La neige. Si froide, si calme. Douce, tendre et fraîche. Fondante, craquante. Libre. Désoriente. Froide. Glaciale. Amusante. Fragile. Comme les êtres humains. Alors, pourquoi ne pas considérer cette matière comme humaine ? Rien n'avait prouvait que ce n'était pas un être vivant qui tombait doucement du ciel. Juste l'esprit des hommes qui n'étaient pas si intelligent que ça. Juste l'esprit de l'homme précipitant le monde dans des idées absurdes et des limites aux pensées. Ce monde était resté une monarchie. De l'esprit, certes, mais il n'y avait plus aucun droit aux pensées et aux songes les plus fous sans qu'on nous prenne pour des personnes à éviter. Alors, une majorité des gens suivaient le troupeau. Aussi bête que des moutons. Aussi inutile qu'un cadavre. Et parfois aussi froid que la neige. Cette neige tombant du ciel, accablant le sol, les toits et les feuilles. Blanchissant le monde de son doux manteau de fraîcheur. C'était juste de la neige. Juste de la glace tombant du ciel. De l'eau tellement fraîche qu'elle en a durcit. Comme ma bite aurait répondu certain. Pourtant, tout ceci n'est pas une blague. C'est une réalité qui se fait un peu plus présente chaque jour. C'est une douce réalité qui refroidit les esprits. Tous. Une sorte de magie se cachait sûrement derrière. Le bonheur, peut-être. Ou tout simplement l'enfance. La nostalgie des bonhommes de neige. Ah, Kiara n'avait jamais vécut ça. La neige à Witchland, ce n'était pas n'importe quoi. C'était rare. Ou du moins, elle ne s'en rappelait pas. Elle n'avait jamais vécu quelque chose d'aussi calme de toute sa vie. D'aussi froid. Elle craquait sous ses pieds comme une branche d'arbre printanière. C'était magnifique. Elle ne trouvait pas d'autres mots. Si elle l'avait pu, elle aurait partager tout ceci avec sa mère. Par pure joie, pour lui montrer que ce monde n'était pas mauvais. Qu'il y avait du bon. Un peu. Pas tant que ça. Mais quand même.

– C'est froid …

Ses mains frôlent la texture qui fond à la chaleur de ses doigts, laissant de l'eau sur ceux-là. Elle respire, faisant de la buée à travers son souffle. Comme une locomotive qui roule sur un rail. Le rail de la vie. Un chemin tracée qui ne s’arrêtera qu'au dernier arrêt. La mort. Aussi froide que la neige. Aussi froide qu'elle. Ses mains commençaient à virer aux rouges, montrant que la fraîcheur d'aujourd'hui n'était pas vraiment une bonne idée pour sortir dans sa cape sans mettre de manteau.

– J'ai froid …

Cette phrase prouva que c'était encore moins une raison pour sortir de chez elle en t-shirt à manche longue et en pauvre jean. Avec une cape et un chapeau, le balais sur le dos. Si elle avait été d'humeur, elle aurait virevolté dans le ciel à travers ces flocons tombant le long des étoiles. Comme une enfant rêverait de le faire. Comme une sorcière pouvait le pratiquer. Comme une gamine désirant se cacher à travers ces choses froides et gelées.

Un bruit de pas s'enfonçant dans la neige. Elle se relève vivement, ne bougeant plus, restant sur ses gardes, plissant ses yeux pour voir au maximum. Elle se tait, observe en silence. Comme un animal sur ses gardes. Comme elle. En quelque sorte.

– Il y a quelqu'un ?

Aucune réponse ne fait entendre. Aucun son. Juste le silence. Comme la mort. Pourtant, elle le sent. Il y a quelque chose près d'elle, quelque chose pas très loin, qui l’appelle silencieusement. Qui l'attend. Elle soupire. Ce n'est qu'un rêve digne d'un conte de fée. Jamais personne ne l'attendra hormis sa mère. Personne ne l'attendra jamais. Parce que personne ne l'aime. Parce que personne ne la connaît. Car on se sert d'elle comme une arme de guerre. Car elle fait parti de l'armée. Comme un chien de garde. Telle une bête.

Il n'y a rien. Elle se l'ai elle-même dit. Alors, elle regarde tout simplement le ciel en restant silencieuse. Silencieuse comme la mort. Froide comme la neige. Ou bien le contraire. Ces quatre mots allaient si bien ensemble. Comme ce bleu … Cette chose qu'elle crut apercevoir. Cette chose qu'elle n'avait jamais vu. Un ange ? Un feu follet ? Sûrement. Cela collerait. Elle se mord la lèvre. Elle a toujours cru à ces contes sur ces êtres de lumière montrant le chemin aux êtres perdus. Était-elle perdue ? Elle n'en savait rien. Mais, pour une raison inconnue, elle voulait suivre cette chose qui avait disparu. Elle voulait. Elle espérait tellement découvrir quelque chose. Découvrir ce qui l'avait poussé à faire tout ce qu'elle faisait actuellement. Découvrir le sens de la vie. Ce fut sans attendre qu'elle marcha rapidement en direction de ce qu'elle cherchait. Ce fut sans attendre qu'elle s’arrêta à quelques rues plus loin, pour regarder le ciel et devenir intrigué.

Il y avait elle. Une fille comme les autres. Presque. Pas totalement. Mais une fille quand même. Il y avait elle. Cette inconnue sans nom que son regard observait silencieusement. Elle aussi d'ailleurs, l'avait remarqué. Elles s'observaient, silencieuses. Ne disant rien. Dans un silence bénéfique. Sûrement. Ah, si elle savait qui elle était. Elle le voulait tellement. Car son cœur l’appelait sans s'en rendre compte, poussant une chansonnette habilement cachée à travers les brises glaciales qui glissaient le long des ruelles.

Elle ne pouvait pas rester ainsi en silence.
Elle ne pouvait pas.

– Qui es-tu ?

Elle n'avait pas pu.

Incompréhensible. Impensable. Qu'avait-elle fait pour mériter ça ? Cette haine sans raison, ce sentiment d'incertitude qui lui broyait les tripes. Elle ne comprenait pas. Elle ne voulait pas comprendre. Elle ne désirait pas savoir la raison de cette haine alors qu'elle ne connaissait pas cette fille. Elle ne voulait pas comprendre ce sentiment de peur qui habitait la brune. Elle ne désirait pas la peur.

Trois fois. Trois fois où elle manqua de peu de souffrir. Trois fois où elle s'était contenté de la fuite. En espérant que ce soit suffisant, en espérant que tout ceci ne continu pas. Trois fois où cette inconnue lui avait sauté dessus. Trois. Comme les Vingt-et-trois de l'affiche rouge. Comme le sang ruisselant de ces vingt-et-trois morts. Trois. Ce chiffre faisant penser à tellement de chose lié à la destruction. Trois apocalypses. Trois. Trois vérités sur nous-même. Et peut-être même trois peur. Et dans tout ça, elle ne désirait pas la peur.

Lors du troisième coup, elle n'avait pas chercher. Fuir à quelques mètres n'était pas suffisant. Elle avait donc couru. Jusqu'à être loin. Mais l'autre la suivait. Enragée. Bestiale. Destructible. Pour ne pas dire démoniaque. La jeune sorcière ne savait pas qui était cette brune aux cornes intrigantes, mais actuellement, elle s'en fichait bien. Parce qu'au fond d'elle, son cœur battait à trois milles à l'heure à cause de l'adrénaline et de la peur qui essayait de s’immiscer en elle. Elle ne la désirait pas.

Elle court, ses pas se font lourds dans la neige et la ralentisse douloureusement. Elle ne peut pas y aller à son maximum sans la magie, mais elle n'a aucune envie de l'utiliser. Alors, elle court juste, essayant d’échapper à cette fille qui faisait fondre la neige, faisant disparaître le blanc après son passage. Tel Attila le Hun. Celui qui faisait régner la peur à son époque. Ce terrible monstre. Un monstre comme elle, procurant le même effet. Elle ne désirait pas le peur.

Ses pieds s’emmêlent, elle tombe lourdement, la tête la première, dans ce manteau blanc et froid. Elle en mange, de cette fichue neige. Mais elle essaie de se relever tant bien que de mal. Elle à peine le temps de rouler sur le côté que du feu se retrouve à l'endroit où elle était quelques instants plus tôt. Son cœur bat de plus en plus vite et ses yeux s'écarquillent. Même son chapeau glisse un peu de sa tête, s'enfonçant dans la matière froide qui se trouvait sous elle. Elle ne désirait pourtant pas la peur.

– Qui es-tu ?

Sa voix se fait basse, ses yeux tremblent à travers ses pupilles. Son souffle refroidit tout comme sa peau et ses joues qui rougissent. Elle ne peut rien faire. Elle se croit coincé. L'autre la regarde, souriante. Pas un sourire neutre et joyeux. Un sourire dément qui fait trembler les gens. La blonde ne veut pas perdre de temps, elle se relève donc et se remet à courir. A bout de souffle, elle court. A bout de souffle, une larme roule le long de son visage. Quelque chose lui fait mal au ventre. Elle ne désirait pourtant pas cette chose.

– Pourquoi fais-tu ça ?

Elle la regarde, ses poings se serrant douloureusement, enfonçant ses ongles dans sa peau. Sa lèvre inférieur se fait mordre par ses dents. Elle veut savoir mais tremble d'avance de la réponse. Cette fille avait pourtant était si calme. Cette fille avait pourtant l'air si douce. Si calme. Si tendre. Et là voilà ainsi, comme un diablotin désirant la destruction d'une tranquillité saine. Est-ce qu'elle ressentait la peur ?

– Je ne t'ai rien fais moi ! Alors fous moi la paix !

Sur ce, elle fit deux pas en arrière, levant les mains en l'air, déglutissant douloureusement. Fous moi la paix. Elle ouvre et referme ses doigts alors que l'autre ne semble pas heureuse. Fous moi la paix. Elle ne veut pas en arriver là, mais la brune fait quelque pas vers elle. Fous moi la paix. Elle ne peut rester ici à rien faire, alors, elle tente le tout pour le tout. Créant un cercle magique au dessus d'elle, espérant que cela fonctionne. La neige. Une tempête. Juste un rideau. C'est tout ce dont elle avait besoin. Elle se concentre, ses bras tremble. Elle attends que cela passe. Que ça se produit. Quand c'est enfin le cas, c'est juste quelque peut rapide à tomber entre elle. Ce n'est sûrement pas suffisant pour empêcher l'autre de la voir. Alors, elle se retourne, hurlant comme la bête de son totem. Puis, elle ne perd pas de temps et prend les jambes à son cou, courant le plus vite possible, ne voulant pas perdre de temps. Et cette boule dans le ventre qui était de plus en plus présente.

Elle ne désirait pas la peur.
Et tout ça lui faisait peur.

Elle n'y croyait pas. Elle n'arrivait pas à y croire. Parce que voilà, ce n'était pas possible. Cela ne pouvait pas être sa dernière nuit. Pas comme ça. Pas ainsi. Parce qu'elle n'avait pas vu le monde. Car elle n'avait pas comprit le sens de l'humanité. Pour sa mère, car elle lui manquerait. Pour elle-même. Et peut-être un peu pour ses rencontres sur terre. Que ferait-elle, si c'était sa dernière nuit ? Sa marraine aurait bien honte d'elle. Sa marraine. Elle la détesterait. Tellement. C'était pitoyable de se faire agresser ainsi. Elle était jeune. Elle était pitoyable. Elle était juste Kiara.

Elle crevait de peur. Elle en aurait tremblait si son corps n'était pas tétanisée par ce sentiment inconnu. Et l'autre qui continuait à parler, avec ce fichu sourire. Elle était en dessous de tout. Même de cette neige venant de fondre sous les flammes de la mystérieuse femme. Une sorcière ? Non, les cornes montraient bien que c'était une sorte de bête. Une beast. Oui. Voilà, c'était exactement ce que l'autre était, mais la sorcière ne pouvait pas le savoir. Si elle l'avait su, peut-être aurait-elle été rassuré. Qui sait. Pas elle en tout cas, et c'était cet inconnu qui se trouvait autour d'elle qui lui faisait peur.

Sa phrase. Elle ne comprenait pas le vrai sens de celle-ci. Mais qu'importait. Elle devait y répondre. Elle voulait lui faire peur, alors, Kiara lui montrerait qu'elle ne tremblerait pas de peur face à elle. Qu'elle n'était pas aussi faible que ça. C'est ainsi que la sorcière hurla bien fort ces mots :

– Et bien soit ! Tu es peut-être mon dernier cauchemar, mais cela ne veut pas dire que je n'aurais pas de rêves après toi !

Elle la regarde, avec cet air tremblant. Incertain. Elle s'en fiche, elle l'a dit. Mais il n'empêche qu'elle est toujours en danger. Alors, elle refait quelques pas en arrière, serrant fort ses balais dans ses mains, à un tel point que celles-ci palissent contre le bois. Elle a peur. Certes, mais elle ne renoncera pas. Elle tient à la vie. Elle ne mourra pas. Pas comme ça, pas ici.

Elle tient le bout de bois comme une arme. Comme s'il allait le protéger. La gazelle fait des pas vers elle, elle baisse plusieurs fois son balais pour se protéger. Elle a peur. Elle crève de peur. Mais elle s'en fiche, car actuellement, la seule chose qui compte, c'est de fuir. De vivre.

Alors, elle monte sur son balais qui prend son envol petit à petit, regardant l'autre se rapprocher et espérant de tout cœur qu'elle arrive à monter assez haut avant qu'elle ne parvienne jusqu'à elle. Il serait tellement dommage qu'elle doive mourir ainsi. Ce jour là. Alors, qu'il neige. Et dans sa tête, elle se souvient de ce qu'on lui à dit, là-bas, à l'armée. Le fait que de fuir soit mal. Qu'elle ne devrait pas avoir peur et qu'elle devrait se battre. Elle s'en souvient. Et tout ce qu'elle trouve à faire, c'est de jurer, encore et encore, face à ces paroles qui n'ont pas de sens pour elle.

Elle a toujours fuit, elle ne changera pas aujourd'hui.

– Je tiens à la vie, moi ! Va voir quelqu'un d'autre au lieu de me péter les burnes !

Surtout pas pour elle.

Elle se sent tirée vers le sol. Elle sent cette main brûlante sur sa cheville. Elle entend sa voix hurlé. Elle se sent glisser. Elle se sent tomber de son balais. Elle sent le vent. Elle voit la visage de l'autre qui tourbillonne dans sa tête. Elle se sent partir. Elle sent son corps toucher la neige. Elle sent cette fraîcheur. Elle ressent la peur. Elle la ressent comme on sent l'odeur d'un poisson pas très frai, comme on sent un gâteau brûlé. Elle sent, simplement. Et le fait de sentir cette peur lui fait peur.

Elle essaie de se relever mais sa cheville lui fait mal. Elle sait que l'autre bouge derrière elle, qu'elle se rapproche. Mais rien. Ses mains s'enfoncent juste dans la neige. Ses doigts glissent à travers le matière blanche. Elle sent les larmes lui montaient au visage. Elle sent cette peur qui lui dévore l'estomac. Elle crève de peur. Elle tremble. Et derrière, elle entend l'autre hurlé. Elle ne sait pas pourquoi, mais son ventre se contracte et elle a envi de vomir. Elle avait de lui dire de la laisser, de partir. Mais rien ne sortir de sa bouche hormis quelques sons qui font penser à des sanglots.

Elle ne pouvait pas fuir. Pas comme les autres fois.
Elle se maudissait, parce qu'elle était faible.

L'animale parle derrière elle. Elle va mourir, elle le sent au ton de sa voix. Elle a tremble, mais ceci ne fait que réveiller son envie de fuir. Alors, malgré la douleur, elle se relève en s'appuyant de bout de bois. Elle ne perd pas de temps et fait quelques pas en boitant. Puis, sans attendre, elle utilise la force de son totem pour pouvoir survivre. Elle appui sur sa jambe, se lance. L'autre n'a pas le temps de l'attraper. Elle court déjà, manquant de tomber dans sa vitesse. Elle fuit. Loin, très loin. Par peur.

Elle s'en contre fout, de sa faiblesse.
Elle veut vivre, c'est tout.

Ses pas se font hésitants, elle glisse. Mais elle ne perd pas de temps. Elle tourne à travers les ruelles, entendant l'autre courir derrière elle. Elle ne la rattrapera pas. Parce qu'elle est plus rapide. Car c'est sa magie. Car elle l'a déjà fais maintes et maintes fois avant. Plus elle court et plus le paysage défile rapidement autour d'elle. Elle sent même le vent passer à travers les branches de son balais. Elle se sent presque voler. Mais non, ses pieds touchent encore le sol, lui faisant mal. Mal comme une chienne souffrant d'une blessure.

Mal comme un oiseau en cage.

La fraîcheur du vent la fait souffrir, ses oreilles sifflent et le sang lui tape dans la tête. Elle sent son cœur battre à cent à l'heure. Elle sent la peur percer ses poumons, perforer ses veines et insérer de l'inquiétude en elle. Il n'empêche qu'elle court encore et encore. Encore et toujours.

Il n'empêche qu'elle a fuit.
Il n'empêche qu'elle a réussit.

Plus rien, plus d'elle. Elle l'avait perdu. Elle le sentait. Elle avait donc ralenti le rythme, se permettant de respirer à cause de sa course folle. Ses jambes tremblaient et elle sentait l'adrénaline battre en elle. Elle soupira, retient de tomber par terre. Elle se permet de ranger son balais dans son étui avant de regarder le ciel.

Au moins, celui-ci n'a pas son soucis.