La journée avait été ennuyeuse jusque là pour moi. Les cours, ces éternels cours où l’on vous apprenait à calculer, à retenir l’histoire du monde, rien de bien bien intéressant quand on y pensait. Seules quelques matières m’intéressaient, et parmi elles, les cours du docteur Stein et ses dissections. Bien qu’il soit assez bizarre, il avait toujours quelque chose à vous apprendre, que ça soit en ouvrant un animal rare, exotique et menacé d’extinction ou que ça soit lorsqu’il assistait à des combats en tant que juge. Il faisait toujours des commentaires, c’est vraiment intéressant de l’entendre parler et d’apprendre avec lui. Certes, il a toujours un petit côté sadique, à vouloir tout le temps disséquer des camarades ou d’autres élèves. Après les cours de Stein, très appréciés, se trouvaient les cours d’histoire mais centrés sur Shibusen et maître Shinigami. On y voyait l’histoire de la création de Shibusen, et pourquoi on chassait les pré-démons. Bien que l’on n’ait pas beaucoup de détails, les raisons restant très obscures, on comprenait quand même un minimum pourquoi l’on agissait ainsi et pourquoi il était aussi important de garder cet équilibre intact, pour éviter de détruire complètement le monde, de le faire plonger lui et ses habitants dans la folie. Après ces cours, venait la pause, sûrement la leçon la plus appréciée par les élèves et peut-être un peu aussi par les professeurs. Cela leur permettait de prendre un peu de repos, de décompresser lorsqu’ils avaient des classes difficiles ou bien des élèves légèrement perturbateurs à leurs cours. Quant aux élèves, les pauses n’étant pas des cours, ils étaient pressés d’y arriver et ne voulaient pas qu’elle se finisse trop vite, pour ne pas devoir retourner s’asseoir à un bureau, à occuper une chaise et écouter des professeurs parler de choses pas toujours très intéressantes voire même franchement ennuyantes. Les cours, si on peut les appeler comme ça, les plus intéressants, étaient sûrement ceux qu’on trouvait sur le panneau des missions. Bien que les élèves défilent devant ce tableau, prenant les missions, il y en avait toujours d’autres qui revenaient. Jamais encore on n’avait trouvé le tableau des missions vides, toutes les missions étant occupées ou ayant été exécutées avec succès. C’est ici que je me trouvais, après une journée de cours bien remplie, je cherchais une petite mission pour occuper un week-end qui, étrangement, était vide. Je n’avais rien de prévu, je n’avais rien prévu et je ne prévoyais pas de faire quelque chose. J’observai le tableau, cherchant une mission qui me bottait bien, que je sentais bien, quelque chose de pas trop dur, mais pas non plus quelque chose d’hyper facile qui serait accompli en une heure. Il fallait quelque chose où j’aurais des chances de combattre, il fallait absolument que j’apprenne et que je m’améliore au combat en solo, le combat avec ma partenaire ne me faisait pas peur, nous étions complémentaires, donc le combat à deux ne serait pas trop dur, bien qu’il fallait absolument que nous nous entrainions. Mais le combat en solo, autant le dire, je suis une pive pour combattre tout seul. Ça va bien les deux premières secondes et après, plus rien. Le vide total, je n’arrive plus à m’adapter à mon ennemi, à trouver les bonnes contre-attaques, en gros, je me fais maitriser très très vite. Il faut absolument que je corrige ça avant de me retrouver dans une situation où ce combat se jouera avec comme enjeu la vie du gagnant. Autant dire que la mission que j’allais choisir était très importante. Soudain, je trouvai la mission qu’il me fallait. Elle consistait à aller aider un petit vieux prisonnier d’un groupe de voyous et d’escorter un médecin pour s’assurer que le petit vieux allait bien. Parfait comme mission. De l’escorte et sûrement un petit peu de combat. Juste ce qu’il me dallait. J’arrachai la fiche du tableau et partit tout de suite dans le bureau du toubib pour lui demander de m’accompagner. Il se prépara et dix minutes plus tard, nous étions prêts à partir pour aller sauver la personne.

D’après les informations données par maitre Shinigami, le village des voyous, se trouvait à une centaine de kilomètres de Death City, en plein milieu du désert. D’après ce que j’avais compris, ils s’étaient construits un village rien que pour eux, comme une sorte de quartier général, en plein milieu du désert, pour échapper aux lois des pays limitrophes. Certes, c’était très bien, mais du coup, pour eux, ils pouvaient voler sans s’inquiéter de savoir s’ils allaient finir en prison ou pas. Après avoir pris une voiture, nous nous dirigions donc en direction de leur village. La chaleur était étouffante, le soleil tapait dur avec presque un rire sadique et le sable semblait vouloir renvoyer toute cette chaleur sur nous. Heureusement que nous avions pris de grandes quantités d’eau, sinon, je ne sais pas comment nous aurions fait pour mener à bien cette mission. Le campement approchait, et nous nous arrêtâmes à bonne distance, pour éviter de se faire repérer par les éventuelles sentinelles puis je me mis à patienter avec le docteur pour attendre la nuit. Juste avant que le soleil se couche, je partis pour aller repérer le terrain, pour me faire une idée de comment nous devrions agir. Deux gardes se trouvaient à l’entrée du pseudo-village, à peine quelques cabanes, et étaient placés de part et d’autre de la porte. Les autres, semblaient un peu dispersés dans le village. Je revins et fis par de mon espionnage au docteur avant d’attendre la tombée de la nuit.

Une fois la nuit tombées, je repris le chemin que j’avais fait plus tôt et fit un détour pour venir prendre depuis le flanc un des gardes. Le docteur fit de même pour l’autre et au moment où l’un d’eux se baissa pour aller ramasser une pièce que j’avais jeté, je transformai mon bras en disque et je sautai sur mon gaillard et le tuai en lui tranchant la gorge. Je vis le docteur chloroformer l’autre puis l’attacher. Je récoltai l’âme rougeoyante qui flottait désormais à quelques centimètres du sol et je la mis en lieu sûr. Jusque là, tout s’était très bien déroulé. J’entrai dans le village, gardant mon bras sous sa forme d’arme au cas où j’en aurais besoin, le docteur ayant pris un bâton qu’un des gardes avait avec lui et je me mis à longer la palissage du village, restant dans l’ombre des maisons, faisant attention lorsque je devais passer à découvert de bien vérifier qu’il n’y avait personne. Le docteur me suivant toujours. Nous arrivâmes à la cabane où se trouvait le petit vieux, facile, c’était la seule cabane avec des barreaux et deux gardes à la porte. Je refis le même manège, moi prenant un des gardes, le docteur prenant l’autre. Je restai dehors à surveiller les autres bâtiments pendant que le docteur entrait pour aller délivrer et éventuellement soigner le prisonnier. Une fois cela fait, nous repartîmes par le même chemin, le docteur en premier, le prisonnier en deuxième et moi en dernier par le même chemin que nous avions pris à l’aller. Je rejoignis la voiture et nous partîmes. La mission était accomplie. Mais je l’avoue, j’étais un peu déçu de la façon dont elle s’était déroulée. J’avais agi à la ninja, sans jamais avoir vraiment un combat contre un ennemi. Mais le petit vieux allait très bien et c’était ça l’essentiel. Alors que nous roulions, je levai les yeux vers le ciel et je souris. Une mission de plus menée à bien.