Italie. Un samedi soir comme les autres, pour le manieur et l'arme qui se retouvaient seuls dans la cour du manoir de la famille Alexanders en cette nuit de pleine lune, avec comme motif un petit rencart amoureux quotidien. Le manieur était l'un des jumeaux Ascenders, Alexander, et avait quatorze ans, tout comme son épée Miranda, qui était également, par extension, son actuelle petite amie. Assis confortablement sur un banc, avec quelques domestiques passant éventuellement pour leur apporter des victuailles, des boissons, ou même des couvertures, les deux adolescents s'embrassaient, se caressaient, se parlaient tendrement, dans une intimité loin d'être complète, mais qui suffisaient à de nobles personnes constamment surveillés par leurs domestiques. Il fallait dire qu'ils avaient la vie tranquille, là, entre amoureux, n'ayant presque jamais eu à combattre, les âmes d'embryons de démon leur étant offertes d'office et sans dangers. Ils n'avaient qu'à se contenter de flemmarder et de profiter de leur noble vie... Au détriment de tous ces Akuheis assassinés et vendus au marché. Et cela irritait profondément Sakuya Izayoi, cette femme anarchiste qui avait accepté la mission d'assassinat de ces deux vulgaires enfants. Ce n'était pas trop son genre de prendre des missions, cela la rapprochant selon elle de la lobotimisation, même si c'était une organisation indépendante. Mais ça lui arrivait de faire des exceptions, et cette mission-ci en faisait partie, et cela pour plusieurs raisons.

Tout d'abord parce qu'elle détestait ce procédé de pistonnage. Des personnes aux mêmes rêves violents et surhumains qu'elle, se faisaient tués et vendre comme des moutons tout ça pour permettre à un sale gosse à peine capable de manier son arme de gagner en puissance, et ça, bien que Sakuya se fichait éperdumment de la survie de ses compagnons, elle ne le supportait pas. De plus, ces personnes faisaient partis d'une famille de haute lignée, ce qui n'allait pas sans lui rappeler la vie pourrite que la belle Akuhei menait chez ses parents. Non seulement une telle maison l'insupportait, mais en plus, elle se devait, par principe, de délivrer ce jeune homme de la vie misérable et toute tracée qui l'attendait, en le tuant de ce pas. Enfin, cela allait bien sûr apporter un certain plaisir à Sakuya de tuer deux personnes et de récolter leurs âmes, ce qui lui apporterait un gain supplémentaire de puissance. C'était pour cette raison que cette nuit-là, ayant eu vent de la petite sortie amoureuse qu'organisaient ces deux jeunots, Sakuya s'était infiltrée au sein du manoir, se faisant passer pour l'une des domestiques, et qu'en se comportant subtilement comme telle, avec son habit habituel de soubrette, l'Akuhei maléfique s'approcha du couple avec un plateau en fer à la main, où était posée, sur un coussin pourpre, une lettre. Alexander, prenant cette nouvelle arrivante, dans l'obscurité de la nuit, pour une simple servante, la laissa s'approcher et s'adresser à lui, extirpant le couple d'un calin sensuel.

"Excusez-moi de vous déranger, monsieur Ascenders, mais vous avez reçu une lettre de la plus haute urgence, et on m'a chargé de vous la remettre en mains propres et de vous la faire lire. Vous pourrez reprendre vos occupations après cela, ne vous en souciez point."

Le jeune homme acquiesa sans prendre la peine de remercier Sakuya, et prît la lettre sur le coussin, avant de la déplier et de la lire à l'aide du peu de lumière présente sur les lieux. Miranda, point inquiète, posa sa tête sur son épaule et ferma les yeux en attendant qu'il finisse de la lire. Soudain, son regard noble et hautain changea pour une regard terrifié, son corps commençant à trembler, et écarquilla les yeux. Losqu'il eut fini la lettre, il leva un regard horrifié vers la domestique qui le lui avait confié, et l'instant d'après, alors qu'il s'apprêtait à dire quelque chose d'une voix troublée, une lame siffla, et l'instant d'après, du sang gicla des gorges des deux amoureux, égorgés. Ceux-ci crevèrent sur le coup, à même le banc, leurs deux âmes s'élevant doucement dans les airs, et la lettre tomba de la main d'Alexander, avec du sang des deux victimes décorant cette dernière. Sakuya, un couteau ensanglanté à la main, regarda le couple mort d'un air fier et macabre, puis prît la lettre au sol et la replia, la reposa sur son plateau, et la posa sur les genoux du jeune Ascenders. "Finalement, cette mission avait été rapidement bouclée", pensa Sakuya, mais elle s'était avancée un peu trop vite, car au moment où elle venait de finir son repas d'âmes avec plaisir et sadisme, deux domestiques qui passèrent par là virent la scène, et sonnèrent l'alerte, rappliquant d'autres domestiques. La belle Akuhei fronça les sourcils en se voyant déranger, puis se dît finalement que s'occuper de ces serviteurs l'occuperait un peu, étant encore sur sa faim.

C'était bien connu, Sakuya détestait les domestiques. Les vrais. Ceux qui sont tout dévoués à leur maître. Et c'était pour se moque d'eux qu'elle s'habillait toujours en maid. Elle ne voyait rien de plus pitoyables que des êtres soumis aux autres. Ainsi, ce fut avec un énorme plaisir qu'elle fonça sur les deux hommes qui avaient sonnés l'alerte, leur plantant à chacun un couteau dans le coeur. Les serviteurs hurlèrent de douleur, crachèrent du sang, et s'effondrèrent au sol, leurs âmes s'élevant au niveau de Sakuya qui les mangea avec délice. Juste après, cinq autres domestiques attirés par les cris se ramenèrent les uns après les autres, et Sakuya leur fît subir le même sort que leurs deux compagnons, avalant leurs âmes avec plaisir et cruauté. Puis, en entendant la garde arrivait, Sakuya rangea ses couteaux et s'enfuit, s'infiltrant par où elle était entrée et profitant de ce mouvement de panique pour s'échapper, repu de son repas et fière d'avoir accompli cette mission. Au même moment, le père de la famille arriva sur les lieux du meurtre, et tomba en larmes devant le corps de son fils. Pendant que la garde partait vainement à la recherche du coupable, déjà bien loin, le père prenait fébrilement la lettre sur son fils, puis l'ouvrît et prît son courage à deux mains pour la lire.

Cher Monsieur Ascenders,

Je vous donne cette lettre pour vous dire que j'ai tué votre fils et sa petite amie avec un plaisir intense, et que j'ai mangé leurs âmes avec délection. Considérez ça comme le prix à payer pour avoir oser s'en prendre à des Akuheis d'un façon aussi pitoyable, alors ne vous avisez plus jamais de traîner comme ça sur le marché des âmes. En attendant, c'est celle de votre fils que j'emporte.

Votre obligée,
Une Akuhei anarchiste

Le père tremblota devant la feuille, ses larmes partagées entre celles de tristesse et de colère se mêlant aux tâches de sang de sa descendance, et hurla de rage, jetant la lettre à terre, tandis qu'un domestique tentait vainement de sauver les deux enfants, qui malheureusement commençaient déjà à refroidir, encore l'un contre l'autre. Peu après, on découvrît les corps de sept domestiques répartis un peu partout dans la cour, sûrement des témoins gênants, et déclarés comme ceux ayant sonnés l'alarme, bien trop tard, il fallait l'avouer. Cela renforça la colère du père Ascenders, qui envoya immédiatement tous ses hommes à la poursuite de l'Akuhei qui avait fait cela, et se tournant vers l'un de ses domestiques :

"Envoyez immédiatement un message à Shibusen ! Je veut qu'ils nous envoient un maximum de combattants pour retrouver la sal*pe qui a fait ça ! Je ne la laisserais pas survivre plus de quelques jours à cet affront !"

Le domestique acquiesa et partît immédiatement exécuter les rodres de son maître, tandis que le père, se calmant un peu, s'approcha du corps de son fils et lui fermît les yeux, à lui et à Miranda, se disant qu'il allait devoir prévenir sa famille. C'est alors qu'il se souvînt d'un fait encore plus grave : Prévenir sa femme et son autre fils. Ressentant déjà l'horreur de la scène, monsieur Ascenders recouvrît d'une couverture les deux corps et laissa le reste aux domestiques, avant de partir prévenir la mère et le frère du défunt, maudissant plus que jamais celle qui avait fait ça, et se promettant de tout faire pour s'en débarasser, même si ça devait lui coûter la vie.