Pas loin d'un autel de prière dans un petit village au pied d'une montagne quelconque, se trouvait une librairie. Rien de très notable ; il existait beaucoup de librairies dans beaucoup de villages non ? Ah non ? Bon d'accord. Je suppose donc qu'il serait mal avisé de prétendre qu'il était totalement inutile de préciser qu'en passant devant cette librairie, rien n'attirait le regard au premier coup d'oeil, car la devanture semblait avoir été peinte avec les mêmes couleurs que la montagne, ou plutot que sommet enneigé. Un but, voilà ce qu'il fallait pour avoir l'audace de pénétrer en ce lieu. En poussant la porte, l'odeur du papier régnait en maître, imposant la silence par sa seule présence. Le tintement de la porte lorsqu'elle se refermait vous laissait penser que jamais vous ne ressortirez d'ici une fois franchi le seuil. Les rayonnages vous tendaient leurs bras pour proposer les nouveautés, mais seuls les gens n'ayant pas eu de but, mais seulement de la curiosité pour l'endroit s'arrêtaient là, à feuilleter le dernier numéro de leur magazine favori. Ces derniers étaient même encore dans le carton du livreur car la propriétaire n'y allait que rarement pour débarrasser les anciens. Les livreurs n'avaient pas le courage d'aller plus loin car ils ne savaient pas vraiment où aller pour faire signer le reçu de leur cargaison. Mais comme les paiements étaient versés et qu'aucune réclamation ne leur était jamais parvenu, les éditeurs continuaient de livrer cet endroit quelque peu insolite.

Si vous continuiez dans les rayonnages, vous remarquerez aisément qu'il n'étaient composés que des cartons des livraisons précédentes, étalés sur une trentaine d'années. Ils semblaient agir comme un filtre, les curieux étant attirés au fur et à mesure par une couverture familière ou un titre connu. Seuls les connaisseurs se risquaient tout au fond pour arriver au cœur de la librairie. Un bureau plutot grand les accueillaient. Réalisé sur commande et modulable à souhait, il pouvait être déployé en arc de cercle ou simplement servir de surface rectangulaire. Sur le bureau régnait un désordre apparent total, allant des piles de papier aux documents importants en passant par diverses factures et post-its collés à des endroits stratégiques. C'est sur le fauteuil derrière le bureau que la propriétaire du lieu avait élu domicile, tantôt penchée sur un livre, une paire de petites lunettes à la main, scrutant au travers les secrets, les entrailles des auteurs. Tantôt ses jambes passaient par dessus et elle prenait de longues inspirations sur son kiseru, lâchant des nuages de fumée bleutée, ou soufflant quelques notes dans une flute traversière. Pour le moment, elle avait opté pour la première activité. La tête droite, l'air pensif, elle regardait la fumée se dissiper, non sans remarquer une étrange similitude avec une aurore boréale dûe à la luminosité particulière du lieu.

Siolith se prélassait dans ses pensées. Elle ne s'était pourtant jamais prédestinée à prendre racine, bien au contraire, mais avoir un « chez-soi », une endroit dans lequel on puisse dire, « voilà où je suis ». Le domaine familial n'était pas très loin, quelques dizaines de kilomètres, mais cela n'avait pas la même saveur d'habiter autre part qu là où vous étiez né : Vous avez bâti quelque chose, vous avez accompli un objectif, celui de construire une vie. Siolith était très nomade, mais rien n'était plus plaisant que de retrouver ce fauteuil et d'y rester des heures, parfois même des nuits entières. La lumière du soleil n'atteignait pas cet endroit, si bien que la notion du temps paraissait déformée, mais qu'est ce que le temps, sinon un enchaînement de tours de montre, une infité de recommencements, une spirale sans fin ?

Il n'y avait ici aucun tic-tac, aucune horloge ne venait troubler cet endroit et bizarrement le réseau téléphonique ne passait pas. On pouvait deviner a forme d'un téléphone sous des papiers, mais il n'avait l'air de n'être que très peu manipulé, car la poussière avait bravé les couches de papier pour le recouvrir  de fines particules.

Sans logique particulière, il y avait quatorze clochettes à vent au-dessus d'elle, certaines transparentes, d'autres arborant une couleur différente. La porte se mit en mouvement et Siolith rejeta la tête en arrière ses yeux fixant le plafond observant attentivement le mouvement que l'une des clochettes venait de faire, entraînant un son aussi clair qu'un verre en cristal.

Une Kunan foulait le sol de son territoire. L'attache de ses cheveux se défit, laissant place à une avalanche hivernale déferlant jusqu'au sol. Siolith ferma les yeux en écoutant le bruit tamisé que la moquette faisait sous les pas ininterrompus qui se dirigeaient vers elle.

Les pas se rapprochaient lentement, pas vraiment sûrement également. Siolith leva le bras vers le plafond, le doigt en direction de la clochette mouvante et cette dernière s'arrêta doucement. Elle garda cette position un moment avant d'entendre une mal mal assurée l'appeler... La VOUVOYER même ! Elle possédait certainement un corps séculaire et une âme mûre, elle tenait à cet aspect physique qui conservait la jeunesse de son clan dans la beauté éternelle. Elle n'avait quand même pas traversé autant d'épreuves dans la mort pour renaître et se faire traiter d'ancienne pas ses consoeurs. A l'extrémité de son bras, sa main s'écarta pour délpoyer un cercle dans lequel elle s'envola pour répparaître, le souffle court sur une étagère non loin derrière Aegis, car il s'agissait bien de la sorcière du clan.

Tu n'as toujours aucun respect envers ta sœur aînée on dirait , dit-elle d'une voix dure Je ne tolère pas le manque de respect, de la part d'aucune sœur envers une autre, hormis pour faute grave

Avant que les yeux de sa sœur ne puissent saisir ses contours dans la lumière tamisée, Siolith avait créé un portail pour disparaître dedans, ne laissant pour autre trace que celle du parfum opiacé qu'elle fumait. Se tenant derrière Aegis, elle s'approcha doucement, ses pieds nus ne laissant aucun bruit trahissant sa présence. Elle leva le bras et, fermant le poing, tapa d'un coup léger la tête de sa sœur.


Voilà ta punition, pour haute trahison envers les codes de bienséance d la famille

Un sourire quelque peu narquois naquit sur son visage. Ce n'était pas une punition à proprement parler, mais se faire tapoter l'arrière du crâne causait plus de dommages à l'amour-propre qu'externes et Siolith s'en amusait, d'ailleurs elle pensait à Themis avec ces « codes de bienséance » qu'elle venait d'inventer vite fait ; peut-être s'amuserait-elle à ajouter quelques règles farfelues à la liste de celles que la Gardienne des Lois devait déjà faire respecter. Histoire qu'elle vienne se plaindre un coup, cela donnerait une bonne raison de revoir sa sœur qu'elle n'avait pas croisé depuis un moment.

Sa longue chevelure coulant le long de ses épaules fut rejetée par dessus d'un revers de la main et Siolith jaugea Aegis du regard un moment. Avant que sa sœur ne puisse articuler quelque chose, elle ajouta en laissant couler chaque mot en un flot limpide :


Si tu es là pour parler du passé, alors les revues les plus vieilles sont derrière moi mais elles ne m'apprennent plus rien désormais. Si je les feuillette encore, c'est par plaisir de pouvoir sentir l'odeur du papier usé par les centaines de mains qui l'on manipulé. Le passé n'est bon qu'a se souvenir mais il ne fait pas avancer le présent dans le futur.

Elle leva la tête pensive, et termina :


Mais le passé nous sert à ne pas reproduire les mêmes erreurs dans le présent afin de conserver le meilleur futur possible.

Cette fois elle planta son regard directement dans celui de sa sœur, un regard intense, celui qui vous donne un léger frisson le long la colonne vertébrale :


Que choisis-tu : Vivre en regardant tes échecs dans le passé ou vivre en regardant vers l'horizon qui a besoin d'être retranscrit ?

Le visage de Siolith s'élargit d'un petit sourire ; Sa sœur avait finalement compris le sens de leur clan :

Très juste ! C'est tout à fait ça : tenir compte de ses erreurs passées afin de ne pas les répéter à l'avenir. Ca semble être tellement évident que les hommes, à force de vouloir suivre cette logique, parviennent à faire tout le contraire. Chasser le naturel qui revient au galop dit-on. Peut-être l'Homme est- il espèce vouée à s'entretuer...

Elle ferma les yeux en soupirant, puis enlaça Aegis en prenant sa tête contre l'épaule. Ses cheveux se mêlèrent à ceux de sa sœur, donnant ainsi un étrange reflet exotique.
Siolith rompit cet instant émotionnel en se redressant, reprenant sa stature digne d'une dame de la haute société. Elle se retourna et marcha en direction du fond de la boutique, sa robe trainant derrière elle, sans se retourner : elle n'avait qu'à suivre après tout. Les choses sérieuses pouvaient enfin commencer, car elle était sur le point de mettre le doigt sur un indice qui lui permettrait de remonter aux origines du clan, et par la même de remonter à celles du monde et de ses dimensions. A moins qu'elle n'ait suivi une fausse piste depuis le début, un chemin n'offrant qu'un simple lot de consolation au lieu de la récompense tant attendue.

Aegis, il est primordial que la confiance s'installe entre nous, ainsi qu'entre toutes les sœurs du clan. Notre force est notre unité, il ne faut jamais l'oublier.

Atteignant son bureau, elle en fit le tour et s'asseya dans le fauteuil, commençant à fouiller dans les piles de papier qui semblaient pousser comme des arbres au fil du temps.

Même si notre dimension d'origine à été anéantie, fusionnant avec toutes les autres pour former celle dans laquelle nous nous trouvons actuellement, le Cléon a conservé son indépendance, comme s'il était protégé des autres. Peut-être une force conservatrice, mais ce qui est sûr c'est que même le Crysis n'a pas pu l'atteindre.

Cela semblait se résumer à une simple équation physique où un arc électrique se heurtait à un isolant. Quelque chose ou quelqu'un empêchait la fusion de certaines dimensions. Si ce phénomène pouvait être déclenché ou bloqué volontairement, alors il était possible de créer une dimension complètement impossible à déformer et donc immunisée au Crysis ou à d'autres tentatives d'intrusion par des dimensions proches. Dans une autre mesure, il devenait donc possible de transformer des dimensions en prison pour leurs occupants.

Elle ressortit, la main victorieuse au bout de laquelle se trouvaient moults calculs incompréhensibles par d'autres personnes que son auteur.

J'ai peut-être la réponse au besoin de l'humain d'évoluer autant en tant qu'espèce qu'au niveau technologique.

Mes pupilles s'écarquillèrent un court instant à mis chemin entre le choque et la surprise dû à l'accolade entre mon aînée et moi même. Essuyant les quelques larmes aux coins de mes yeux et reniflant silencieusement je me mis à suivre Siolith, d'abord du regard puis mes pas imitèrent les siens en se dirigeant vers un large bureau. Là bas l'Archiviste prit place dans un fauteuil tout aussi grand et se mis à explorer les montagnes de paperasse se trouvant à sa disposition tout en continuant de parler. Pour ma part je me trouvais de l'autre côté du bureau et scrutais d'un air curieux la dame aux cheveux de lin lors de sa recherche intensif d'un document apparemment important à ses yeux qu'elle finit par retrouver. M'approchant du bureau en à peine trois pas je saisie le papier, trésor des fouille archéologique de Siolith et y jeta un coup d'oeil avant que mon visage ne se pare d'un masque blasé. Les paroles clairs qu'avait prononcé Siolith jusque là n'allaient pas du tout de paire avec la feuille noircie d'encre et de mots incompréhensibles qu'elle venait de me tendre. Je plissais mes yeux au possible des capacités humaine afin de tenter de déchiffrer le charabia de ma soeur... En vain. Il est possible que la feuille soit entièrement codé car après tout il était improbable que l'Archiviste Kunan puisse avoir une écriture illisible telle que celle ci! Du moins je crois? Maintenant que j'y pense je n'ai jamais vraiment prêter attention aux style d'écritures de mes soeurs auparavant... Pour commencer je doute sincèrement que Themis sache écrire et même si elle en était capable sa calligraphie doit laisser à désirer étant donné sa cécité. Mais bon l'Inquisitrice mis de côté je suis persuadé que les membres du clan tout entier arbore une magnifique écriture, il ne peut en être autrement! Quoi qu'il en soit étant incapable de lire cette langue étrange soigneusement inventé par l'aînée de la famille je lui rend son trésor sans pour autant quitter mon air dénué d'expression puis croise les bras en empoignant mon menton comme les grands détectives de mes polar favoris.


- Et cette réponse serait...?


Je me retiens de me coller une paire de gifle face à une telle réplique, quel manque de charisme horrible, comment peut on être à se point et constamment à côté de la plaque c'est fou.

Siolith vit la curiosité sur le visage d'Aegis au moment où elle posait cette question. Cette fois elle n'avait pas scrupuleusement choisi ses mots, elle n'avait pas tourné sa langue dans sa bouche ni réfléchi pendant dix minutes à ce qu'elle allait dire. Une question directe et franche dont l'auteure parut contrite immédiatement après l'avoir posée.

Il n'est pas mauvais d'être pressée de connaître la réponse, Aegis. La patience est une vertue qui vient avec l'expérience, et l'expérience vient avec les années. Tu es encore jeune dans ce clan par rapport à moi ou a Themis.

Siolith considéra un instant sa cadette, qui semblait vraiment se morfondre,
; non elle s'auto-flagellait intérieurement d'être en présence d'elle. Elle avait autant changé que cela ? Peut-être faisait-elle peur à ses autres sœurs et qu'Aegis était simplement plus sincère que les autres. Une question franchit sa bouche au moment même où elle y pensait :

Pourquoi je te fais peur ? Pourquoi te pardonner ? Qu'as-tu fais ?

Question abrupte certes, mais elle l'avait posée, plus moyen de reculer maintenant. Aegis était nerveuse depuis le début et cela devait cesser : il ne devait exister aucune ambiguïté entre les Kunan, autrement le clan pourrait en souffrir. Il n'y avait rien de plus puissant que les doutes pour séparer les êtres proches.
Assise dans son siège, elle avait ressorti son étrange bâton émettant cette fumée bleue à la flaveur si particulière qu'elle prt a ses lèvres pour en tirer une longue bouffée. Il était inutile de continuer la discussion si la réponse n'était pas à sa convenance. L’Archiviste prit le pas sur la sœur et elle observa très consciencieusement les mimiques et les quelques mouvements nerveux de son interlocutrice. L'honnêteté faisait partie de ces principes auquels Siolith tenait et jusque-là, elle l'avait toujours suivi très scrupuleusement ; que pouvait-on espérer si le mensonge se tapissait derrière chaque parole prononcée ?

Siolith fut tellement soulagée de la réponse qu'elle ne put s'empêcher de laisser un nouveau sourire lui embellir le visage ; ce n'était donc qu'Aegis qui se posait trop de questions. Jamais elle n'aurais cru que les événements du Cléon suivraient encore l'incantatrice alors que Siolith avait déjà annihilé tous ces événements de son esprit. Car il en retournait exactement de la discussion qu'elles venaient d'avoir : tant qu'elle gardait à l'esprit les erreurs du passé afin de ne pas les reproduire par la suite.
La lumière parut revenir en ce lieu qui bannissait les rayons du soleil, les noirceurs disparaîssantes avec les doutes qui avaient effleurés l'esprit de Siolith l'espace d'un instant.

Aegis, tu es ma sœur au même titre que toutes les autres depuis que tu as passé le Troisième Cercle. Ton engagement pour la Famille est aussi impliqué et honorable que celui de toutes les autres. Ce que tu as fait, tu l'as fait pour le bien de la famille, et cela même si la méthode consistait à sacrifier l'une d'entre nous.

Elle marqua une pause. C'était vrai, faire passer l'intérêt de la famille avant même l'intégrité d'une sœur, cela ne pouvait émaner que d'une personne totalement dévouée à sa cause. Ni Siolith ni aucune autre sœur n'avait de pierre à lui jeter ; ce qui la rassura elle-même : elle disposait d'un atout de taille au cas où Themis voudrait revenir à la charge pour donner sa fessée à la Sorcière.
Et puis après tout :

Tu sais Aegis entre nous deux, celle qui est le plus à blâmer, ce serait moi. En agissant pour le bien de la Famille, j'ai provoqué une guerre qui a engendré des milliers de morts, causé la fusion de plusieurs dimensions et sans doute l'instabilité de plusieurs autres. Je ne sais pourquoi, mais c'est dans notre sang : notre instinct de survie prône sur tout le reste. Je suis simplement en train de démêler et de mettre à la lumière des indices qui pourraient me permettre de comprendre des faits qui pourraient s'avérer déterminants pour un avenir que l'on voit pointer à l'horizon.
Tu dois sûrement le savoir, mais je dois bientôt retourner au Pays des Sorcières et cela fait partie de mes plans.

Elle qui pensait avoir fini avec le monde et ses ennuis, voilà qu'elle se rendait compte que quelque chose de plus énorme encore se tramait derrière les événements qu'elle avait déclenchés. Des événements qui ne concernaient même pas les batailles actuelles, mais situés entre le temps et l'espace.
Elle garda le silence, laissant l'occasion à Aegis de lui donner la réplique face à cette dernière révélations que peu de monde avait ouïe dire.

Une aide ? Siolith vivait seule depuis des décennies, ce n'était pas vraiment d'aide dont elle avait besoin, mais d'une présence. Elle était seule et donc devait se forcer à cotoyer des gens, de sa famille ou non, afin de ne pas sombrer dans la totale sociopathie. Aegis était sa sœur, et même si elle avait essayé de la tuer, elle s'était repentie, quoi qu'on en dise.
Siolith la laisserait être dans son dos en connaissance de cause, car elle lui faisait totale confiance, comme elle acordait cette même confiance à chacune de ses sœurs.
Sa voix résonna dans l'air comme un son de libération :

Pourquoi refuserai-je une aide si promptement proposée ? Il serait d'autant plus avisé que ma dernière visite chez tes consœurs était une manipulation pure en vue de déclencher la guerre entre elles et Shibusen.

Je ne crois pas être reconnue dans ce corps, mais à la seconde où je prononcerait mon nom et ma qualité, j'aurais certainement à faire fac e à une levée de bouclier que seule toi pourra calmer. C'est grâce à toi que le monde des sorcières à pu fusionner avec cette dimension, ce qui fait donc de toi une voix à écouter en cas de conflit.

C'était d'autant plus vrai que c'était à ce moment qu'Aegis avait attenté à la vie de l'Archiviste. Tous les détracteurs magiques, féminins ou plus rares, masculins, de Siolith auront d'abord à entendre la voix d'Aegis non pas en tant que sœur de cette dernière, mais en tant que Sorcière.

Dans ce cas tu ne devras pas hésiter, ta voix devras être ferme et assurée, Aegis, car ce n'est plus de moi qu'il s'agit, mais de toi également : tu es devenue une figure notable chez les sorcières, il s'agit donc non seulement de ta réputation, mais aussi de ta vie. Parle-leur avec la même assurance que lorsque tu as essayé de me tuer, cela devrait être suffisant...

Un sourire flotta sur ses lèvres ; elle savait que c'était dur pour sa sœur d'évoquer ce moment, s'amusant de voir à quel point elle était mal à l'aise à l'idée qu'elle puisse lui reprocher une action qu'elle n'avait pas accompli.
Elle se pencha pour récupérer les notes qu'elle avait étalées sur le bureau pour les ranger soigneusement à leur place, c'est-à-dire en plein milieu d'une colonne de papier. Les révélations sulfureuses attendraient un autre jour ; dans tous les cas être au courant maintenant ou plus tard, cela ne changerait en rien ce qui était en train de se dérouler en ce moment même. Elle se devait d'abord de trouver le moyen d'arrêter tout ça avant d'en parler vraiment...