Le panneau paraissait toujours aussi accueillant et fournit, malgré le nombre de missions qu'elle avait déjà faites. Elle avait l'impression qu'elles étaient inépuisables, et surtout par ce fait, que le monde entier avait des problèmes et que tous avaient la même idée: demander de l'aide à la Shibusen. Cette fois, cela l'envoyait littéralement de l'autre côté de la plantète, en Inde, dans un port comme tant d'autres. Heureusement que les manieurs de la Shibusen étaient résistants aux diverses maladies qui traînaient un peu partout car l'endroit où elle allait aller ne serai pas le monde rose des petits poneys, mais plutot la même crasse qui régnait dans le salon de Jabba le Hutt (star wars référence power!). Siolith fut bien obligée de prendre un avion pour se rendre dans cette lointaine contrée, même si elle ne portait pas ce mode de transport dans son cœur. Les turbulences qui eurent lieu pendant le voyage la confortèrent dans son point de vue, et se fut avec soulagement qu'elle aperçut l'aéroport et qu'elle posa le pied à terre. Le désenchantement arriva rapidement en regardant tout autour d'elle; les gens, les passants, les rues, tout était d'une saleté révoltante et elle se demanda comment les gens pouvaient être aussi négligents de leur personne et de leur environnement. Bref, cela ne la concernait pas, ils devaient sûrement avoir d'autres choses bien plus importantes à faire que de se laver. Le port n'était pas vraiment loin, donc elle se prit le droit de marcher un peu et sortit le papier de mission, histoire de s'informer un peu plus sur la nature de ce qu'elle devait accomplir. La manieuse s'arrêta net: euh? Un problème là! C'était pas une mission ça, c'était une sauvetage, voire un miracle qu'on lui demandait! Et en plus de ça elle l'avait prise seule! Eerf! C'était mal barré cette fois; elle devait se farcir quatre bateaux remplis de pirates qui avaient pris au piège un dernier dans l'espoir de chacun être le premier à mettre la main sur le trésor qu'il remonterait des fonds. Le pauvre Capitaine Shadock devait faire dans sa culotte en ce moment même sans oser poser une palme dans les fonds marins. Dans le cas contraire, il risquait de se faire couper la gorge par quatre factions en même temps toutes assoiffées de richesses et de sang tandis que lui n'était qu'un humble explorateur qui voulait exposer au monde entier les trésors de nos ancêtres.
Siolith leva les yeux de la feuille et regarda devant elle. Elle était arrivée à destination et le spectacle faisait presque peur à voir. Le bateau qu'elle devait sauver était bel et bien au milieu de quatre autres navires, mais il était plus petit et forcément moins bien armé. Qu'est-ce qui empêchait donc les autres de l'attaquer? Elle n'aurait la réponse qu'en posant la question à son propriétaire! Elle regarda le quai, puis la poupe de l'un des bateaux qui était amarré non loin; elle devait passer le plus rapidement possible. Ni une, ni deux, un cercle apparut sous ses pieds et dans un claquement, elle fut projetée sur le bois du bateau, au milieu de plusieurs mousses qui récuraient, armés d'un serpillère. Ils la regardèrent avec des yeux de merlan frit, puis partirent en lâchant tout et en hurlant "Alerte, Alerte!" Siolith regarda le deux gars s'éloigner d'un air blasé et fit quelques pas pour ramasser quelque chose.
Les pirates arrivèrent, en tout une bonne quinzaine, avec leur capitaine en tête, pour voir ce qui se passait. Quelle ne fut pas leur surprise de trouver une jeune femme aux cheveux blancs en la personne de leur "agresseur". Certains rigolèrent et d'autres montraient du doigt les deux serpillères qu'elle tenait dans chaque main en lui lançant des quolibets. Seul leur capitaine garda son sérieux et lança l'assaut. Les sourires disparurent et instantanément, les pirates firent glisser leurs armes hors de leurs rangements et assaillirent la manieuse. Les deux premiers volontaires furent cueillis d'un coup direct et en pleine tête et furent à terre, sonnés. Faisant quelques mouvements rotatoires avec ses armes de fortune elle plia les genoux et balaya le sol autour d'elle, faisant tomber une bonne flopée d'autres soldats amateurs, plusieurs commencèrent immédiatement à se relever et mal leur en prit: Siolith marcha soigneusement sur la tronche de chacun en prenant soin de n'épargner personne, jouant de la serpillère lorsqu'un heureux gagnant échappait à son talon. En un instant, seul le chef resta debout et Siolith, faisant tournoyer les instruments de récurage, les abattirent toutes l les deux en même temps sur les tempes du gars, qui s'effondra comme un mollusque. Une main se releva dans un râle de douleur et elle se contenta de jeter ses "armes" dessus lorsqu'elle descendit dans le soutes. La première menace venait de disparaître, et Siolith releva l'amarre du bateau pour le laisser dériver sur son voisin et pris le grand soin de mettre le feu aux barils de poudre avant de partir le plus rapidement possible. L'explosion dut se voir de très loin, et le navire fut complètement soufflé, avec un des autres bateaux pirates qui avait eu l'idée de voir se qui se passait. Et de deux!
Siolith arriva enfin à bord du navire qu'elle devait défendre et apprit que si les autres navires n'attaquaient pas, c'était parce qu'ils avaient du matériel qu'ils étaient les seuls à pouvoir utiliser et que les ignorants des autres navires n'avaient strictement aucune culture marine. Ils attendaient impatiemment qu'ils sortent le trésor de l'eau afin de leur ouvrir la gorge d'une oreille à l'autre et de leur extorquer leur découverte. Un bruit au-dehors eut tôt fait de le contredire. Effectivement les deux bateaux restants avaient assisté à la scène violente de destruction produite par Siolith. Et avaient apparemment eut la magnifique idée de s'allier afin d'attaquer ensemble le bateau sur lequel elle était et d'ainsi soumettre Shadock à leurs volontés. Ce dernier pâlit, en même temps que le reste de son équipage. Siolith ne sourcilla même pas et se leva dans la cabine du capitaine, tourna les talons et claqua la porte derrière elle. Devant elle se dressaient une cinquantaine d'hommes ricanant, leurs chefs en surplomb, le sabre levé, prêts à lancer l'assaut sur le seule personne qui venait de sortir. Un des sourcils de Siolith se leva, première expression apparue sur son visage depuis très longtemps. Elle joua avec ses doigts, les déliant et les bougeant pour bien les échauffer.
"On dirait que la galanterie est en option par ici…
Les épées s'abaissèrent et Siolith ne bougea pas, attendant l'inévitable, rassemblant sa longueur d'onde sur trois points. Boum! Boum! Boum! A trois endroits différents autour d'elle, un cercle apparut dans le bois du bateau provoquant le même phénomène de projection que lorsqu'elle le faisait sous elle. Sauf que cette fois, c'était sur ses adversaires, et qu'aucun ne s'était préparé à cela, fonçant dans le tas comme des mules sans cerveau. Et c'est ainsi qu'un bon trois quarts des matelots terminèrent à l'eau, à faire joujou avec les jolis requins qui tournoyaient attirés par le remous précédents. Elle prit son temps pour observer calmement la pluie humaine qui s'abattait dans les flots autour d'elle et du bateau. Certains eurent effectivement la malchance d'amerrir au milieu d'une quantité non négligeable de requins aussi gourmands qu'une armée d'Américains attendant leur menus maxi best of au McDo et eurent tout le loisir d'apprécier le speed dating qui se transforma rapidement en mare de sang. Siolith s'appuya contre la porte derrière elle, prise un instant de vertiges; elle avait utilisé une quantité colossale de longueur d'onde dans cette attaque et elle le ressentait. Peut-être aurait-elle quand même dû rentrer à Shibusen pour demander un partenaire pour cette mission? Et puis shit! Elle se baissa et une épée courbée vint se planter dans le porte, juste là où elle était une fraction de seconde auparavant. Elle entendit un ricanement et vit que l'un des capitaine la jaugeait en tentant de dégager son épée de la porte. Il lui refila un dur coup de genou dans le menton au moment où elle s'était baissée et elle fut sonnée, roulant par terre comme un sac, les coups pleuvant autour d'elle. Tant bien que mal, elle se releva, mais elle esquiva trop tard l'épée qui fusait dans son champ de vision. L'épée gratta tout le côté de son corps laissant une marque sanguinolente dans le blanc de son habit. Elle recula, le regard brouillé par la douleur, les mains sur la blessure qui commençait à laisser s'échapper une sacrée quantité de sang. Elle avait le gout de ce même sang dans la bouche et se demanda pendant un instant si l'autre enfoiré l'avait touché dans l'estomac ou quelque part avant de se rendre compte qu'elle s'était mordu la joue lorsqu'elle avait encaissé le coup de genou juste avant. Un coup de pied dans le plexus la fit reculer de quelques mètres et elle sentit le sol plier sous son poids. Sa vue s'éclaircit et elle se rendit compte que sa position n'était vraiment pas la plus enviable au monde! Elle ne savait pas comment elle était arrivée là, mais elle se trouvait sur la planche qui servait au si célèbre supplice du saut parmi les figurants principaux des Dents de la mer. En parlant d'eux, ils avaient l'air on-ne-peut plus motivés à l'idée de goûter sa chair fraîche, d'autant plus qu'elle laissait tomber dans l'eau quelques gouttes de sang. L'autre lui titilla une nouvelle fois les côtes avec la pointe de son sabre, mais Siolith esquiva en reculant prestement, ce qui eut pour effet de plier la planche avec un angle d'inclinaison encore plus dangereux qu'avant. Là, c'était un peu mauvais, cette situation, et elle n'avait vraiment pas envie de terminer sa carrière de manieuse dans le ventre d'un squale. Son talon flirtait avec le rebord de la planche et il ne lui restait vraiment beaucoup d'alternatives: soit elle sautait pour un rendez-vous direct avec sourire-d'enfer, soit elle faisait un miracle… Encore ce vieux truc de miracle? Elle n'arrêtait donc jamais de penser ça? En même temps, à chaque fois qu'elle pensait à ça, elle arrivait à trouver une alternative à une fessée en bonne et due forme. Ce qu'elle fit. Se laissant tomber elle se rattrapa des deux mains sur la planche et, profitant de l'impulsion au moment où celle-ci se tendait, se projeta au-dessus du pirate mal embouché en lui appliquant un coup de pied retourné dans l'arrière du crâne. Le capitaine, complètement pris de court, perdit momentanément l'équilibre et, lâchant son épée, décrivit de grands cercles avec les bras pour reprendre son équilibre. Siolith ramassa alors tranquillement l'épée et au moment où le pirate se retourna, fit mine de le planter avec sa propre épée. La réaction ne se fit pas attendre et le pauvre idiot se jeta en arrière pour éviter l'épée et de retrouva dans l'eau. Siolith perdit alors toute attention au futur cadavre pour se concentrer sur le dernier homme encore debout et état sur le bateau, le plus coriace sans aucun doute. Elle n'avait pas vraiment d'autre choix que de manier ce bout de métal tranchant qu'elle avait en main contre quelqu'un qui faisait ça sûrement mieux qu'elle et surtout beaucoup plus souvent. D'un large mouvement il frappa et Siolith bloqua la lame de toutes ses forces. Son bras tremblait; elle n'avait pas l'habitude de manier un tel poids, ses faux étaient beaucoup plus légères à son gout! Un sourire éclaira le visage du seul homme restant: il lui ferai manger la poussière et l'enverrai rejoindre les requins! Il frappa d'estoc, encore et encore. Siolith comprit alors qu'il ne cherchait pas vraiment à l'atteindre, mais il voulait la fatiguer, puis qu'elle lâche son arme pour enfin l'achever alors qu'elle était sans défense, mais elle n'avait nullement l'intention de lui donner ce plaisir! La lame siffla dans l'air, l'épée de la manieuse lui tomba des mains et elle sentit le métal sur sa gorge. Le pirateeut un large sourire…qui se transforma en rictus de douleur. Plusieurs choses s'était passées durant cette fraction de seconde. Tout d'abord, Siolith avait frappé de son poing le bras qui tenait l'arme, l'engourdissant, puis avait levé le pied au moment où il plaçait sa lame sous la gorge de la jeune femme, laissant une large palette d'ouvertures dont la plus sensible était…entre les jambes. Le bras engourdit par le peu de longueur d'onde que Siolith avait utilisé, il n'arrivait plus à le faire bouger, malgré toute sa volonté pour l'avancer, d'un autre côté, il était tenu à distance par le pied que la manieuse lui enfonçait soigneusement dans les parties. Vaincu, il tomba finalement à genoux se tenant les bijoux de famille d'une main, l'autre étant toujours crispée sur l'arme. Siolith le considéra en secouant la tête, puis s'assit au beau milieu du champ de bataille qu'elle avait engendré. Elle ne sut comment, mais ce fut à l'infirmerie de la Shibusen qu'elle se réveilla, les côtes enveloppées comme un paquet cadeau.
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