Encore lui. Encore ces trois yeux rouges qui me fixaient, qui me scrutaient. Ils étaient si perçants que j'avais l'impression qu'il voyait bien plus profond que mon enveloppe charnelle, comme si il scrutait mon âme, qu'il la mettait à découvert et qu'il la rongeait de sa folie. Je ne devais pas céder, pas maintenant, je suis allé beaucoup trop loin pour lui servir d'esclave, qui ou quoi qu'il soit ! Sa puissance était écrasante, elle exerçait une pression telle que mon corps était dans l'incapacité totale de bouger. J'étais entouré d'un cercueil des ténèbres, un voile noir qui recouvrait entièrement ma vue, je flottais, j'avais perdu tout mes sens. Qu'allais-je faire ? Si je continuais à rester planté là, il finira par me dévorer en entier et prendre le contrôle de mon âme. Non, il en était hors de question ! Avec une force et une volonté qui dépassait mes limites, je tendis mon bras au maximum possible et j'agrippais ce voile qui me recouvrait. Je tremblais. A nouveau, mon corps ne pouvait plus bouger, comme si son regard avait gagné en intensité. J'étais complètement paralysé par la peur, par l'incompréhension. J'ai cru pendant un instant que ma conscience allait lâcher et que j'allais m'évanouir. Mon corps flancha et je commençais à tomber, encore et encore, je plongeais encore plus loin dans les ténèbres, et j'étais conscient que chaque mètre parcouru était un futur mètre à franchir pour remonter à la surface. Je me laissais tomber, plus rien ne me retenait. Son regard me suivait, comme si il n'était finalement qu'un astre lointain mais tant gigantesque que quelque-soit la distance que je parcourrais, son regard ne me lâcherait pas. Je me laissais emporter, tombant dans le vide infini des ténèbres qui m'engloutissaient, lorsque soudain, je senti quelque-chose m'agripper par le col, me retenant de tomber d'avantage. Je ne savais pas qui était-ce, juste une aura familière. Lorsque soudain, cette chose qui me retenait me balançais sur le côté et me lançais de toutes ses forces à la surface. Je remontais bien plus vite que je n'étais descendu, presque instantanément, je vis une lumière pâle et je me réveillais brusquement.
Mon souffle haletant, je tentais de me calmer pour reprendre mes esprits. Mon cœur battait à une vitesse ahurissante, j'ai cru qu'il allait exploser, j'avais mal, mes membres tremblaient, j'étais en sueur et j'étais terrifié. Après quelques minutes, je réussit enfin à reprendre une respiration constante et je commençais à reconnaitre les lieux. Je me trouvais dans les dortoirs pour garçons de Shibusen, il faisait encore nuit. Après un long et dernier soupir, je me levais du lit en me dirigeant vers les sources d'eau chaudes pour me détendre un peu après cette terrible expérience. Une heure après, je m'habillais d'un simple T-shirt noir, d'un jean sombre et des Converses noires aux pieds. Il fallait que je sorte d'ici, que je marche vers quelque-part, je ne pouvais pas rester dans mon lit à rien faire. Je longeais alors les couloirs éclairés seulement de la faible lueur de la demi-lune qui se présentait dans le ciel, mes pas résonnaient dans le long tunnel et je tomba alors nez-à-nez avec la sortie. Je poussais délicatement les portes pour sortir discrètement de l'académie et je les refermaient derrière-moi. Je descendis les escaliers et marchait dans les rues de Death City, cherchant un endroit ou je pourrais passer le reste de la nuit. Qu'est-ce que c'était que cette chose qui me fixait toutes les nuits ? Je ne supportais plus sa présence, aussi bien physiquement que mentalement, j'en avais même peur de dormir à cause de lui. Et puis qui avait bien pu me remonter à la surface dans ce rêve ? En tout cas, je le connaissais, c'était certain. Tablen ? Non, ce n'était pas lui. Mais alors qui ? Tout ceci était trop flou pour moi, je n'arrivais pas à élucider ce mystère qui hantait mes nuits. Devrait-je en parler à Shinigami ? Non, le connaissant il ne le prendra pas au sérieux et au final ça ne m'apportera rien. Peut-être à Tablen ? Lui serait plus en mesure de m'écouter. Je lui en parlerais dès qu'on se reverra.
Alors que je marchais pensif dans les rues éclairées par des lampions, je vis alors une enseigne encore allumée, qui teintait les immeubles avoisinants d'une lumière jaune. Un Night Club, visiblement. Effectivement, ce genre d'établissements n'ouvraient que la nuit, et puis après tout, pourquoi pas, ça me changera les idées. Je rentrais alors, un petit son de clochette retentit lorsque je poussais la porte et je la refermais derrière-moi. Une petite musique sympathique émanait d'un juke-box qui se trouvait dans un coin de la salle. Je m'asseyais alors sur l'un des tabourets en face du bar et j'attendis que quelqu'un daigne se montrer. Je regardais derrière-moi, il n'y avait encore personne, peut-être qu'ils venaient tout juste d'ouvrir, probablement. C'est alors qu'une femme se montra derrière le comptoir. Une jeune femme aux cheveux longs et bruns, attachés en queue de cheval, des lunettes rectangulaires étaient posés sur son nez. Elle avait une chemise blanche à rayures noires sous un tablier noir, une longue jupe noire et des chaussures à talons sur les pieds. Elle avait des formes bien généreuses pour son âge et son visage était tellement mignon. Elle me demanda ce que je voulais prendre, et je commandais un petit verre de whisky qu'elle partit me servir. Lorsqu'elle revint avec mon verre, elle me le posa sur la table et quand elle vit que je soupirais après avoir bu mon whisky, elle m'adressa alors la parole.

« Toi, tu vas pas bien, n'est-ce pas ? Qu'est-ce qui t'arrive ? », demandait-elle en se penchant vers moi.
« Une longue histoire... C'est souvent que c'est aussi désert ? »
« Non, d'habitude on à quelques clients qui viennent, mais apparemment tu es le seul à ne pas être fatigué ce soir, on dirait. », me disait-elle en souriant.
« Vous auriez pas des cigarettes à vendre ? »
« Si, bien sur »

Elle chercha derrière-elle et attrapa un paquet de cigarettes qu'elle me lançais et que j'attrapais en vol. J'ouvris le dessus et pris l'une d'entre elle avant de la mettre entre mes dents et de l'allumer avec le briquet que la serveuse venait de me tendre. Je soupirais à nouveau, qu'est-ce qui m'avais amené ici ? Pourquoi avais-je ouvert les portes de ce Night Club ? Je n'avais rien à faire ici, mais je n'avais pas envie de partir. J'étouffais un petit rire et nous commencions à discuter; moi et la serveuse du bar.

Les minutes défilaient mais je n'y faisais absolument pas attention, je passais mon temps à discuter avec la serveuse de ce Night Club, je me surpris même à parler avec une telle aisance avec quelqu'un, ce n'était pas dans mes habitudes. Je prit ma cigarette entre mes doigts et je la regardais se décomposer. J'avais presque l'impression que mon âme était devenue comme cette cigarette : Quelqu'un l'a allumée et elle se décompose jusqu'à n'être plus que cendres et poussière. La jour ne se montrait toujours pas, tant mieux, ca fera plus de temps à perdre. Je soupirais, laissant échapper un souffle enfumé qui se dissipa dans l'air. J'avais les coudes sur le comptoir et ma main droite tenait mon verre avec lequel j'étais en train de faire tourner depuis quelque temps. Pourquoi étais-je venu ici déjà ? J'en avais oublié la raison, mais qu'importe, j'étais ici et si j'étais ici c'est que j'en ai fait le choix, et je regrette rarement mes choix. Ma tête devenait plus calme, plus sereine, comme si mon cerveau était endormi mais que mon corps restait éveillé. Je ne devais pas dormir, il en était hors de question. Je ne tenais pas à ce que mon âme se fasse consumer par lui. Je pris une autre petite gorgée de whisky qui se trouvait dans mon verre. Je me faisais encore peut-être des illusions, mais j'avais l'impression que la folie était comme ce verre d'alcool ; Quand on commence à y boire, l'effet ne se fait pas ressentir tout de suite, mais au bout de quelques verres, on ressent la folie en soi et il est trop tard pour s'arrêter, car elle se sera déjà emparé de vous. Nous discutions de n'importe quel sujet qui nous passait par la tête, tout était bon à prendre pour parler encore un peu avec elle. Elle était si belle, si féminine, c'était la première fois que je voyais une femme comme ça. A Shibusen, la plupart d'entre elles étaient en meutes, impossible de prendre un quelconque contact avec l'une d'entre elles, ou alors elles étaient toutes seules mais tellement timides qu'elles déguerpissaient au premier mot, ou encore elles étaient toujours accompagnées de leur arme.
Certes, je n'étais pas très social comme individu, mais je me rendais compte à présent que la présence féminine attisait ma curiosité : Qu'est-ce que ca fait d'être amoureux ? Jamais je n'avais ressenti ce sentiment aussi commun aux mortels, et pourtant, il m'intriguait énormément. D'après certain témoignages, l'amour changeait complètement la personnalité, que l'on était plus le même homme. Je n'avais pas réellement envie de devenir quelqu'un d'autre, mais je voulais connaitre ce sentiment, savoir ce que l'a fait lorsque l'on est amoureux et que l'on partage ce sentiment avec un être aimé. Est-ce qu'il y aurait quelque part une fille qui pourrait enfin m'intéresser et avec qui je saurais que je pourrais tout lui dire ? Ce sera probablement pas pour maintenant. Certes j'avais la serveuse en face de moi, mais elle était plus vieille que moi. Si elle était nez quelques années plus tard, j'en étais sur. Enfin bref, ce n'était plus le moment de penser à ça, ce n'était pas réellement ma priorité face à lui. Et puis qu'est-ce qu'il me voulait à la fin ? Pourquoi me voulait-il absolument comme esclave ? Étais-je si "spécial" que ça pour que j'ai son attention, alors que les autres font des rêves normaux ? Alors que je commençais à plonger dans mes pensées et que je tenais ma cigarette entre les doigts, une main me saisit le poignet et la plongea dans un verre d'eau. Je tournais la tête et je vis Tablen, mon partenaire d'arme, tendant le verre d'eau à la serveuse et il portait un regard sévère envers moi.

« Depuis quand tu fumes toi ? Je me suis inquiété ! Tout va bien ? »

Un court silence.

« Je t'expliquerais plus tard... »
« Euh... Excusez-moi de vous interrompre mais... C'est ton partenaire ? »

Un autre court silence, alors que mon regard se portait sur la serveuse qui venait de prendre la parole, puis je me mis à éclater de rire.

« Oui, c'est mon partenaire, mais pas au sens ou tu l'entend. C'est mon "arme", comme je te l'avais expliqué tout à l'heure, il s'appelle Tablen. »

Je le vis avaler son verre. Le voir me rappelait nôtre entrainement aux sous-sols de Shibusen, la salle qui était la matérialisation de son âme. Je me rappelais de cette porte rouge qui se trouvait en face de l'entrée. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien contenir ? Et moi ? A quoi ressemblait mon âme ? Je n'y avais encore jamais songé. Et si il le voyait ? Est-ce qui lui aussi sera touché par sa corruption ? Cette idée me terrifiait, je n'y avait pas du tout pensé ! Et si il était déjà touché ? Et si son poison coulait déjà sur son âme ?! Mes mains se mirent à trembler. Il était hors de question qu'il soit sa victime, c'était moi qu'il voulait, mais il n'a pas le droit de s'en prendre à Tablen ! Je fouillais rapidement dans ma poche, affolé, et y déposa quelques pièces pour payer les cigarettes et le whisky, puis je me levais brusquement de mon tabouret, demandant - c'était plutôt un ordre - de me suivre, puis je me mis à courir. Il ne fallait pas que j'en parle ici, je devais être seul avec lui. Comment avais-je pu être aussi étourdi ?! Si jamais Tablen devenait sa victime, il pouvait signer son arrêt de mort ! Je couru jusque dans une petite ruelle étroite et déserte, c'était l'endroit parfait.

Qu'est-ce que j'allais faire si il était contaminé ? Je ne me le pardonnerais jamais ! Il était hors de question qu'il s'en prenne à Tablen, lui n'avait rien mérité de tel pour se faire corrompre. Et si finalement il n'avait rien ? Je lui aurait alors révélé ma vérité en prenant le risque de ne plus être partenaires... Non, j'avais confiance en mon arme, il ne me lâchera pas aussi facilement, je lui avais déjà révélé pas mal de mes secrets, bien plus qu'à quiconque. Ça me rappelait Pan... Elle me ressemblait tellement, nous combattions ensembles de la même façon que l'on se disait bonjour, nous avions vécu tellement de choses tout les deux, mais il à fallu qu'elle disparaisse de Shibusen du jour au lendemain, sans même prévenir. Et si elle avait été tuée par des Akuheis sans que je le sache ? Et si c'était à cause de lui ? Et si Tablen partagerait le même sort si nous restions partenaires ? Toutes ces questions se bousculaient dans ma tête et me fit chanceler dans ma course, me faisait reprendre mes esprits et me rendre compte d'où j'allais. Je regardais derrière mon épaule pour voir si il me suivait ; Tablen me pourchassait à la trace, tant mieux. Je pris un virage plutôt serré et j'atterris dans une petite ruelle étroite, éclairée par un seul lampion qui clignotait de temps à autre, les autres étaient hors service. Je tentais de reprendre mon souffle, le dos plaqué contre un mur, j'étais complètement hors d'haleine, la respiration haletante et le cœur qui battait à cent-à-l'heure. Après deux longues minutes, mon cœur battait à vitesse normale et mon souffle devenait régulier.
Je vis mon partenaire, devant moi, debout, il me regardait fixement, comme si il en avait assez de mon silence, et mon hypothèse se confirma lorsqu'il se mit à hurler avant même que je ne puisse lui expliquer quoi que ce soit.

« Tu vas te décider a me dire ce qui se passe ? »

Et sur ces derniers mots, il tomba à la renverse, plaquant son dos contre un mur, tentant de reprendre son souffle à son tour. Je le laissais respirer calmement, je ne voulais pas l'énerver d'avantage. Il fallait qu'il sache la vérité, il en avait le droit. Lorsqu'à son tour il reprit une respiration constante, je serrais les poings. Je m'avançais vers lui, je me penchais et lui saisit les épaules par les mains.

« Est-ce que tu as fait des cauchemars récemment ? Est-ce que tu as rêvé de trois yeux verticaux ?! Est-ce que tu sens ton âme se corrompre ??!! RÉPOND-MOI !! »

Ma voix s'élevait à chaque question que je posais, au point qu'à la fin j'en hurlais, et je secouais presque mon partenaire, je sentais bien que mes mains s'agrippaient de toutes mes forces à ses épaules, je me surpris à avoir aussi peur que je chancelais et reculais de quelques pas en arrière avant de plaquer à nouveau mon dos contre le mur et de glisser jusqu'à en toucher le sol. Je tremblais de tout mes membres, non pas du froid ou de l'atmosphère inquiétante qui régnait dans ces lieux sombres, mais de peur. J'étais terrifié à l'idée de savoir que mon partenaire courrait un risque d'avoir reçu ma propre malédiction et l'empêcher de vivre une vie tranquille, personne ne mérite de subir un tel traitement au point d'avoir peur de dormir. Le lampion qui éclairait les environs clignota de plus en plus fréquemment au point qu'il s'éteignit quelques secondes plus tard. Je me levais brusquement et pivota en demi-cercle pour balancer un coup de pied contre le poteau de la lampe, sous un juron bien prononcé, qui se ralluma sous le choc du coup. Je posa un pied à terre et frottais mes mains contre cette même jambe qui me faisait maintenant souffrir à cause de la trop grande résistance de la matière métallique de la lampe.
Une larme traversa ma joue sans que je ne l'y autorise, me forçant à l'essuyer rapidement d'un revers de la main, espérant que mon partenaire ne l'aie pas vue. Elle avait coulé pour deux raisons : La première étant le choc reçu par le poteau qui me faisait maintenant souffrir, et la seconde était que je ne supportais plus cette tension qui régnait dans ma tête à cause de lui et de croire encore Tablen en danger. Si jamais il venait à être contaminé, jamais je ne me le pardonnerais, jamais. Une fois ma jambe soulagée, je me rassis contre le mur, je pliais ma jambe droite et j'y déposais mon bras droit, plié et ma main gauche me servant d'appui contre le sol.

« Désolé de mon comportement si... brutal. Je vais t'expliquer : Depuis peu, je rêve toutes les nuits d'un voile des ténèbres qui m'entoure, comme si je n'avais plus aucun sens, et de trois yeux rouges verticaux. Ces yeux ne sont pas normaux, à chaque fois qu'ils me regardent, j'ai l'impression qu'il fixe mon âme et qu'il la corromps, comme un poison qu'il laisserait couler sur elle et qui ferait de moi son esclave. Et je me demandais si tu faisais pas les mêmes rêves à cause de nôtre... lien "meister-weapon", tu vois ce que je veux dire ? »

Je baissais la tête, laissant une ombre cacher mes yeux et je poursuivis.

« J'ai peur de lui... Il me fait peur, à un tel point que je suis maintenant terrifié à l'idée de dormir. Je ne sais pas ce qu'il me veux, mais je n'ai trouvé aucun moyen de m'en débarrasser, a part de ne plus dormir... Désolé de t'avoir inquiété, maintenant tu connais la vérité. »

La nuit se faisait pesante, l'atmosphère était insoutenable, j'avais l'impression de nager dans ce voile des ténèbres de mes rêves, heureusement qu'il y avait ce lampion qui illuminait les lieux, sinon je risquais de perdre la tête et de devenir fou. Je restais assis, plaqué contre le mur, un rat passa entre Tablen et moi, sans même se soucier de nous, et il détala à toute vitesse à la sortie de la ruelle. Je regardais l'autre côté de la ruelle, la ou les ténèbres s'enfonçaient de plus en plus. Cet endroit avait beau avoir l'air isolé du reste de la ville, elle était quand même inquiétante. Dès que nous en aurions fini avec cette discussion, il sera de bon ton de filer d'ici. Je regardais à nouveau mon arme qui prit alors la parole.

« Tu sais, ce n'est pas pour te faire peur mais je fais des cauchemars toutes les nuits. Mon passé me rattrape toutes les nuits. Tu as pu le remarquer à l'intérieur de mon âme. Peut être cette porte rouge t'inquiète mais elle n'est que ma propre corruption, en aucun cas celle de quelqu'un d'autre. »

Son passé ? Ah oui, sa famille décimée par ces bandits. Je ne savais pas ce qu'il pouvait éprouver, mais je pouvais au moins l'imaginer. Si je parvenais à perdre mon père et ma mère par des individus à qui ils n'avaient aucun rapport, et même s'ils en avaient un, je ne pourrais jamais leurs pardonner. Ils n'ont pas le droit d'enlever des vies sous prétextes personnels, c'est de l'injustice ! Non, il fallait que je me calme, si je commençais à m'énerver maintenant, le pire pourrait advenir. Je ressentais de plus en plus d'émotions en ce moment, des émotions nouvelles : La peur, la colère, la compassion... Tout ces mots m'étaient étrangers pour moi, jusqu'à ce que j'entre dans cette fameuse académie fondée par le Dieu de la Mort. Tu parles d'un dieu, à part ressembler aux clown dans les cirques, je me demandais bien ce qu'il y avait de divin chez lui. Soudain, je vis la mine de Tablen changer : Il y avait quelques secondes encore, il avait un visage rassurant, souriant, le visage d'une personne auquel je pouvais faire confiance, et la seconde suivante, il avait un visage de marbre, voir de glace, la mine sérieuse, presque assassine. Ce visage... Me rappelais le mien, avant. Ressemblais-je vraiment à ça avant d'avoir rencontré Tablen ? Avais-je vraiment ce regard qui menaçait de mort ? Étais-je aussi terrifiant ? Avant que mes pensées ne se poursuivent, Tablen se racla la gorge, signe qu'il allait reprendre la parole, quelque-chose de très sérieux, à n'en pas douter, je devais me concentrer sur ses paroles.

« Cependant je te jure que je te servirais jusqu'à ma mort, je serais l'arme de ta vengeance. Et pour ton problème j'ai peut-être une solution. Je ne supporte pas l'idée que quelqu'un joue avec tes nerfs. Faisons comme lors de cet entrainement. Je propose de faire l'inverse, je veux explorer les tréfonds de ton âme. Qu'en penses-tu ? »

Q... Quoi ?! Il voulait voir mon âme ? Et prendre le risque de le rencontrer ?! Mais il en était hors de question ! Je refusais catégoriquement qu'il entre dans mon âme et qu'il soit corrompu par ces trois yeux ! Il en allait de sa vie, enfin, se rendait-il vraiment compte du danger qu'il courrait en faisant ça ?! Je me levais brusquement, et je m'apprêtais à refuser son offre, mais... son regard me disait de lui faire confiance, qu'il pouvait régler ça... Je ne savais pas quoi faire, est-ce que je devais prendre ce risque ? Je ne savais pas, je ne voulais pas qu'il soit corrompu par sa folie, je ne me le pardonnerais jamais si il en venait à mourir. J'hésitais. Un long silence s'en suivit. Le vent se mit à souffler. Je serrais les poings. Que faire ? Je levais alors la tête, soutenant le regard glacial de Tablen. Oui, aucun doute, il me disait bien de lui faire confiance, son vœu sera exaucé. Je lui tendis la main, lui faisant signe de la prendre.

« Très bien, je te fais confiance. Prenons ce risque ensemble, et détruisons cette menace tout les deux ! »