Pour une fois, le réveil ne fut pas brutal, ou plutôt il le fut bien moins qu'avant. J'avais brusquement ouvert les yeux, mais ma tête se trouvait encore sur le coussin qui soutenait mon crâne. Je me relevais tranquillement et j'analysais mon propre corps : Aucune trace de sueur, pas la moindre transpiration et je ne tremblais pas. Était-ce un bon ou un mauvais signe ? Car ce genre de cas voulait dire deux choses : Soit je commençais à mieux résister à sa présence, soit il m'avait tellement corrompu que ma peur laissait place à son esclavage. Je ne savais pas quoi penser de tout ça, je ne me souvenais même plus de mon rêve de cette nuit-là, s'était-il passé quelque-chose ? J'étais dans l'ignorance la plus totale... Enfin bref, pour le moment, je me sentais plutôt bien, comme si j'étais apaisé, autant en profiter ! Je me levais de mon lit et j'enfilais une tunique faite en lin noir, elle n'avait pas de manche et elle m'arrivais jusqu'au niveau des rotules. J'attrapais le pantalon, également en lin et teint en noir, et une hésitation m'empêcha de faire un quelconque autre mouvement. J'avais une sorte de pressentiment, une sorte de voix intérieure me hurlait de ne pas enfiler de chaussures au pieds... Était-ce ma propre voix que j'entendais ? Ou la sienne ? Peu importe, je sentais que je n'arriverais jamais à agripper une seule paire avec cette sensation-là. J'avais l'impression que je commençais à devenir plus négligeant sur ma tenue vestimentaire... Peut-être à cause du changement de saison qui approchait ? Vas savoir... Je quittais les dortoirs pour garçons et lorsque je passais devant une salle de cour, je regardais l'horloge qui affichait qu'il était dix heures du matin. Tant que ça ?! D'habitude je me levais très tôt, pas étonnant qu'il y ait autant de lumière qui filtraient par delà les fenêtres de l'académie. Je me dirigeais alors vers le hall des missions, je me sentais plutôt bien aujourd'hui, autant en profiter un maximum avant qu'il n'y aie du changement. Je fixais un bon moment le tableau, baladant mes yeux sur chacun des post-its accrochés, lorsque soudain, mes yeux se portèrent tout seul sur l'extrémité inférieure droite du tableau, indiquant une mission très étrange... D'après le papier, il y aurait eu une vague de meurtre dans une petite ville d'Afrique dont je n'arrivais même pas à lire correctement, et que l'usine aurait récemment eu un défaut de fonctionnement. Effectivement, c'était plutôt louche, mais il ne s'agissait peut-être pas de pré-démons. Enfin, pré-démon ou pas, cette mission me tentait beaucoup. Je me dirigeais alors à nouveau vers les dortoirs pour garçons et je me plaçais devant le lit de Tablen, mon partenaire d'arme, qui pionçait encore à poings fermés. Je tendis mon index jusqu'à toucher le front de mon arme dormante et je lui envoya une petite décharge aussi forte qu'une pichenette à l'aide de mon Ragnarok, histoire qu'il se réveille efficacement.

« Allez, réveilles-toi, j'ai trouvé une bonne mission pour tout les deux, vas te préparer, je t'attends à l'entrée. »

Suivant mes propres mots, je me dirigeais vers l'entrée de Shibusen et je m'assieds sur l'une des marches de pierre. Quelques minutes plus tard, voyant que Tablen était fin prêt, je me relevais et nous étions partis pour l'Afrique ! Nous avons prit le bateau et nous sommes arrivés à destination après une bonne heure de voyage. D'après les informations de la mission, le village ne se trouvait pas très loin du port, il ne nous restais donc plus qu'à marcher. Un petit panneau nous indiquèrent que nous étions finalement entrés dans le village dit "attaqué". Il y avait peu de monde dans les rues, pas étonnant après cette vague de meurtre qu'il y à eu, les gens se méfient et restent cloitrés chez eux. Au loin, on voyait de grandes tours, ou plutôt des cheminées. C'était probablement l'usine dont il était question. Pas la peine de s'attarder sur le village pour interroger les témoins, tout du moins si il s'agissait de l'œuvre de pré-démons. Par chance, une Écurie juste à côté de l'entrée du village était encore ouverte, je décidais donc de louer deux chevaux et de mettre ça sur le compte de Shibusen. Ils étaient tout les deux bruns. Lorsque les selles furent sanglées, Tablen et moi montèrent sur nos montures respectives et nous galopèrent jusqu'à l'usine pendant cinq longues minutes. Lorsque le portail nous barraient le chemin, nous descendirent de nos chevaux et les attachèrent juste à côté, pour qu'on puisse les utiliser à nouveau pour le retour. Lorsque je me plaçais devant les barres de métal, mon regard se porta sur la serrure : Elle avait été violemment forcée. Avant d'entrer, il fallait que je vérifie. Je fermais les yeux, plongeant dans les ténèbres. Quelques lumières apparurent. Il y en avait toute une population derrière-moi, représentant les villageois. Par chance ; aucun pré-démon parmi eux. Je me tournais vers l'usine et je vis quelques lumières rouges un peu éparpillées. 1... 2... 3... 4 ! Il y avait quatre Akuheis là-dedans.

« Ils sont quatre. Le premier est dans l'aile droite, au rez-de-chaussée. Le deuxième est dans une salle des machines, au fond de l'établissement, sur le coin supérieur gauche, au sous-sol. Le troisième est au quatrième étage, au centre de l'usine. Le dernier est sur le toit. »

Je rouvrais les yeux et je tournais la tête vers mon partenaire.

« Sur le plan stratégique, tu es meilleur que moi, tu as un plan ou on y va tête baissée ? »

J'avais à peine fini de poser la question que mon partenaire entra dans une profonde réflexion. A un tel point qu'il se mit à genou au bout d'une bonne minute. Pendant que Tablen réfléchissait, je vérifiais que les pré-démons aient gardés leurs positions. Je remarquais alors un petit détail étonnant : La lumière rougeâtre qui émanait de leurs âmes s'arrêtaient brusquement par endroit, créant des contours et des formes. Était-ce leur enveloppe corporelle ? Ça y ressemblait tout du moins. Je les voyais faire les cents pas, comme si ils attendaient quelque-chose. En y repensant, j'avais rarement vu quatre Akuheis côtes à côtes. La plupart du temps, ils étaient indépendants et travaillaient en solitaire. Y aurait-il quelqu'un qui tirerait les ficelles ? Une entité qui les dirigerait ? Une sorte de secousse frappa mon thorax de plein fouet, comme si mon âme avait arrêté de respirer pendant une seconde. Le coup m'avait tellement surprit que j'avais ouvert les yeux. Je me tournais alors vers Tablen. Il ouvrit alors brusquement les yeux : Sont plan était prêt.

« Nous allons jouer sur ta souplesse et mon agilité. En un bond, nous allons tenter d'atteindre le toit. L'effet de surprise te permettra de le couper en deux en vitesse. Tu peux utiliser l'Onda di Lama, l'attaque n'en sera que plus rapide. Si on n'arrive pas à le tuer en un coup, il faudra t'en débarrasser rapidement. Puis nous prendrons l'escalier qui donne sur le toit pour descendre au 4° étage. De là on utilisera la technique de résonance. Pour tuer celui là, nous utiliserons la capacité spécial de la technique pour le trancher en deux de deux cotés. Il devrait être trop surpris pour esquiver. Sinon après avoir récupéré les deux lames, tu le détruis comme tu sais si bien le faire. N'oublie pas Tsu', tu dois faire tout cela dans la discrétion la plus totale ! Je compte sur toi. Je sais que maintenant plus rien ne peux nous échapper. »

En voilà de belles paroles dans sa dernière phrase. Je sentais la puissance monter dans chacune des fibres de mon corps. Quelle sensation agréable, comme si j'étais une entité intouchable, que rien ne pouvait atteindre. C'est alors qu'en repassant ses paroles dans mon esprit, un petit détail que j'avais manqué me frappa de plein fouet : Sauter sur le toit en un seul bond ?! C'était possible ça ?! Je regardais la hauteur qui séparait le toit du sol. A vue de nez, il devait y avoir une bonne centaine de mètres de distance ! Comment voulait-il que j'atteigne cette distance rien qu'en sautant ?! Quoi que... Ah je vois, je devais utiliser ma propre longueur d'onde sur mes jambes. Vu sous cet angle, cela semblait possible. Je tendis alors le bras pour réceptionner Tablen qui avait prit sa forme de sabre par le manche. Je concentrais toute ma longueur d'onde sous mes pieds, exerçant le plus de pression possible. Je pliais mes jambes et lâche tout d'un coup. J'avais l'impression de voler, comme si le ciel m'attirait dans sa voute céleste. En même pas quelques secondes, je me trouvais déjà au dessus du toit, je voyais ma cible : Un pré-démon, une jeune femme aux longs cheveux noirs de jais, un pull avec des lignes noires et blanches. Elle remarqua ma présence. Trop tard. Ma paume se trouvait devant son visage et je lui envoya l'Onda di Lama, son corps s'éparpilla en milliers de morceaux avant de disparaitre dans le néant. Au suivant !
Je franchis la porte qui menait aux escaliers. Je les descendis le plus discrètement possible jusqu'à arriver au 4ème étage ou se trouvait le deuxième Akuhei. Je plaquais mon dos contre un mur et posa mon regard sur le pré-démon : Un grand homme, très baraqué, des cheveux bruns rabattus vers l'arrière, un T-shirt blanc aux manches déchirés et il avait la peau grise. Je fixais mon partenaire du bout de sa lame, lui annonçant de se préparer pour la Résonance des Âmes. Je me tournais vers mon ennemi, les deux mains sur la manche de mon arme. Sans un mot, le vent s'éleva de mes pieds et le sabre s'illumina d'une grande lumière jaune. L'Akuhei se retourna et remarqua ma présence. Je tendis mon bras devant moi, lâchant la poignée de mon sabre qui se mit à tourner sur lui même à une vitesse phénoménale. Le pré-démon chargeait vers moi. J'agrippais la double lame pour cesser son mouvement. Il se rapprochait. Je séparais mon arme en deux lames : Une blanche comme la neige, une noire de jais. Il était en face de moi. Je lâchais mes poignées. Son poing allait frapper mon crâne. Raté. Je me retrouvais juste derrière lui, je lui lançais le sabre blanc, puis le noir. Ils le tranchèrent et revinrent comme des boomerangs vers moi, tranchant à nouveau l'Akuhei. Je rattrapais les poignées de mes lames jumelles et donna le coup de grâce au pré-démon en faisant un petit bond et le décapitant. Son corps se transforma en lambeaux noirs et disparurent à leurs tours dans le néant. Les lames sœurs ne refirent qu'une seule lame dans ma main droite. Je regardais ma main libre pendant un bon moment.

« Je ne comprend pas... J'ai l'impression que c'est presque... Trop facile... »

Nous étions sur le toit. Le ciel était d'un bleu éclatant, laissant traverser quelques rares nuages blancs. Mais je n'avais pas vraiment le temps d'observer la voute céleste qui se trouvait au dessus de nos têtes, quelque-chose de plus important se trouvait devant moi. Deux Akuheis. Ils étaient même jumeaux, se ressemblant comme deux gouttes d'eaux. Je pensais que cela venait du manque d'éclairage, mais ils avaient bel et bien la peau noircie, voir grise. Ils avaient des cheveux marrons complètements ébouriffés, la même tenue avec des lignes horizontales noires et blanches, à croire qu'ils sortaient tous d'une prison. Les deux portaient des griffes artificielles qu'ils portaient dans leurs mains.

« Tsu je suis prêt ! Allons-y ! Montrons leur ! »
« Résonance des Âmes ! »

Je tendais mon bras devant-moi, lâchant l'arme qui se mit à tourner sur elle-même dans une lumière jaune éclatante. J'agrippais la poignée pour la stopper net et la sépara en deux pour former mes deux lames monochromes. Il les retournèrent pour avoir les lames le long du bras qu'il plaça parallèlement devant son torse, de façon horizontale. Les deux Akuheis voulurent attaquer. L'un fit une trajectoire en demi-cercle vers la droite, l'autre le suivant de façon symétrique. Je parais les deux lames avec les miennes et je fis un bond en me servant de ma longueur d'onde. Il envoya le sabre blanc comme un boomerang sur l'un des deux pré-démons et utilisa son Fenrir Pernas pour empaler le second avec la lame noire. Le second Akuhei avait esquivé la lame et je la fit revenir à l'aide de ma longueur d'onde. L'ennemi ramassa la dague de son ancien camarade, sans réaction, et les tenaient le long de ses bras.

Pourquoi vous nous faites ça, maitre ?

Je me redressais, tétanisé. Cette voix... Je l'entendais dans ma tête... D'où venait-elle ?! Pas de lui, jamais il ne m'avait parlé, et jamais il ne m'appellerais "maitre". Je ne comprenais pas ce qu'il venait de se passer, lorsque soudain l'Akuhei chargea sur moi pour me porter une attaque verticale. Je parais avec ma lame noire.

Je vous en prie... Maitre...

C'était lui ! Celui qui me parlait dans ma tête était le pré-démon qui se trouvait en face de moi ! Je le repoussais d'un violent coup de pied dans le ventre et sauta sur lui, hurlant de rage, et lui empala la lame noire entre les deux yeux. Il se releva et le corps disparu en lambeaux noirs avant de laisser apparaitre une âme rouge. J'étais exténué, mon adrénaline avait grimpé d'un seul coup. Je relâchais tout mes muscles, ce qui a eu pour conséquence de désactiver la résonance des âmes et failli tomber dans les vapes. J'avais l'impression que ma tête allait exploser. Les akuheis pouvaient me parler maintenant ? Ça craint, j'étais dans une situation critique... Je me demande si je ne devrais pas en parler à Shinigami. De toute façon, il ne se doutera pas que je fais également parti du clan adverse, même si c'était une infiltration.

« Tablen... Quand on sera rentré... J'aimerais que tu m'accompagnes jusqu'à la Death Room, voir Shinigami-sama... J'ai quelque-chose à lui dire, qu'il faudra que je te dise aussi... »