Siolith était fatiguée, ses pensées n'arrivaient plus à se préciser, sa tête avait perdu une perception qu'elle tenait de sa famille depuis sa naissance. Sa mémoire s'envolait et elle commençait à oublier les visage, à oblitérer son passé. Qu'allait-elle devenir après cela? Elle avait peur de savoir ce qu'elle-même était capable de faire, alors laisser quelqu'un d'autre prendre l'avantage était tout bonnement insupportable. Donc nécessaire. Ce doigt qui grattait dans son cerveau depuis si longtemps posait maintenant ses quatre autres doigts sur sa tête, prenant entre ses griffes la matière grise et la broyant impitoyablement.
Siolith eut un hoquet de douleur, tombant à genoux, et une nausée la secouant, lui faisant cracher un liquide sombre et rouge. Son corps entier se révoltait contre cette atteinte de son intégrité, tentant de refouler cette présence qui envahissait progressivement chaque membre, chaque parcelle de sa peau. Une nouvelle nausée, et cette fois-ci, son regard se brouilla, et le monde se teinta de rouge, tandis que le liquide vital coulait de sa bouche, s'enfuyait de son nezet sortait de ses oreilles. A la surface de sa peau, les craquelures qui ressemblaient à un tatouage raté s'agrandirent, révélant des crevasses de chair à vif parcourant tout son côté gauche, remontant cette fois pour de bon dans la figure, déchirant la pâleur blanche de sa peau.
La souffrance physique n'était rien, car son sang lui-même était source de souffrance, mais cet envahissement était comme la naissance d'un nouvel être sous la peau d'un autre. Comme si un parasite rongeait progressivement Siolith de l'intérieur pour finalement grandir et la faire exploser comme une pastèque trop mûre.

Un éclair de douleur et sa vision se noircit.

Elle se réveilla dans un environnement étranger, quelques chose de totalement étranger, mais familier aussi. Du blanc, à perte de vue, une infinité de blanc, une prison à la fois vaste mais limitée. Inutile de chercher à s'orienter, la vision ne pouvait déterminer de distance puisque l'étendue était tellement gigantesque que le regard se perdait. Inutile de savoir s'il y avait un plafond ou si le ciel était quelque part en haut, la blancheur était égale en tous points. Peut-être était-elle dans un espace si grand qu'essayer d'en atteindre les limites était impossible. Siolith se releva: la douleur n'était plus, et elle se mit à marcher droit devant elle, constatant que ses pieds laissaient de petites traces dans la poussière blanche qui constituait le sol. Un chuchotement lui parvint aux oreilles, à moins que ce soit un hurlement lointain. Elle se dirigea vers le bruit, en prenant soin de garder un cap défini, mais peu de temps après avoir fait son chemin, elle croisa des traces de pas perpendiculaires aux siens. Elle jeta un rapide regard autour d'elle, mais il n'y avait personne et prit donc la décision de suivre les traces de pas. Elle marcha à nouveau tout droit en prenant garde à marcher dans les traces précédentes afin de ne pas perdre le chemin. Ses yeux s'agrandirent lorsque les traces en croisèrent d'autres, perpendiculairement, exactement pareilles à celles qu'elle avait vues auparavant.
Inutile de se poser des questions très longtemps: elle avait, malgré ses précautions, tourné en rond et marché dans ses propres traces de pas. Ce lieu était-il tellement grand que dévier son chemin de quelques centimètres conduirait inévitablement à tourner en rond?

Elle étai accroupie au croisement des traces de pas et lorsqu'elle se redressa, une autre fille lui faisait face, le visage horriblement mutilé sur la côté gauche, une bouche qui s'étirait dans un sourire macabre jusqu'au oreilles et un regard fou. Le temps de surprise passé, elle s'était volatilisée, et Siolith restait ainsi, bouche-bée et figée comme une statue. Qui? Comment? Où? Ces questions l'assaillirent toutes à la fois, sans qu'elle ne puisse répondre à une seule avec un semblant de logique.
Où était-elle d'abord?

Un rire interrompit sa pensée et elle se précipita vers le son qui semblait s'éloigner au fur et à mesure qu'elle s'avançait. Fatiguée, elle se remit à marcher dans la direction du bruit. Elle marcha un temps incalculable et lorsqu'elle pensait être complètement perdue, elle retomba à nouveau sur ses traces de pas. Une tâche rouge tranchait avec la blancheur du sol. Siolith se baissa et mit le doigt dedans pour le porter à son nez: du sang. Elle se releva et elle capta un mouvement du coin de l'œil. Se retournant brusquement, elle tomba nez à nez avec une bouche arborant un sourire renversé: la même fille que tout à l'heure, mais tout son corps était renversé, la taille disparaissant dans un amas blanc. Le plafond était-il si bas, ou bien une illusion abusait sa perception de l'espace?

Lorsqu'elle ouvrit la bouche, se fut pour hurler un rire strident et grotesque à la face de la manieuse, qui dût se couvrir les oreilles pour étouffer le bruit qui lui déchirait les tympans. Le bruit s'estompa, et Siolith leva la tête pour constater que deux yeux noirs et rouges étaient perchés en hauteur et la scrutaient, un plissement dans leur coin donnait l'impression qu'ils se moquaient d'elle. Une voix s'éleva, qui en ce monde paraissait irréelle:

" Tu n'as pas pu te débarrasser de moi par la ruse, ma petite Muzaï. Tu es faible, et même malgré le semblant de force que tu possèdes, tu n'es pas assez forte pour me vaincre.
Je suis ta haine, je suis ta colère. Je suis tes sourires et tes rires, je suis ta peur et ton courage. Je suis ta douleur, ta chair et ton sang.

Les yeux s'agrandirent et un vent apportant une odeur fétide chassa la poussière blanche qui recouvrait le sol, ainsi que la lumière de l'espace. Le sol était mou et chaud, comme vivant, des veines le traversant, pulsant comme si un géant tapait du tambour. Les mots sonnaient à ses oreilles comme une incantation mauvaise:

"Je suis ton amour, je suis ton espoir et ton désespoir. Je suis ta souffrance, je suis ta peau, je suis tes yeux et tes oreilles. J'entend les mots de ta bouche, mais je me tais.

Le bruit devenait insupportable, un rythme qui augmentait avec la cadence des paroles, qui frappait ses oreilles avec la force d'un marteau qui frappe l'enclume. Elle se mit à courir pour échapper à ce bruit, mais rien n'y faisait. Ses mains couvrirent ses oreilles, mais le son parut amplifié. Rien n'avait d'effet contre cela, rien d'humain en tout cas et rien qu'elle-même ne pouvait accomplir. Le bruit était là, tout simplement, et il grandissait au fur et à mesure que la voix criait sa litanie déchirante.

"Je n'ai pas de forme, mais tu es la mienne, mon esprit est le tien! Je suis ton dégoût, ton insanité et ton innocence. Tout ce que tu n'es pas, je le suis Siolith!

Ses jambes lui faisaient mal, mais elle courait toujours, jusqu'à apercevoir une lumière, comme si on lui faisait signe d'aller par là. Fuyant la voix et la torture qu'elle provoquait elle mit toutes ses forces pour parvenir à proximité de cette lumière. C'était une porte ouverte qui produisait cette lumière.

"Siolith, ne me fuie pas, je suis ce que tu n'as jamais pu montrer aux autres. Je suis tes sentiments.
Ses tympans vrillaient et elle avait l'impression que sa tête allait éclater. Elle passa le pas de la porte et dans la lumière, elle distingua l'autre côté de la porte: c'était une chambre, mais pas n'importe laquelle, car elle connaissait cette chambre. Il était d'ailleurs impossible qu'elle soit là, car elle était dans la chambre qui l'avait vu grandir pendant des années et des années, au manoir, en plein milieu des campagnes reculées du Japon. Elle se retourna, et la fille était là, mais elle ne souriait plus et Siolith fut frappée par son apparence: c'était…

"Je suis toi."

La porte fut poussée et claqua avec le grincement d'une porte de prison, avant qu'elle n'ait pu faire un geste dans cette direction.

Le claquement lui rouvrit les yeux: elle était allongée, là, dans son petit lieu de paix qu'elle avait choisi avec Adrix pour la discrétion qu'il offrait. Elle se releva précautionneusement, mais rien, aucune douleur, aucune gêne. Un sourire lui fendit alors le visage, donnant l'illusion qu'il se coupait presque en deux: elle avait réussi, elle s'était débarrassée de l'autre. La joie se lisait sur son visage et elle se dirigea vers Adrix, qu'elle savait non loin de là. L'herbe déssécha instantanément sur son passage, et ses habits n'avaient plus rien de blanc: ils étaient déchirés, noirs et teintés de rouge.

Il dormait, ou il faisait semblant, peu importait. Elle passa la main sur le visage de l'akuhei sans que rien de notable ne se passe. Elle le saisait alors au cou et entraîna sa longueur d'onde de son intérieur, vers son bras pour la faire passer dans le corps d'Adrix.

"Il est l'heure Adrix, elle a perdu. Nous allons pouvoir fêter notre union dignement maintenant qu'elle ne peut plus s'y opposer.

J'ai tué Siolith

Je suis Alma.

Elle l'embrassa, la folie les submergeant tous deux.

Le ciel était noir. Aucune étoile, pas de lune, rien. Que du vide. Le néant. Rien. Devant, une grande plaine à l'herbe d'un vert éclatant, pur. Tout est si clair, comme s'il faisait jour... mais le ciel est vide. Au centre de la plaine, une immense créature de flammes. Un cor retentit au loin, une armée arrive de l'est. Les chevaux font vibrer la terre, les hommes crient, les lames sifflent et le métal produit des cliquetis. La créature a peur, elle recule mais l'armée la rattrape. Elle hurle, le son couche l'herbe de la plaine entière et force Themis à s'agenouiller sous la douleur imposée à ses tympans. l'armée continue, attaque la créature incomprise qui ne cherche qu'à s'enfuir. Elle crie à nouveau, Themis est à l'agonie. Les flammes de la bête commencent à engloutir l'armée, elle réplique et se défend. Les hommes brûlent, les chevaux immolent, le métal fond... La créature hurle à nouveau. Un cri de rage cette fois qui fait sombrer Themis dans l'inconscience. Elle se relève, regarde autour d'elle. la plaine est noire de cendres, certains gémissements d'agonie transpercent le silence. Themis se retourne lentement et son regard croise deux immenses yeux rouges à l'intérieur des flammes. Les yeux la transpercent, lui donnent froid et lui donnent envie de pleurer. Les flammes lèchent sa robe, sa peau, ses cheveux, mais elle ne brûle pas. Elle pose ses mains sur la bête et regarde au plus profond d'elle. Mais soudainement, la créature crie à nouveau et Themis se met à souffrir. Son sang s'évapore dans ses veines, ses yeux bouillent, ses poumons sèchent, elle veut crier mais rien ne sort de sa bouche. La souffrance est telle qu'elle pense mourir. Pourtant sa peau, ses cheveux et sa robe gardent leur teinte de neige pure. Son estomac prend feu, sa langue semble n'être plus que cendres, son squelette lui donne l'impression d'être fait d'acier chauffé à blanc. La créature ne bouge pas, ne fait que la fixer, un air moqueur au visage. Themis prend finalement feu. Son corps est parcouru de flammes bleues, vertes et rouges. La bête ouvre une bouche qui semble être une fissure dans sa masse enflammée qui entoure du néant, de l'oubli, des souvenirs oubliés, et avale Themis d'un coup.

Themis se réveille en sursaut, cherchant sont souffle, couverte de sueur. Un pincement de douleur extirpe un gémissement de sa bouche. Elle ouvre la main et sent, au centre de sa paume brûlée une fiole. La fiole que sa soeur lui avait donné. Pourquoi lui brûlait-elle la peau? Dans un spasme de douleur, Themis lança la fiole contre le mur et les multiples tintement lui firent savoir qu'elle l'avait brisée. L'Inquisitrice sortit de son lit et s'approcha de la zone d'impact. Elle toucha l'un des morceau de verre et celui-ci était froid... par contre elle ressentait quelque chose... Sa main glissa sur le bois du plancher et entra en contact avec une matière filamenteuse qui envoya un choc de douleur dans sa main qui remonta jusqu'au plus profond d'elle même. Elle empoigna la chose, ignorant la douleur qu'elle lui infligeait. Cette texture, cette sensation... c'était une mèche de cheveux... mais cette odeur, ce sentiment... une mèche des cheveux de sa soeur aînée... cette douleur, cette aura maléfique...

"Lorsque le pétale fanera..."

Themis se leva, enfila sa robe, qui est d'une telle complexité que c'est à se demander comment elle a réussit à le faire si facilement, prit les deux choses qui faisaient d'elle l'Inquisitrice de la famille Kunan et sortit de la maisonnette appartenant au clan.

Elle courrait, son regard fixé sur un point imaginaire, faisant moins de bruit qu'un murmure, une ombre blanche glissant à travers les arbres sans s'arrêter. Son visage était une expression mêlée de rage et d'inquiétude. Sa main à la peau brûlée était pour elle un appel à l'aide de sa soeur. Quelque chose était arrivé à Siolith. Quelque chose de grave. Quelque chose d'impardonnable que seul Themis pouvait défaire. L'émotion qu'elle avait ressentie dans la mèche de cheveux... Ses dents étaient si serrées qu'on aurait dit qu'elles auraient pu exploser d'une seconde à l'autre. Elle se déplaçait avec aisance, courant et sautant entre les arbres et les racines, sachant exactement où elle allait sans vraiment vouloir y être. C'était son devoir en tant qu'Inquisitrice de protéger la Leader de la famille et s'assurer qu'elle agisse dans les règles et les commandements de la famille... mais c'était aussi son devoir en tant que soeur de protéger la personne qui lui était la plus chère. Courir pendant plus d'une heure, sans même montrer un simple signe de fatigue, c'était là la détermination de Themis. Son intuition avait toujours raison mais elle espérait que cette fois-ci, de tout son coeur, de toute son âme, priait pour que son intuition et ses craintes soient fausses.

Elle n'était plus très loin. Elle ressentait les trois âmes. Des larmes coulaient à flots sur ses joues mais son visage gardait cette expression froide et sérieuse propre aux Kunans. Son estomac était noué, ses poumons semblaient se compresser et son coeur était déchiré mais elle continuait à courir, gardant toujours son visage de marbre. Elle prit un solide appui sur une souche, bondit sur une solide branche basse et s'en servit comme tremplin pour se propulser au centre du lieu de rencontres. Sa lame sifflait dans les airs, tenue au dessus de la tête de Themis par ses deux mains, la balance accrochée à sa ceinture cliquetait, une petit sphère bleutée lévitant lentement au dessus d'un des plateaux... Le cri du coeur, de rage, de désespoir, d'amour et de haine brisa le silence comme un coup de marteau dans un miroir.

"SIOLITH!"

L'épée fendit l'air et fut bloquée par quelque chose. Themis toucha le sol et fit un bond vers l'arrière, en garde. Un ruban blanc couvrait ses yeux. Ruban sous lequel passait deux traînés au bout desquelles perlaient deux larmes...

Tandis que Siolith affrontait ses propres démons intérieurs dans une lutte acharnée, la Chaîne Damnée, de son côté, observait simplement le ciel. Allongé dans l'herbe, les mains croisées derrière la tête, il contemplait cette infinité de petits points lumineux. Il avait toujours bien aimé la nuit. Il l'appréciait non pas pour son calme apaisant, ni pour une quelconque raison philosophique, mais simplement parce qu'il avait remarqué que piller les fast food étaient moins compliqué lorsqu'il n'y avait personne à l'intérieur pour surveiller le garde-manger.
Aussi loin que pouvait remonter sa mémoire limitée, il avait toujours mené une vie de fugitif, pourchassé tantôt par les forces de l'ordre, tantôt par Shibusen, et de fait, il ne dormait qu'assez peu. Et lorsqu'enfin il se laissait glisser dans le pays des songes, ses rêves n'étaient que des légions de cauchemars grimaçants, déformés par la démence qui parasitait son esprit. Une insomnie poussive qui n'arrangeait en rien ses problèmes mentaux, ni son instabilité.
Aussi, lorsqu'il avait le temps de souffler, se contentait-il souvent de rester plantée là et d'attendre que le temps passe pendant qu son imagination dérangée dérivait sur tout et n'importe quoi. Un de ses jeux favoris était de deviner des formes dans le tracé des étoiles.

*Tiens, si je relie, ça, ça et le groupe là bas ca fait un jambon non ?*

*Tu vois TOUJOURS des jambons de toute façon !*

Mais ce soir là, c'était différent. Il n'était pas sortit cambrioler un restaurant ni commettre un quelconque carnage inutile, et surtout, il n'était pas seul. Non loin de là, sommeillait Siolith dont il n'aurait su dire si c'était une camarade ou juste une complice. C'était bizarre d'être accompagné, lui qui avait l'habitude de ne causer qu'avec Drive et d'ailleurs, tous les opposaient. L'ancienne étudiante était calme là où Adrix était instable, elle était intelligente tandis que lui était d'une stupidité sans nom, c'était une belle jeune fille et de son côté, lui avait l'allure d'un épouvantail mutant mal habillé. Mais aussi différents qu'ils puissent être, ils étaient liés par un contrat, un pacte impie dont la nature même était corrompue. Elle voulait la rédemption, lui la sustentation, et au bout du chemin, il aurait ce qu'il voulait. A cette seule pensée, il sentit la faim lui chatouiller les papilles alors que son son ventre protestait d'impatience.
Combien de temps ? Combien de jours, de semaines, de mois s'étaient écoulés depuis ce fameux jour où les destins d'une jeune étudiante et d'un monstre dévoreur d'âmes s'étaient croisés et liés dans l'atmosphère étouffante d'une cellule insalubre ? Adrix n'en avait, à vrai dire, plus la moindre idée. Sa notion du temps étaient des plus floues et plus que les aiguilles d'une montre, c'étaient les gargouillis de son estomac qui rythmaient ses journées. Pour tout dire, il n'avait pas idée que la période de treize mois arrivait bientôt à son terme et si Blanche Neige avait voulu le rouler, elle n'aurait eut aucune difficulté. Avait-il suffisamment confiance en elle pour ne pas se méfier ? Non, il était juste trop limité pour suspecter la trahison.
L'Akuhei lâcha un soupire, en fait, a part jouer les toutous il n'avait pas fait grand chose lors des derniers conflits. Sans même s'en rendre compte, il s'était habitué à suivre la manieuse comme son ombre, aussi fidèle que le meilleur des serviteurs, gardant un oeil sur elle depuis l'obscurité. C'était le deal, et il n'avait aucune intention de rompre le pacte avant d'avoir eut ce qu'il désirait... Ce repas fabuleux tant convoité, cette âme si délicieuse qu'elle lui avait promis, gorgée de puissance et de détermination, un festin comme il y en avait peu. Pour l'obtenir, il avait endurer les périodes de jeûnes, forcé de laisser son estomac se déchirer lui même jusqu'à ce que la manieuse s'endorme. Bientôt il aurait

-zzZZZzzz

... Pardon ?

-zzzZzzzzz

... Décidant de contredire le paragraphe plus haut, Adrix venait de s'assoupir, ce qui, tout remettant cruellement en question mon autorité scénaristique, arrivait au bon moment.
Car alors que l'arme damnée arpentait ses cauchemars tordus, celle dont il avait la charge cessa purement et simplement d'exister... en quelque sorte. Et alors qu'une jeune fille disparaissait dans les limbes de sa propre conscience

*... Nan, pas manger.... méchant saucisson, vilain...*

Adrix affrontait une piece de charcuterie géant.



---

Vous êtes vous déjà demandé quelle pouvait être la façon la plus bizarre d'être réveillé ? Se faire étrangler est un bon exemple. Car quand notre zéro ouvrit les yeux, ce fut avec le visage de Siolith en gros plan, et une poigne de fer autour de son cou. Et au travers de simple contact, il pouvait sentir la longueur d'onde de la manieuse rentrer en lui, ou plutôt, s'imposer dans son être comme un torrent furieux d'énergie. D'instinct, son âme voulu se protéger de cette invasion surprise et s'opposa de toute sa volonté vacillante. Hélas, le fait qu'Adrix avait encore la tête dans le fion n'aidait en rien.

-Il est l'heure Adrix, elle a perdu.

*Geuh ? Quelle heure il est ? Où j'suis déjà ?*

-Nous allons pouvoir fêter notre union dignement maintenant qu'elle ne peut plus s'y opposer.

*Quéqu'elle dit ?*

*Mais la ferme enfin ! Ca devient interessant là !*

-J'ai tué Siolith

*... gné ?*

*Non là j'avoue j'ai du mal à suivre*

Que Siolith lui annonce qu'elle venait de tuer Siolith, même à l'échelle d'un cochon Akuhei, ca paraissait quand même complétement stupide.

-Je suis Alma.

*Euuuh, ok admettons*

*Fichtre, je suis complètement paumé

*Elle nous fait un jeu de rôle tout à coup ?*

*Sur un forum rp ce serait le comble...*

*De quoi tu parles ?*

*Rien rien...*

Et là, contre toute attente, ce qui n'est pas peu dire vu la situation, la manieuse embrassa l'Akuhei, joignait ses douces lèvres à celles de l'oeuf de Kishin.

*Ageu..geugeu..ageugeugeu*

*Wouhouuuu ! Gigaaaa, Kisss Breakeeeeeer !*

Maintenant, un peu de cuisine. Si vous prenez une jolie demoiselle et une andouille socialement inadaptée, vous mélangez le tout avec une scène tout droit tirée d'un happy ending Disney et vous obtenez :

*Ageugeugeu...*

Exactement, un gros paquet de neurones grillés. Maintenant, vous rajoutez une bonne grosse poignée de démence à votre mixture, et vous avez droit à un véritable ouragan de folie. Car aussitôt que l'âme d'Adrix cessa de résister à l'intrusion de celle de sa camarade, leurs instincts Akuhei entrèrent en résonance. Leur aura malsaine se répandit à travers tout le secteur, comme si chaque parcelle corrompue de leurs corps se répondaient, se menaçaient mutuellement pour gagner encore en puissance et en majesté. C'était différent de la résonance d'un manieur et son arme, c'en était une version sombre, poisseuse et cent fois plus violente.
Et alors que leur embrassade continuait, ils donnaient naissance à un duo tel qu'il risquait de faire pencher la balance à jamais.

C'est alors qu'un autre protagoniste entra dans la danse, bien décidés à mettre son petit grain de sel dans cette aventure palpitante. C'était un homme, qui avait l'air aussi robuste que bavard, et qui avait a peu près autant d'intêret pour Adrix que ce dernier en avait pour la date.

-Bonsoir, Alma. Avant toutes choses, j'aimerai savoir pourquoi m'avoir appelé ici ? Je doute que l'ancienne personne que tu étais n'ait jamais eu l'attention de disparaître. C'est donc toi qui nous a laissé ce message, ces mèches. Je souhaite savoir pourquoi, après tout, que tu aies finalement choisis la voie du démon ne regarde que toi, et je t'avais déjà mis en garde à ce sujet. Donc, maintenant, répond-moi.

L'Akuhei voulu répondre, mais il vit quelqu'un d'autre surgir sur la scène, sabre en main. Il saisit le hachoïr accroché dans un ceinture, et dans un fracas d'étincelles bleutées, les deux lames s'entrechoquèrent avec violence. Adrix eut tout juste le temps de voir le visage de l'agresseur, une jeune fille qui partageait une bien étrange ressemblance avec Siolith, enfin, Alma.

-"SIOLITH!"

*... Nan mais sérieusement, pourquoi est-ce que tout le monde a jamais l'air de me voir ?! Je suis transparent ou bien ? Youhou ! Je suis LA aussi !*

Vexé, la seconde personnalité était déterminée à transformer tous ces gens malpolis en kebab, et il s'en sentait tout à fait capable. Il sentait la puissance de sa partenaire couler à travers lui, parcourir ses veines comme un intense courant électrique, il ne s'était jamais sentit aussi excité, aussi puissant. C'était comme si le monde entier était à portée de mâchoire désormais, qu'il n'avait besoin que d'un coup de crocs pour le gober tout entier.
Puisqu'Adrix n'avait pas encore récupéré les capacités mentales nécessaires à la parole, ce fut Drive qui décida d'ouvrir son bec, la langue pendante dans une attitude de prédateur affamé.

-Désolé d'interrompre ces émouvantes retrouvailles ô combien attendrissantes... et accessoirement violentes pour certaine, mais j'ai treize mois de semi-jeûne à rattraper, et j'ai les crocs, vous voudriez pas servir d'entrées ? Promis je fais ça vite.

Alma sentait cette puissance débordante, celle qu'elle avait toujours désirée alors qu'elle était recluse dans son coin sombre, amassée sous les débris de sentiments laissés de côté par Siolith. Elle s'était nourrie de ces sentiments oubliés et rangés de côté, si bien qu'elle était l'envers total de celle qui l'avait tenue prisonnière tout ce temps. Mais maintenant, les rôles étaient inversés, et elle ne laisserait même pas une fenêtre vers le monde extérieur pour la manieuse. Ce corps était entièrement à elle désormais, depuis le temps qu'elle l'avait voulu, elle l'avait vu grandir et monter en puissance et maintenant, elle se délectait du pouvoir qu'elle avait entre les mains.

La goutte tombe, fait frémir l'eau et laisse entrevoir l'envers du décor.

Alma avait détecté cette présence au fond du compagnon Akuhei, cette même présence qu'elle était. Elle l'entendait clairement converser avec Adrix maintenant qu'ils résonnaient. Elle n'avait pas entendu son nom, mais il lui semblait presque couler de source, pourtant la présence n'était pas libre, comme si l'akuhei taisait lui aussi une entité tapîe au fond de lui, encore plus sombre et violente que lui. Dans ce paysage de chaos, aux murs de chairs palpitante et de feu éternel, Alma se tenait face à Adrix, le regard fixé sur lui, ou plutot sur sa projection spirituelle, vus qu'ils n'étaient ici pas vraiment réels.

"Tu as conclu un pacte avec Siolith, Adrix, pas avec moi. Je me fiche éperduement se ce que tu as convenu avec elle, mais sache que je ne suis pas la même personne avec qui tu as flâné durant ces derniers mois. Si tu veux des explications, alors suis-moi.

Avec un sourire de petite fille, elle lui tourna le dos et se mit à sautiller en avant, sans se retourner, avec pour objectif qu'il la suive sans faire de manières. Elle n'aurait pas grand-chose à faire, mais cela s'avérait nécessaire: si elle voulait profiter pleinement de toute la puissance de cette résonnance, il fallait qu'ils soient tous les deux des créatures affamées, pleines de colère et de volonté. Adrix était de cette trempe, mais uniquement grâce à cette voix intérieure qui lui insufflait cette envie de mort. Si elle parvenait à isoler Adrix avec Siolith, alors elle pourrait jouer ensemble avec son alter ego afin de montrer aux autres pitoyables créatures ce qui les attendait au bout du chemin: la mort, la souffrance et la destruction.
Après avec gambadé quelques minutes, elle s'arrêta devant le halo lumineux qui entourait une porte non loin de là, puis elle dit, sans se retourner:

"C'est le moment d'avoir les réponses a tes questions Adrix. Je ne sais rien, donc tu vas devoir pénétrer dans cet endroit seul afin d'obtenir ce que tu veux.

Un sourire sépara ses lèvres, dévoilant une dentition parfaite; si Adrix passait la porte, il deviendrait le deuxième prisonnier du piège qu'elle avait mis tant de temps à préparé et dans lequel Siolith s'était lancée tête baissée. Une fois cet idiot piégé, elle allait libérer l'autre péersonnalité et ensemble ils pourraient danser ensemble au milieu des autres. Si seulement il passait cette porte…


Leur folie avait attiré du monde, et plus particulièrement ces trois personnes qui avaient décidé de troubler les festivités. Le premier était un jeune homme plutôt bien bâti et qui semblait en savoir un peu sur elle. Siolith avait-elle dévoilé des choses qu'elle ignorait? Impossible, même si elle l'avait rencontré plusieurs fois auparavant. Un cri de rage et de désespoir emplit ses oreilles d'un chant mélodieux quand cette raclure de sœur Kunan se lança à corps perdu dans un combat dérisoire, aussitôt stoppée par Adrix, qui maniait aussi bien la hache avec les mains que le jambon avec les dents.
Elle n'avait aucune inquiétude quant à leur statut ou leur force: ils n'auraient aucune chance face à elle, et encore moins couplée avec Adrix. Alors si elle résonnait avec l'autre entité… Rien que cette pensée l'amusait et son sourire persistant se transforma en hurlement de rire.

Spoiler:

" Vraiment, en voilà du monde pour ma naissance! C'est vraiment touchant de voir qu'on s'est déplacé rien que pour moi. C'était d'une inutilité affligeante, voir trois personnes accourir pour sauver une traitresse faible et corrompue par le mal.
Mon nom n'est pas Siolith, Themis, ne m'insulte pas avec un tel déchet. Ce que vous voyez devant vous est Alma, celle qui est née d'une pensée après avoir incubé des années et des années durant dans l'esprit d'une Archiviste complètement sénile.

Leurs visages avaient quelque chose de délicieux, un mélange d'incompréhension, d'horreur et de surprise. Themis avait ce bandeau traditionnel sur les yeux, mais Alma savait que le regard importait peu. Ses oreilles fonctionnaient très bien, et elle s'empressa de le confirmer

"Ton Leader, ta soeur, ta chair et ton sang, est morte, donnée en sacrifice pour ma propre gloire et puissance. Elle m'a cédé ses pouvoirs de bon cœur car me supporter était de trop.

Quant à toi, jeune homme, sache que je ne vous ais pas appelés ici, mais c'est un défi de Siolith. Si cela n'avait tenu qu'à moi, vous ne seriez pas ici maintenant, ça non. Et Siolith n'est plus, quoi que vous puissiez tous en penser, je l'ai avalée, absorbant son âme, sa mémoire et ses pouvoirs! Il n'y a pas de voie du démon stupide chose, JE SUIS un démon et j'ai dévoré votre amie et sœur de l'intérieur sans qu'elle ne puisse s'y opposer.
Rassurez-vous, elle a souffert le martyr bien au-delà de l'imagination et quand je sortie, elle est morte. Une créature minable en somme, une pauvre chiure de traitresse! Son dernier espoir est que vous, pauvres petites choses, ayez la force de pouvoir m'affronter sans mourir trop vite. Vraiment, elle a même pensé à mon petit–déjeuner après le réveil…

Elle s'approcha encore d'Adrix et lui prit la main, lui insufflant une quantité d'énergie telle qu'il en aurait sûrement mal, mais c'était un point positif si on connaissait l'Akuhei.

La lumière blanche se faisait forte et ils étaient tous deux devant, à la contempler, avant qu'Alma n'ajoute:

Qu'est-ce que tu attends Adrix, tes réponses sont par là et tu pourras obtenir ton pacte en passant cette porte. Ne voulais-tu pas l'âme de cette manieuse, depuis le temps que vous êtes côte à côte?

Elle jouait sur sa faim, sur son envie aveuglante de puissance. S'il cédait, elle aurait toute la puissance dont elle aurait envie et rien ne pourrait les arrêter. Elle aussi avait faim, très faim.

Il existe des endroits un peu privé, vous voyez ces lieux où nul autre que vous n'êtes autorisés à aller et que vous protégez de toutes vos forces. L'intérieur de l'âme d'Adrix était de ceux là, et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il n'avait pas l'habitude d'y avoir de la visite.
En effet, profitant de leur résonance subite, Alma était venue faire le tour de propriétaire. Et pour le coup, ça devait la changer de l'esprit de Blanche Neige. A des lieux du désert blanchâtre de la jeune fille, l'inconscient de l'Akuhei était un véritable enfer bordélique. Murs de chairs animés de vie et flammes incandescentes aux couleurs innombrables se disputaient la vedette dans un univers sans loi ni logique. La simple vision de cet endroit pouvait provoquer de sérieux maux de tête. Dans les tréfonds de la démence de l'arme damnée, les notions mêmes de haut et de bas n'existaient pas, des objets difficiles à décrire trônaient la tête à l'envers, au milieu de saucissons et de charcuteries, des escaliers inversés donnaient sur des portes ouvertes sur le néant et des musiques étranges résonnaient au hasard. En fait, c'était tout un univers d’irrationalité aussi malsain que dérangeant que découvrait Alma.
Le sol, ou du moins ce qui devait à priori être le sol, quoique c'eut pu être le plafond ou même des murs, était traversé par de nombreuses chaînes métalliques qui rampaient sur le sol comme l'auraient fait des centaines de serpents et convergeaient toute vers une destination inconnue, perdue dans l'obscurité. Au bout de cette route de captivité, se tenait une silhouette, a peine éclairée par la lueur d'une torche et affalée nonchalamment sur un fauteuil de velours rouge a moitié digéré par le plancher. Les poignets et les chevilles enchaînée à la pièce par près d'une centaine de liens d'acier, Drive trônait au milieu de l'inconscient du Dévoreur, un sandiwch poulet dans une main, une console de jeu dans l'autre. Il était le captif de cet endroit, mais la nature de sa prison n'avait rien à voir avec celle d'Alma. Ses entraves à lui parcouraient l'ensemble de cet univers, comme une immense toile d'araignée, et il était libre d'aller et venir à sa guise dans cet enfer organique. En tant que double démoniaque, il était plus libre que quiconque, et le peu d'instinct d'Adrix était la seule chose qui lui permettait de garder l'ascendant sur son corps.
Concentré sur sa partie, c'est tout juste si le fou remarqua l'arrivée subite de la nouvelle entité, et c'est Adrix qui se retrouva à faire l'accueil. Il avait interrompue en pleine séance de glande mentale, le pauvre, et elle ne lui annonçait pas que des bonnes choses.

"Tu as conclu un pacte avec Siolith, Adrix, pas avec moi. Je me fiche éperduement se ce que tu as convenu avec elle, mais sache que je ne suis pas la même personne avec qui tu as flâné durant ces derniers mois. Si tu veux des explications, alors suis-moi.

Il était définitivement perdu. Comment ça son pacte ne tenait plus ? Qu'est-ce que c'était que cette histoire à dormir debout, il n'avait pas sauté autant de goûters pour des cacahuètes tout de même ! Il flairait l'arnaque et chercha du regard le soutien de Drive qui leva même pas les yeux dans sa direction. L'Akuhei ne savait jamais comment gérer les conversations compliquées, c'était pas son truc tout ça, lui n'était bon que pour découper des gens, c'était ça son rôle dans l'histoire non ?! Avant qu'il n'ait pu faire part de son désarroi, Alma partit en sautillant. Confus, il la suivit sans trop se poser de question. Au moins, il était dans le seul endroit de tout cet univers où il ne pouvait à priori pas se perdre. Il ne se doutait pas un seul instant que celle qu'il prenait pour son ancienne complice cherchait à le neutraliser, si bien que c'est sans une once de méfiance qu'il lui emboîta le pas.
Tous deux se retrouvèrent devant une porte, dont la luminosité éclatante n'avait rien à voir avec les lueurs dansantes des flammes aux alentours.

*... Elle a toujours été là cette porte ?*

Il était, de toute façon, bien incapable de s'en souvenir. Il y avait autant de portes ici que d'interrogations dans l'esprit d'Adrix, autant dire qu'il y en avait une BLINDE ! Ce n'était pas comme s'il avait lui même compris comment marchait cet univers, il se contentait de s'adapter avec nonchalance aux changements incessant de l'endroit sans se poser de questions. Il regarda un des murs vivants, comme s'il s'attendait à une réponse de sa part. La paroi gluante accéda en quelque sorte à sa requête puisqu'elle lui relâcha un gaz nauséabond à la figure. Un classique.

"C'est le moment d'avoir les réponses a tes questions Adrix. Je ne sais rien, donc tu vas devoir pénétrer dans cet endroit seul afin d'obtenir ce que tu veux.

Passer la grande porte qui brille ? Ben pourquoi pas hein, il n'avait pas d'objection particulière à formuler, mais quelque chose le faisait hésiter, comme si une petite partie de lui lui hurlait de rebrousser chemin le plus vite possible. Drive réussit enfin à passer son niveau et leva le nez de sa machine une seconde... pour prendre une bouchée de son sandwich.

-Qu'est-ce que tu attends Adrix, tes réponses sont par là et tu pourras obtenir ton pacte en passant cette porte. Ne voulais-tu pas l'âme de cette manieuse, depuis le temps que vous êtes côte à côte?

Ah oui elle avait raison tiens ! Il avait faillit oublier le repas qu'elle lui devait ! Alors comme ça s'il passait la porte, il aurait droit à son buffet campagnard tant désiré ? Nan parce que les réponses il s'en fichait en fait. Sans hésitation, il saisit la poignée, la tourna, et dans un grincement sinistre de porte qui s’entrouvre, pénétra dans la lumière aveuglante... Et attérir dans le néant.

-Ah... Y a pu de sol...

Et c'est partit pour la chute, mesdames et messieurs, prochaine destination : Les recoins les plus pommés de la conscience humaine.

-AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH

Et alors qu'Adrix hurlait de désespoir, un certain joueur de console éternua, remarquant tout juste que la prise des chaînes à son poignet venait de se libérer.

-Nuh ?

Intrigué, il jeta un coup d'oeil aux alentours, cherchant son colocataire spirituel du regard, dieu sait quelle bêtise il était encore parti faire celui là... Et à sa grande surprise, il ne vit Adrix nul part, seulement une Alma triomphante devant une ouverture désormais close. Pour la première fois depuis bien longtemps, Drive était devenu le seul et unique maître à bord de cette carcasse de meurtrier. Il se leva, aussi surpris qu'excité par la tournure des évènements, et vint au côté de la meurtrière. Non sans un regard inquiet vers la porte qui venait d'engloutir son camarade, il décida d'engager la conversation.

-Bon... J'ai droit à une petite explication moi aussi ?

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De retour dans la réalité, Drive sentit la main d'Alma saisir la sienne, lui insufflant une nouvelle décharge d'énergie. C'était vraiment une sensation grisante, un dopage spirituel comme il n'en avait jamais connu. Certes, il avait l'impression que son coeur allait exploser, mais l'impression de puissance brute qu'il en retirait valait largement la souffrance... oh que oui même. Car en plus de tous les bénéfices qu'il retirait de cette résonance, ses propres pouvoirs se réveillaient eux aussi, créant un courant électrique à travers ses veines au fur et à mesure que la souffrance augmentait. Il était littéralement en train de devenir une pile sur pattes, et ne tenait que difficilement en place.

-Vous comptez continuez le blabla longtemps où on saute rapidement à l'étape où les invités finissent en saucisses apéritifs ?

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Pendant ce temps, toujours en chute.

-AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH. Ca commence à devenir long là. AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH Eh ! Mais c'est pas Blanche Neige là bas ? Héééé ! Coucouuuuu ! Je suis laaaa

SBROUTCH

-... avais.... oublié.... l'atterrissage.... Aïe....

Bien que Themis était, en ce moment, dominée par une certaine rage et une tristesse qui lui crevait le coeur, elle ne put que produire un sourire en entendant les paroles de la créature qui avait prit le contrôle du corps de sa soeur. Siolith? Morte? Un déchet? Alma pouvait contrôler le corps de Siolith à sa guise, elle ne connaissait rien de l'âme qui l'habitait autrefois. Themis se calma. Ce discours qui se voulait démoralisant l'avait relaxée. Son âme avait de nouveau la stabilité légendaire qui lui était propre. Elle baissa son épée, ne la tenant plus qu'à une main, elle la planta dans le sol humide de la forêt d'une main et enleva le bandeau qui lui couvrait les yeux. Elle rattacha ses cheveux avec le ruban ainsi défait et reprit sa lame argentée. Son regard d'émeraude se planta dans celui de sa soeur qui était passé du saphir au rubis. Il est impossible d'échapper au regard éteint de Themis, elle pouvait dévisager un miroir.

"Ma soeur? Morte? Ne me fais pas rire, c'est contre ma nature. Tu as peut-être le contrôle de son corps pour le moment, mais tu ne sais rien de ce qui fait d'une Kunan ce qu'elle est."

L'Inquisitrice se plaça de nouveau en position de combat, un léger sourire en coin au visage, à la limite de l'arrogance. Sous-estimer les soeurs Kunan était demander de se faire prouver le contraire. Même si Siolith était plus forte qu'elle, plus puissante qu'elle, s'il y a bien une personne qui savait la remettre à sa place, c'était Themis, et c'était avec une grande joie qu'elle allait faire son possible pour faire manger la poussière à cette imposteur. Elle était dominée par une telle joie, un tel soulagement que ce ne soit pas sa soeur qui ait sombré dans la folie qu'elle se sentait invincible. Il n'y avait qu'elle pour sauver Siolith.

"Tu sous-estime grandement ma soeur, "Alma". Tu crois peut-être t'être débarrassée d'elle comme tu crois pouvoir te débarrasser de moi, mais s'il y a bien une chose que tu dois savoir, c'est..."

Son sourire laissa place à l'expression habituelle de l'Inquisitrice, de la Juge, Juré et Bourreau de la famille Kunan. Les sourcils légèrement froncés, les deux billes d'émeraudes qui pourraient faire en sorte qu'une statue veuille regarder ailleurs étaient ancrés dans les iris rougeâtres du corps de sa grande soeur, son sourire s'était effacé et laissa place à une moue trop sérieuse pour l'âge que Themis semblait avoir et sa poigne sur son arme se resserra. La petite sphère bleue sembla s'enflammer, brillant d'une plus grand intensité. Ses paroles étaient plus solides que le marbre et étaient aussi coupantes qu'une lame de rasoir. C'était un ton qui avait des dents et des griffes.

"... Une Kunan ne meurt jamais."

Les iris verts de Themis virèrent au violet et elle se mit à courir aux côtés du soldat écarlate qui était présent. Il semblait lui aussi connaître Siolith assez pour savoir qu'elle ne renonçait jamais. L'épée bougeait à l'unisson avec le poing électrisé de l'homme et s'abattit sur Alma au même moment. Dans un éclair, le regard d'améthyste de Themis se tourne vers le regard du Meister, pendant une seconde elle le fixe comme si elle voyait à travers son crâne et dans un murmure, un souffle, un flash, elle lui effleura le bras de sa main libre, envoyant une parole, une requête au plus profond de l'âme d'Almace. Les paroles cristallines de Themis glissèrent comme du velours entre les oreilles du Meister.

... Me feriez vous l'honneur de combattre à mes côtés pour sauver ma soeur?....

Le tout se fit dans un dixième de seconde, le regard de Themis s'ancra à nouveau dans le regard de Siolith. Elle avait l'avantage au niveau technique, elle connaissait toutes les mouvements de sa soeur mais elle, en revanche, ne connaissait rien de ce que Themis était capable. Par contre, au niveau pratique, le combat allait être plus que difficile. Même si Alma n'était pas encore habituée au corps de Siolith, celui-ci restait extrêmement puissant et n'était pas
à être pris à la légère...

Son cou craqua lorsqu'elle le pencha vers la droite, puis une nouvelle fois lors de sa torsion vers la gauche; elle était on ne plus excitée à l'idée d'affronter ces deux téméraires. Mais pendant quelques secondes, son regard se perdit dans le vide et en elle, une porte spirituelle se ferma, emprisonnant alors l'âme d'Adrix et le plongeant dans l'océan de perdition où elle avait relégué Siolith. Impossible de s'échapper de cette prison désormais, elle seule en avait les clés, et la tuer reviendrait à tuer Siolith ainsi qu'Adrix.
Un rire dément s'échappa de ses lèvres et sans même qu'elle n'articule un seul mot, l'homme qui se tenait à côté d'elle se transforma en chaîne; elle avait un contrôle sur elle, tout comme il en avait un sur elle, mais à eux deux, leur partenariat, rien ne pourrait leur résister. D'un mouvement violent du bras, la chaîne s'enroula autour d'elle, passant entre ses jambes, la décorant comme un paquet cadeau, mais en moins apprécié. Le rire s'intensifia lorsqu'elle sentit cette présence si mauvaise lui ronger sa longueur d'onde alors qu'elle-même rongeait cette de Drive, car elle avait appris son nom lors de leur connexion. C'était bon, très bon, son corps palpitait comme un cœur arraché fraichement d'un poitrine, prêt à être disséqué. C'en était à la limite de l'indécent, surtout que ce contact à la fois froid et brûlant était à même la peau, bien qu'elle eut l'impression que la chaîne avait entamé la chair pour s'y fondre encore mieux. Chaque extrémité de la chaîne était dans les mains de l'Akuhei, la Chaîne remontant le long de ses bras pour disparaître dans ses manches.

"Oh Oui, oui oui ouiiiii! Hahahahahahaha! Je touche mon avènement! Je SUIS mon avènement! Et rien ni personne n'a pu m'en empêcher!

Se ramassant sur elle-même, elle écarta brusquement les bras, le torse vers le ciel, la tête en arrière, comme si son cœur expulsait quelque chose. Une vague d'énergie l'entoura et le ciel s'assombrit encore plus qu'il ne l'était auparavant, les pierres se fendirent et les quelques buissons aux alentours furent balayés comme du foin dans le vent. Puissance et assurance, elle avait une telle envie de déchirer, de jouer, de décapiter, de démembrer et de faire du puzzle avec des organes vitaux, que la bave lui coulait des lèvres. Elle passa sa langue fine et rouge sur ses lèvres, et le côté ravagé de son visage s'illumina d'une mauvaise teinte rouge. La liberté, rien de mieux.

Les yeux fermés, le corps allongé dans un liquide inconnu, peut-être de l'eau, mais la blancheur de l'endroit ne permettait pas de définir avec exactitude ce qu'était ce liquide. D'autant plus que cette blancheur continue semblait inhiber les cinq ses, trompant la vision de la hauteur et de la profondeur, trompant les oreilles par une absence totale des bruits, même ceux des pas. Troublant le toucher, car cette seule matière liquide semblait présente, mais lorsqu'on s'y tenait debout, cela semblait être du sable fin. L'absence d'odeur trompait l'odorat et l'absence de nourriture et même du besoin de manger annihilait le goût. Siolith ne bougeait pas, elle semblait même morte, résignée à son sort le corps flottant dans l'attente d'un courant qui l'emmènerait vers la Mort. Seuls les quelques mouvements de sa poitrine trahissaient un signe de vie chez elle, mais c'était suffisant. Elle-même était habillée d'une longue robe blanche immaculée et se fondait bien dans cette vaste étendue fait d'une nuance inexistante de blanc: plus le regard tentait de percer loin, et plus cela devenait blanc. Un frémissement fit bouge ses cheveux étalés autour de sa tête telle une couronne ornant la tête d'une fière Reine; quelque chose arrivait dans ce sanctuaire fermé.

Un cri. Un appel. Son nom. Son nom avait été prononcé, déchirant l'air inerte et fracassant le silence de plomb.

Un bruit étrange, entre l'écrasement et le plongement, indiqua que la créature avait touché le sol, ou plutôt le fond. Lorsque la porte s'était refermée sur elle et qu'elle avait vu sa chambre, elle avait eu une multitude de souvenirs qui lui étaient remontés dans la tête, mais au moment où elle avait voulu effleurer le bois de son bureau, cette vision avait basculé et elle était elle aussi tombée d'une hauteur vertigineuse. Elle était exactement au même endroit que là où elle était tombée, gisant comme un cadavre qu'on avait oublié de nettoyer après un suicide du quarantième étage d'un gratte-ciel. Ses yeux s'ouvrirent d'un millimètre et son iris gauche, seul visible en regardant la face gauche de son visage, se réfugia dans le coin de l'œil, Siolith guettant un signe vital de la personne qui s'était écrasée non loin d'elle.

Les paroles des deux futures victimes n'avaient strictement aucun sens: ils avaient tout simplement à l'esprit que leur amie et sœur était encore vivante, quelque part alors qu'elle se tenait devant eux. Lorsqu'ils se ruèrent sur elle, elle tendait les mains en avant dans un geste menaçant et… leur fit à chacun un doigt d'honneur avec chaque main. Les deux autres furent sur elle en un clin d'œil et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils avaient déjà le feeling pour travailler ensemble. Mais ils semblaient oublier un détail qui avait son importance: si il n'y avait qu'un seul corps devant eux, ils étaient tout de même deux. En plus de cela, leurs mouvements devaient être à l'unisson, en accord l'un avec l'autre et pour cela, il leur faudrait regarder à chaque coup à trois endroits à la fois: leur adversaire, leur partenaire et leur propre coup. Alma n'avait pas cette inquiétude, puisque son partenaire était intégré à elle et elle se contentait de garder un œil sur la longueur d'onde crépitante d'Almace tandis qu'Adrix forçait son corps à bouger pour esquiver les assauts de Themis. Pendant les quatre première secondes de leur affrontement, il n'y eut pas le moindre contact, un poing sifflant à sa gauche tandis qu'une lame tentait une incursion d'un autre côté. Une torsion bizarre du corps, qui prouvait qu'un seul individu ne pouvait contrôler les six déplacements simultanés des six parties différentes de son corps sans aucune coordination ni symétrie, puis la lame rencontra l'acier de la chaine qui se tendit devant elle, tenue par une poigne de fer, alors que, dans un mouvement d'esquive, elle se glissait presque corps à corps avec le Meister. Son visage croisa celui, inerte, de la Gardienne, et, malgré le fait que cette dernière soit aveugle, Alma en profita pour concocter une horrible grimace qui consistait à rentrer le bout de sa langue dans le nez et de regarder simultanément à droite et à gauche tout en souriant de toutes ses dents.
La position présente était extrêmement délicate pour eux quatre, car les failles et les défenses étaient équivalentes, si bien que si l'un attaquait, l'autre pouvait attaquer de l'autre côté. Alma était peut-être une Akuhei, mais son cerveau calculateur avait un fonctionnement anormalement intelligent et, profitant du fait que l'épée soit en contact avec la chaîne, tourna sur elle-même, enroulant ainsi la lame dans une prison de mailles métalliques. Puis elle pivota violemment, donnant ainsi que deux option au jeune homme qui jouait à je-te-touche-d'abord: prendre un coup circulaire ainsi que le risque de la lame dans la figure si Themis n'avait pas eu le réflexe de la retirer à temps, ou battre en retraite, sans blessures.

Finalement, ils se trouvèrent à nouveau à quelques mètres les uns des autres. Avait-elle été touchée, elle ne sentait rien à cause des pulsions d'adrénaline qui circulaient dans son système, mais il était sûr que cela lui procurait un vrai plaisir. Alma était Alma, rien à voir avec Siolith au niveau combatif, même si elle avait la capcité d'utiliser les mêmes techniques, elle avait un style totalement différent qui, combiné à Adrix, faisait d'elle un combattant unique.

"Je vais vous goûter."

Spoiler:

L'eau, partout.... Ou du moins quelque chose qui y ressemblait. A peine sa chute terminée qu'Adrix s'était retrouvée plongée au milieu d'un océan infini. Perdu dans cette immensité liquide, il aurait pu être émerveillé par la beauté singulière de l'endroit si, hélas, il n'était pas tout simplement incapable de nager correctement. Agitant les bras avec la grâce d'un canard boiteux, il coulait comme une pierre. En temps ordinaire, Drive lui aurait suggérer un moyen habile de s'en sortir de là, ou du moins aurait plaisanté sur la situation, mais c'était bien la première fois que l'Akuhei se noyait dans son propre monde intérieur. Il cru étouffer, mais étonnement, il parvenait à respirer dans cet environnement surnaturel, comme si tout cela n'était en réalité qu'un air plus dense et froid.
Il avait d'ailleurs bien du mal à saisir ce qui venait de se passer exactement. D'abord une porte bizarre toute brillante, ensuite un vol plané stupidement long et finalement beaucoup trop de flotte pour être honnête, mais qui donc était venu refaire la déco intérieur de son esprit pendant sa sieste ?! L'idée qu'Alma ait pu lui tendre un piège ne l'effleura même pas. Déjà parce qu'il n'avait même pas connaissance que ce genre d'attrape-couillon mentale était possible, mais surtout parce qu'il voyait toujours en la démente psychopathe la Blanche Neige avec qui il avait un deal à respecter.
Et en parlant de Blanche Neige il était persuadé de l'avoir aperçu juste une minute avant le crash. Elle devait se trouver à la surface, il ferait mieux d'aller vérifier. Siolith était quelqu'un d'intelligent, elle, elle savait toujours tout et saurait sûrement capable de lui expliquer pourquoi il y avait une piscine olympique dans sa propre tête. Il voulu remonter, mais ses gestes désordonnées ne faisaient qu’accélérer sa descente... Il resta là, une bonne poignée de secondes à méditer sur la suite des évènements. C'est alors que, par un miracle scénaristique des plus improbables, Adrix eut une idée, et relativement bonne pour une fois. Puisqu'il était incapable de nager, il n'avait qu'à marcher ! Faisant appel à ses attributs de chaîne, il allongea ses jambes jusqu'à ce que ses pieds effleurent ce qui avait l'air de près ou de loin au fond de la grande mare.
Enfin extirpé de l'eau, il prit une profonde inspiration afin de savourer un peu d'air frais... et resta perplexe. L'arme damnée était une bête au moins autant qu'un être humain, son mode de vie sauvage lui avait inculqué des habitudes certes primitives qu'efficaces. Et lui qui avait le flair d'un toutou bien dressé, c'était bien la première fois qu'il sentait... absolument rien. Pas le moindre fumet pour venir lui chatouiller les narines, pas même l'iode d'un océan, le vide absolu. En fait, tout cet endroit était assimilable à un néant etouffant. Pas de ligne d'horizon, pas de soleil pour illuminer la scène, pas de scène, juste du blanc, plein, partout.

*Mince ! Je suis tombé dans une pub de lessive et on m'a pas prévenu !*
Et au milieu de cette absence de couleur qui vous agresse la rétine, un visage... Blanche Neige semblait avoir décidé de se fondre dans le décor, littéralement. D'un bond, Adrix se retrouva à ses côtés, non sans l'éclabousser copieusement dans le procédé.

-Eh ! Tu joues au caméléon c'est ça ? C'est pas juste j'peux pas jouer moi !

Il la regarda un instant, elle avait l'air aussi expressive qu'un morceau de parpin. Donc elle allait bien ! Après tout, il l'avait toujours connu avec cette tête là.

-Dis, dis, tu saurais pas où on est ? J'étais en train de me promener tranquillement, pis t'es venu me parler, et pis un mur m'a pété dessus, et pis j'ai pris une grosse porte qui faisait mal aux yeux et zoouuuuu j'suis ici !

Il fallu bien trentes secondes pour que ses neurones remarquent un léger probleme dans son histoire.

-Mais, euh... Comment t'as fais pour être a deux endroits à la fois dit ?

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Dans le monde réel, Drive savourait ces instants. Un combat sans entrave, un affrontement sanglant où il était libre de laisser courir ses instincts les plus violents. Il n'avait pas besoin de réfléchir, Alma se chargerait fort bien de la partie intellectuelle du duel, non, lui ne bougeait qu'à l'instinct, et chacun des combattants communiquait ses sensations à l'autre. Il pouvait sentir l'excitation de sa partenaire, tout comme elle pouvait percevoir la sienne et leurs deux esprits malsains se fondaient en un cocktail aussi répugnant qu'explosif. Depuis quand n'avait-il plus vécu cette sensation ? Cette communion profonde entre un manieur et son arme, une union contre nature qui liait les deux tueurs jusqu'au plus profond de leur âme. Ils n'avaient même pas besoin d'échanger le moindre mot, ils savaient comment agir à l'instant même ou l'autre y pensait. Il ne s'agissait pas là seulement d'une équipe constituée de deux psychopathes instables, à eux deux, ils étaient une force de destruction massive prête à se répandre sur le monde pour faucher les innocents et répandre le chaos. Drive et Alma étaient pareils à deux esprits se partageant un seul corps, et leur synchronisation parfaite et leur style unique seraient les avantages qui enterreraient une fois pour toute les chance de victoire du duo improvisé qui osait les défier.
Sous sa forme d'arme, Drive était une défense de fer. Enserrant le corps de la Kunan déchue, il était devenu son bouclier, prêt à intercepter tous les coups ayant la mauvaise idée de la prendre pour cible. Il se mouvait comme un serpent, tantôt lent tantôt rapide, il n'avait qu'à attendre le bon moment pour surgir quand ses ennemis s'y attendraient le moins.
Ses pouvoirs électriques étaient eux aussi d'une grande aide, car la moindre entaille serait chèrement remboursée, la douleur étant immédiatement traduite en une violente décharge.
Les passes d'armes étaient impressionnantes, rapides, précises, mais aussi extrêmement improbables. Mais malgré tous leurs efforts, aucun des envoyés de Shibusen n'avait encore été capable de porter la main sur la manieuse corrompue.

"Je vais vous goûter."

Le bout de la chaîne se détacha de la manieuse, mimant la pose d'un serpent prêt à mordre.

-Quoi ? C'est vraiment tout ?

Les maillons ondulèrent, comme s'il riait.

-Mettez y un peu du vôtre quand même...

La chaîne fouetta le sol avec force, soulevant un nuage de poussière. Il voulait en découdre.

-Sinon ce sera terminé beaucoup trop vite enfin !

/Dsl du retard, et le poste est assez torché ^^" /

Rp clos pour raison d'inactivité, néanmoins, je tiens à terminer ce sujet par ce post, qui reste déterminant pour le reste de mes rps

Alma ayant prit le contrôle total sur le corps de Siolith, cette dernière disparut dans les abysses de sa propre âme, aspirée dans le temps, l'espace et la pensée de ses ancêtres. Alma quant à elle combattit les deux forces opposées à l'aide de Driver la Chaîne maléfique qui l'avait aidée à se débarrasser de son alter-ego bienfaisante. Ainsi Siolith, instigatrice du changement, traitre de Shibusen et Archiviste corrompue, se devait d'expier ses péchés par la mort de son corps possédé par l'âme qu'elle avait absorbée des années plus tôt, pensant qu'elle avait commis le fratricide.

L'Histoire devait être écrite, mais Siolith avait abandonnée sa tâche principale, la raison de sa famille, la raison des souffrances millénaires de ses congénères. Les âmes des morts erraient sans rédemption dans la Cité des Morts, partie oubliée de sa Chambre de l'âme, qui avait néanmoins la taille d'une ville aux allures de Monde propre.

Themis n'avait plus sa raison non plus, c'est à la suite de ce combat qu'elle disparut mystérieusement, comme aspirée par le Néant, laissant Almace seul au milieu d'un paysage chaotique et empli de limbes corrompues. Par sa mort, Alma signa la fin d'une manieuse controversée à Shibusen, d'une personne définitivement indéchiffrable et froide. Une enfance entière étendue sur des dizaines d'années qui n'avaient qu'abimé la personne physique et psychique de Siolith, un corps compressé et un pouvoir limité; Siolith avait bénéficié d'un sursis pendant plusieurs dizaines d'années, sans jamais comprendre que la rédemption ne se trouvait que dans la mort.

Il est temps maintenant de trouver l'Essence même qui fait de Siolith une Kunan au-dessus de ses prédécesseurs féminins. Une personne infiniment plus déterminante pour la famille que jamais, avec le sort sans doute le moins enviable, mais clé dans la pérennité de sa famille.