rang C devenaient aussi ridicules et simples que des missions de rang D. Elle leva les yeux au ciel, geste qu'elle n'avait pas fait depuis un moment, pour montrer son exaspération. L'ordre de mission était extrêmement implicite, et c'est ce qu'il l'avait prise au piège. A en croire le papier, une intelligence extrême digne d'un champion joueur d'échec était indiqué pour cette mission. Traîner avec ces trois abrutis nuirait à la réputation de n'importe qui rien qu'en se faisant voir à vingt mètres à proximité. Même Shinigami-sama aurait perdu toute crédibilité aux yeux de Siolith si elle l'avait vu fréquenter avec des types pareils. Ils avaient vraiment de la chance qu'elle finissait toujours ce qu'elle avait commencé, même si cela n’était que pour lui déplaire. Ils n'étaient vraiment pas frais, telle une rangée de poissons pêchés déjà pas comestibles, empoisonnés par une substance dangereuse rejetée par un navire au large. Comment avait-elle donc fait pour tomber dans ce pétrin? Tout simplement en prenant une mission qui avait l'air, mais simplement L'AIR intéressante. Grand mal lui en prit puisqu'elle se retrouvait avec trois gars à moitié dans les vapes à supporter. Ils se souvenaient encore où ils s'étaient réveillés, donc l'enquête débuta là-bas, dans une ruelle sombre de Death City, sur le palier d'une maison une peu trop penchée au goût de Siolith. En fait, la maison elle-même ne semblait pas se souvenir de la veille. Si l'aspect intérieur reflétait l'aspect intérieur de son propriétaire, alors ces gars-là avaient vraiment besoin de leur mère. La première chose qu'elle fit, c'est ouvrir la fenêtre car l'endroit empestait une odeur horrible et volatile. Beaucoup de bouteilles traînaient un peu partout, notées "bière", whisky" ou encore "Champagne" ou "Tequila". Des morceaux de citron et d'autres fruits jonchaient le sol comme si un attentat avait eu lieu au beau milieu de la réserve de nourriture et une quantité phénoménale de verre cassé tapissait le sol, menaçant de faire joujou avec ses orteils si jamais elle avait le malheur de poser un pied dessus. Les trois crétins n'osaient évidemment pas entrer puisque même leurs pompes leur manquaient. Elle se mit à maudire Shinigami-sama en le traitant de tous les noms d'oiseau qu'elle avait pu apprendre depuis qu'elle était à Shibusen et malgré ce peu de temps, elle en avait appris déjà quelques jolis! Ils n'avaient pas été les seuls à faire la fête, mais apparemment ils avaient été les trois seuls à se retrouver dans cet état car ils affirmaient qu'ils avaient appelé tout leurs amis présent à la fête et tous leur avait dit la même chose: ils étaient partis vers vingt-trois heures, ce qui laissait tout de même un trou de plus de huit heures dans leur vie! Comment retrouver toutes leurs affaires? La mission s'avérait donc encore plus compliquée que ce qu'elle avait prévu: il allait falloir retracer tout ce qui s'était passé depuis que leurs potes avaient quitté la fête.
Dans ses investigations, elle retrouva leurs chaussures planquées dans le réservoir d'eau des toilettes. Elles étaient remplies d'une substance verte et gluante: du pudding et part n'importe quel pudding... Du pudding de vraiment mauvaise qualité! Il n'y avait qu'un seul magasin à Shibusen qui pouvait vendre une telle horreur et ce fut donc tout naturellement leur prochaine destination. Les trois clampins qui traînaient la patte derrière elle avait un peu moins de raison de se plaindre car ils étaient enfin chaussés et n'avait plus besoin de s'éclater leurs pieds-plats sur la caillasse présente. Barney & Burney, tel était le nom qui était indiqué sur l'enseigne du magasin qui était censé, je dis bien censé, faire et vendre des pâtisseries et confiseries. Elle poussa la porte grinçante de la boutique et s'approcha du comptoir en prenant bien soin de ne rien toucher, histoire de ne pas faire bouger la poussière. Une sonnette sur comptoir permettait de signaler sa présence, mais Siolith n'eut même pas la présence d'esprit de la faire, refusant catégoriquement tout contact physique avec un tel monceau de saletés. Finalement, ce fut le dénommé Michael qui prit la peine de tapoter sur le bout de métal qui émit un son disgracieux à ses oreilles. Un bruit de pas sur le plancher, un grincement, tout indiquait une présence qui venait vers eux. Emergeant de l'arrière-boutique, un homme aussi gros que pouvait le permettre la nature humaine et aussi sale que sa boutique fit lourdement son apparition. Son regard était candide et le sourire déjà présent sur sa face s'élargit lorsqu'il parut reconnaître les trois types dont était accompagnée Siolith. En quelques mots, elle apprit que les trois compères étaient venus la veille assez tard pour faire une rafle sur une grosse quantité de friandises de toutes sortes. N'ayant pas eu les moyens de payer toute la marchandise, ils avaient laissé leurs pantalons en gage. La manieuse eut du mal à en croire ses oreilles; ces trois gars étaient complètement détraqués! Le marchand exigea son argent, mais Siolith coupa court à la discussion en donnant le nom et l'adresse des trois débiteurs et confisqua les habits pour les rendre aux gars.
Avec enfin un truc sur le cul, ils avaient l'air en meilleure forme... C'était à croire que leur cerveau se trouvait dans leur pantalon! Hum...Passons. L'un deux retrouva un papier dans l'une de leurs poches: dessus était marqué "a mes chers tigres, venez donc récupérer vos fourrures", puis une adresse non loin de l'endroit où ils se trouvaient. Tandis que le groupe on ne peut plus insolite parcourait les rues sous le regard effaré des passants qui se demandaient sûrement s'ils n'avaient pas affaire à trois évadés de la prison de Death City. Siolith tentait de garder ses distances en marchant d'un pas pressé devant les trois autres, mais l'un d'eux la rattrapa avec une démarche quelque peu traverse et la remercia pour "tous ses services". Elle ne répondit rien. Elle était payée pour cela et il fallait bien qu'elle paie ses études pour pouvoir espérer progresser en tant que future Shinigami. Elle plaçait la barre très haut pour savoir qu'il lui faudrait toujours sauter plus haut que ce qu'on acceptait de supporter. Elle redeviendrait l'accompagnatrice des âmes coûte que coûte et même si elle ne retrouvait pas sa famille, elle continuerait ici ce qu'elle avait toujours fait jusqu'à ce qu'elle arrive à Shibusen.

Elle ne voulait même pas avoir affaire à la personne qui avait glissé ce message dans la poche du pantalon de l'un des gars. Euh...comment il s'appelait déjà? Un nom bizarre, car cela l'avait marquée... Ah oui voilà, c'était Natael son nom! Autre endroit, autre ambiance. Ils arrivèrent devant une maison qui ne souffrait d'aucune comparaison possible avec la confiserie visitée précédemment. C'était une maison tout simplement magnifique, voilà ce que c'était. Les trois guignols en pantalon en étaient bouche-bée ; c'en était presque indécent d'habiter dans un tel endroit. La Maison Blanche de Washington faisait pâle figure à côté d'une telle merveille. Une façade gigantesque, des colonnes de granit qui supportaient le poids d'un balcon qui devait faire au bas mot cinquante mètres carrés dominé par des statues d'ange admirablement sculptées. Siolith ne broncha pas; la demeure de sa famille était bien plus colossale que celle-là et pouvait accueillir un petit village tout entier si cela s'avérait nécessaire. Mais son lieu d'origine devait maintenant être en ruines, bouffé par le lierre, la mousse et d'autres plantes sauvages. Siolith manipula le lourd anneau de métal accroché à la porte pour en frapper le socle métallique. Étrangement, cela provoqua un son mat et creux, comme si on avait tapé du bois sur du bois. Siolith rangea cette info dans un coin de sa tête et tendit l'oreille pour percevoir un quelconque mouvement derrière la lourde porte en bois massif. Un bruit de talon se rapprochant se fit entendre; quelqu'un approchait. La jeune femme qui leur ouvrit la porte ne montra aucune surprise. Sa peau couleur chocolat s'accordait avec ses ongles et elle portait une magnifique robe bleue. Elle invita les quatre personnes à entrer sans poser plus de questions et les conduisit dans une luxueuse salle à manger. Leurs pas résonnaient dans le grand hall dallé, mais Siolith entendait distinctement ses pas sur une surface boisée. Les trois autres ne parurent pas le remarquer, mais cela rendit Siolith encore plus méfiante qu'avant; quelque chose ne tournait pas rond et elle saurait le fin mot de l'histoire.

L’hôtesse se déplaçait avec souplesse d’une démarche chaloupée, comme un félin… Un félin…Cela était on ne peut plus bizarre. Il n’y avait pas âme qui vive, si j’ose dire, et Siolith se demandait bien comment une seule personne pouvait aussi parfaitement tenir une demeure de cette taille. Elle ne manqua pas de le lui faire remarquer, mais cela n’eut pour réponse qu’un long silence. Qui était cette femme ? Siolith commença alors une sorte d’interrogatoire qui, pour quiconque n’ayant pas le visuel de la pièce, aurait pu penser à un monologue fou. Siolith avait beaucoup de patience, mais le fait que cette personne ne lui réponde pas commençait sérieusement à lui taper sur les nerfs. Au moment où elle se fit servir le thé par cette personne muette comme une tombe, elle ne prit non seulement pas la peine de le boire, mais interdit également aux trois hommes de le boire. Si quelque chose clochait et qu’un ennemi guettait un moment d’inattention ou de relâchement pour frapper, c’était bien entendu dans ces moments-là, quand on s’y attendait le moins, qu’on croyait à un instant de détente alors que ‘autre n’attendait qu’une seule chose : que vous buviez cette tasse afin de vous droguer pour ensuite vous capturer ou pire, vous tuer. Les trois hommes furent alors beaucoup moins détendus que précédemment. Siolith nota aussi que leur "balade" les avait emmenés loin de la Sinusien, et surtout, hors de la ville. Cet endroit était donc totalement découvert, pas sous l'influence et la protection de Shinigami et donc il étaient d'autant plus vulnérables. La femme leur expliqua qu'elle avait été présente à la petite fête, mais qu'étant donné qu'un monde fou s'y trouvait, elle avait proposé à l'un des trois jeune hommes de la retrouver chez elle, là où il y avait moins de bruit. Siolith était on ne peut plus méfiante à son égard, et soudain, elle adopta une attitude presque joyeuse n se levant prestement et en affirmant que rien de ce qu'ils cherchaient était ici. Sans laisser le temps aux trois ahuris d'en placer une, elle les entraîna dans le hall, vers le chemin de la sortie. Cette maison avait quelque chose de pas normal, et sa propriétaire non plus. Ils râlèrent un moment, disant que la manieuse était lourde, rabat-joie et plein d'autres trucs qu'elle n'entendit pas. Ce qu'elle entendit par contre, ce fut un pas résonnant sur un sol creux.
Elle se retourna, et, sentant un mouvement brusque dans son dos, elle leva un cercle devant ses mains pour parer une éventuelle attaque directe, qui eut lieu. Quelque chose de très gros venait de s'écraser contre en provoquant une forte explosion. Aucun doute que ce fut une erreur; c'était elle qui était visée.[/i]

"Je vais te crever! Tu salis ma demeure et tu me pique mon déjeuner!

Siolith ne saisit pas tout, mais assimila déjà l'essentiel: la femme chocolat n'avait pas envie de discuter avec elle de la pluie et du beau temps. Elle approcha ses deux mains l'une de l'autre et prononça une sorte d'incantation que Siolith crut mal comprendre: "Melo, Melo, Melo MELO!"
Entre les mains se forma une grosse boule verte qu'elle lança sur Siolith. A nouveau elle s'écrasa contre la protection de la manieuse. Elle aurait pu être contente de n pas s'être pris cette attaque, mais les réjouissances furent de courte durée. Une présence derrière elle l'alerta et elle se retourna pour se retrouver face à un énorme puma. La femme s'étai transformée en animal féroce et lui montrait maintenant les dents. Profitant de la diversion qu'elle avait occasionné auparavant, elle lui décocha un coup de patte à renverser un cheval et envoya valser Siolith contre un mur. En se relevant, Siolith se dit qu'elle avait un peu trop fait de vols planés ces temps-ci, et surtout dans le décor. Elle esquiva une nouvelle attaque de l'animal et roula en avant car le mur était juste derrière elle et son adversaire prendrai sûrement appui dessus pour revenir à la charge. A son grand étonnement, le puma passa au travers du mur sans y laisser la moindre trace. Passé le moment de stupeur, Siolith eut momentanément le temps de penser à une foule de choses. Une personne humaine pouvant se transformer en animal? Cela ne pouvait être qu'une sorcière! Elle entendit un petit rire lorsqu'elle dit le résultat de son raisonnement à vois haute. N'était-ce donc pas ce qu'elle pensait? Elle n'eut pas le loisir de plus y penser, car une patte velue traversa un pan de mure non-loin d'elle et la percuta à nouveau, l'envoyant au sol. Elle jouait avec elle, c'était évident. Le problème avec les félins, c'était justement qu'ils jouaient avec leur proie avant de les achever quand elles étaient trop épuisées pour les amuser.
Siolith créa deux cercles devant chacune de ses mains et avança doucement. C'est alors qu'une sorte de "trou" attira son regard. Sitôt qu'elle se tournait, ce "trou" disparaissait, mais elle était absolument sûre de cette existence. Tournant alors légèrement sur elle-même, le phénomène se reproduisit, alors qu'elle inclinait un des cercles. A nouveau, le trou se forma, puis il s'agrandit. Siolith voyait du bois au travers. Un éclair de génie lui traversa alors l'esprit: une illusion! Toute la maison n'était qu'une illusion, et la position de son cercle déviait les rayons lumineux de telle façons qu'ils annulaient cette illusion. Elle se promit de s'entraîner à cela dès qu'elle aurait un moment de disponible, car cela serait très utilse contre une certaine personne… Sur le coup, elle se demanda comment un autre élève de la shibusen s'en serait sorti. Orientant alors son dispositif, elle localisa la méchante bébête qui tournait autour d'elle comme si elle n'était qu'un vulgaire casse-croute qu'on mange entre deux faims. Une méthode vraiment incroyable! Elle était sûre que plus tard, elle arriverait à en faire quelque chose de mieux. Son combat contre Gryan lui avait peut-être appris à un peu mieux manier sa longueur d'onde… Qu'importe! L'animal sauta à nouveau en créant une boule verte dans sa gueule, persuadée que Siolith ne la voyait pas. Elle connut un grand désenchantement à l'arrivée, puisque Siolith contra son attaque pour lui refiler un coup de poing renforcé de plusieurs cercles. Couinant, elle tomba pour se relever, et l'illusion commença à se désagréger. La vérité fut alors tout autre que l'image fabriquée de tout pièce: C'était une vieille, apparemment trèèèès vieille demeure et qui avait semble-t-il déjà été utilisée. Chose très étrange, Siolith sentait une âme, mais la puissance n'était pas très grande dans le sens où il n'y avait pas eu un gros dégagement de grandeur d'âme comme lors de la libération d'un Soul Protect. Ce puma…était donc un puma! Logique déduction: un Dôkeru! Un animal pouvant se transformer en humain, ou humaine dans son cas! Elle ne savait pas si les trois gars regardaient de là où ils étaient, mais ils seraient dégoûtés à l'idée même de penser servir de dîner à quelqu'un.
L'illusion se leva totalement, puisqu'apparemment sans effet, et le puma gisait, tel un tapis d'orient, sur le sol. Le combat avait tourné court, et Siolith supposait que son adversaire en était à son premier coup et qu'elle ne s'était pas encore nourrie d'âmes humaines, comme elle projetait sûrement de le faire. Tuer une âme pure n'étant pas dans ses cordes, elle laissa la Dôkeru et inspecta le manoir redevenu taudis de bois, de bric et de broc. Elle trouva rapidement un coffre qui contenait les pulls de ses "client". Au début, elle demanda gentiment ce que son adversaire comptait en faire, mais comme elle se refusait à y répondre, Siolith la "malmena" un peu. Elle la ~~censuré~~, puis la ~~censuré~~, ce qui eut pour effet de lui délier rapidement la langue. Elle avait été engagée par quelqu'un dont elle ne connaissait ni le nom, ni le visage pour attirer et tuer les trois hommes à cet endroit. Une fois qu'elle les aurait tué, elle devait donner les âmes et aurait le droit de prendre leur viande. La manieuse laissa retomber sa victime. La pensée des gens était embrouillée lorsqu'ils agissaient sous l'effet de l'appât du gain. Elle rapporta les habits aux trois gars qui étaient finalement restés assis dehors, à regarder d'un air totalement stupide la ruine qui avait été une magnifique demeure quelques minutes plus tôt et qui avait retrouvé sa vraie forme.

Qui avait bien pu passer un marché avec cette créature pour avoir l'intention de perpétrer de tels actes? Manger les âmes d'humains était déjà la preuve d'une inconscience, ou bien d'un défi lancé contre la Sinusien. Quelqu'un rassemblait des âmes dans un but précis, et elle avait trouvé l'une des nombreuses ramifications du système. Qui était derrière tout cela? Etait-ce un groupe organisé ou bien simplement une lubie solitaire d'un esprit malade et dérangé? Avaler les âmes des gens purs conduisait invariablement à la naissance d'un pré-démon, puis ensuite d'un démon lorsqu'ils en avaient assimilé assez. Ces individus devenaient alors de dangereuses créatures empreintes de peur et de folie… Elle savait de quoi elle parlait, puisqu'elle s'était déjà retrouvée face à l'un d'entre eux….

Ce fut avec ses doutes qu'elle composa le numéro de la Death room pour prévenir Shinigami-sama que sa mission était à nouveau un succès.