Aujourd’hui était un jour ordinaire, pour moi. Enfin, presque ordinaire. Eh oui, car aujourd’hui était le jour des missions extrascolaires, de ces missions qui prennent tellement de temps qu’elles ne pouvaient être effectuées qu’en cette période spéciale où les cours n’avaient pas lieu. Après, il y a aussi ceux qui en profitent pour ne rien faire et qui glandouillent toute la journée. Mais je me disais que si on avait ces journées sans cours, c’était quand même pour une raison bien précise, et pas parce que les professeurs avaient besoin de quelques journées de relaxation. Enfin, ils en avaient peut-être besoin, mais ce n’était pas la raison pour laquelle ces journées avaient été crées. D’ailleurs, généralement, les professeurs trainaient dans les couloirs de Shibusen, prêts à prodiguer des conseils ou à aider les élèves dans leurs devoirs ou leurs demandes. Depuis le couloir où se trouvait mon casier, je me dirigeai vers le panneau où étaient placées toutes les missions et commençai à lire les petits bouts de papier placés dessus. Des missions comme retrouver le chat de la mère Michel ou bien aller acheter un pot de fleurs et le mettre sur la tombe de quelqu’un sans se faire dévorer par le chien qui passe, il y en avait des dizaines, des comme ça. Mais voilà, c’était l’idéal pour celui pour qui c’était la première fois qu’il partait en mission, ou bien pour quelqu’un qui ne voulait pas trop se fatiguer ou encore qui voulait avoir quelque chose de facile à accomplir. Mais personnellement, je recherchais quelque chose d’un peu plus dur, quelque chose où je pourrai exploiter au mieux mes capacités, quelque chose qui me ferait bouger, où je pourrais ressentir l’énergie et l’adrénaline parcourir mon corps, quoi.

Soudain, je vis une feuille différentes des autres, placardée à la va-vite contre le panneau. En effet, elle n’était pas faite dans le même papier que les missions conventionnelles, comme si elle n’avait pas été écrite par l’école mais par une autre personne. De plus, la couleur de l’encre était rouge à la place de la couleur morne traditionnelle qu’était le noir. Autant dire que cette mission avait été placée là par quelqu’un qui avait tout intérêt à ce qu’on la voit et qu’on la lise plutôt deux fois qu’une. En général, ceux qui déposent des missions comme celle-là recherchent, soit les ennuis, soit une mission qui demande d’être faite discrètement, afin que le moins de personnes soient au courant de son existence. Je la regardai plus attentivement, mon regard glissant sur le papier, tout en suivant l’écriture ronde et régulière de celui qui avait écrit ces mots. J’eus déjà un indice sur l’identité de la personne en voyant les premiers mots. Manifestement, c’était une personne externe à Shibusen, donc indépendante de l’école qui défiait n’importe quelle arme à le combattre dans un duel pour prouver qu’il est le plus fort. Juste en-dessous de ces mots, était placé un grand espace vide avec de petites coches rajoutées à la main. C’était le nombre de victoire qu’il avait remporté jusqu’à maintenant, et donc, logiquement, à la suite. Je pouvais en compter une dizaine, de ces petites coches qui s’alignaient les unes derrière les autres. En lisant plus bas, je pus voir que les combats se déroulaient dans la cour de Shibusen. Il avait déjà enchainé dix combats, je me demandai combien de temps il pourrait encore tenir et je voulais savoir s’il avait combattu des combattants d’élite, déjà, ou bien si ce n’était que des débutants qu’il avait combattu. Je décidai donc de me rendre dans la cour pour voir, de mes propres yeux, si ce n’était qu’un vantard ou bien s’il méritait vraiment qu’on s’intéresse à lui. Suivant mon jugement, il se pourrait que le prochain adversaire qu’il aurait à affronter, ce soit moi. J’arrivai bien vite dans la cour, la place où avait lieu les combats ne fut pas difficile à trouver, étant placée juste devant la sortie. La cour était même remplie de monde, le mur qui la cernait était rempli de personnes qui assistaient au combat entre deux armes. Sûrement, me disais-je, qu’il s’agissait du type qui avait posé l’affiche ainsi qu’un de ceux qui voulaient le battre. Je ne sais pas si le combat avait débuté depuis longtemps, mais je n’eus pas besoin d’attendre plus de cinq minutes qu’un des types abandonnait le combat. L’autre, celui qui défiait tout le monde, manifestement, eut l’air satisfait et se retourna pour défier quiconque aurait ne serait-ce que le courage de venir se battre avec lui. Je m’avançai, venant me placer au centre de l’espace dégagé pour les combats

« Ah ha !! Tu penses pouvoir me battre ? Viens donc, je vais te renvoyer dans ta classe en quatrième vitesse, limite en chialant en voyant tout ce que tu auras à faire pour essayer de me rattraper. Moi, Kazama, Je vais te remettre bien vite à ta place. »

« C’est ce que tu crois, je vais te montrer que Shibusen ne comporte pas que des armes de bas étage, Attaques-toi pour une fois à quelqu’un de ta taille, c’est moi qui vais te faire sentir le goût amer de la défaite !»

Je sortis quelques couteaux pour les mettre entre mes doigts et je fléchis légèrement les genoux, lui montrant bien que j’étais prêt et même plus que prêt à le combattre. Je n’aime pas combattre quelqu’un donc je ne connais rien sauf le nom, mais il va falloir que je fasse avec. Le dénommé Kazama sourit et vint se placer devant moi, une main dans sa poche. Comme s’il se sentait capable de m’arrêter rien qu’avec une main. Je souris et fléchit un peu plus les jambes pour m’élancer sur son côté droit. Je lançai deux de mes couteaux sur lui, visant le côté où sa main était dans sa poche, là où il était le plus vulnérable pour bien lui faire comprendre qu’avec moi, il serait obligé de se donner à fond s’il veut me battre, car si j’ai bien horreur d’une chose, c’est des personnes qui ne se battent pas pleinement pendant un combat. Je trouve que c’est un manque de respect total à l’adversaire. Enfin bref. Il fut bien obligé de sortir sa main pour pouvoir éviter les deux couteaux. Je souris un peu plus et essayai de pousser un peu plus mon avantage. Je lui lançai les derniers couteaux de ma main droite tout en lui tournant autour, cherchant une ouverture. Mais quoique je fasse, il y avait toujours ses doigts pour contrer mes petites lames. J’étais d’ailleurs surpris qu’il n’ait pas encore de blessures aux doigts, alors qu’il parait toujours en plaçant sa main pour dévier les couteaux. Je me stoppai pendant deux petites secondes pour reprendre un peu mon souffle. Je lui avais couru autour en cherchant des ouvertures, lançant quelques couteaux là où je pensais qu’il y en aurait et pourtant, il avait toujours paré avec ses doigts. Alors que je me relevais pour respirer un peu mieux, il pointa son index dans ma direction. Avant de comprendre ce qui se passait, j’entendis une sorte de coup de feu puis une violente douleur au niveau du ventre qui me fit tomber à genoux. Je mis mes mains sur mon ventre, tenant de contenir la douleur et je relevai la tête pour voir ce qui venait de se passer. Kazama se tenait à trois mètres de moi, un sourire de satisfaction sur le visage, son index toujours tendu vers moi. Sauf qu’à la place de son index, se trouvait le canon d’une arme à feu. Tout en souriant un peu plus, il releva ses quatre autres doigts et mis ses deux mains à la même hauteur. Désormais, j’avais en face de moi non plus un mais bien dix canons d’armes à feu pointés sur moi. Ne réfléchissant plus, je me transformai en arme pour me protéger un tant soit peu des chocs. Il ouvrit le feu sur moi, d’abord lentement puis en augmentant la cadence de tir. Les premiers impacts reçus ne me firent pas grand-chose. Je les sentais me frapper, mais sens plus. Les suivants, par contre, me causèrent plus de douleurs. Chaque impact reçu se transformait en une vague de douleur. Je me mis à réfléchir aussi vite que possible. Pour qu’il puisse me toucher sous ma forme d’arme, il était obligé que ce type utilise sa longueur d’âme dans ses balles, ce n’était pas possible autrement. Heureusement pour moi, il était assez mauvais viseur, misant plus sur la quantité que la qualité de ses tirs à me toucher et très vite, un nuage de poussière me recouvrit, me dissimulant temporairement. J’en profitai pour revenir sous ma forme d’origine et je suivis le nuage de poussière, poussé par le vent qui avait tendance à partir sur le côté. Je réussis à m’approcher de Kazama sans qu’il ne me repère, observant le trou qu’avaient formé ses tirs à l’endroit où je m’étais trouvé un peu plus tôt. Je sautai sur lui et lui plantai un de mes derniers couteaux dans son bras, rendant son bras gauche inutilisable, désormais pendouillant sur le côté.

Je me reculai de quelques pas et crachai un peu de sang par terre. Les douleurs causées par les impacts des balles s’étaient calmées un petit peu mais persistaient. Kazama, par contre, paraissait en meilleur état, mise à part son bras gauche inutile, désormais, il avait l’air en plein forme. Une goutte de sueur perla de son front, comme s’il essayait de trouver un plan pour me mettre à terre. Je repris une bouffée d’air frais et courus contre lui. Au dernier moment, je sautai en l’air pour déclencher ma technique Bullet Devil. Il tendit sa main droite devant lui et recommença à tirer. L’un de ses impacts me toucha en plein dans l’épaule droite en plein vol. Essayant d’ignorer la douleur de cette nouvelle blessure, je me transformai en arme et retombai sur le sol. Je sentis l’onde de choc se propager et atteindre mon adversaire, l’envoyant voler contre un des poteaux en bordure de la cour. Je voulus pousser mon avantage encore plus loin, mais, après avoir repris ma forme originale, je sentis mes jambes trembler comme des feuilles mortes, m’empêchant de marcher correctement et encore moins de courir. Je ne pus que regarder Kazama chuter et se prendre le sol, le laissant à terre. Mais juste avant de touche le sol, il eut juste le temps de tirer un dernier coup qui me toucha dans la jambe droite, me mettant à terre également. A demi-conscient à cause de la douleur provoquée par mes deux dernières blessures, j’entrevis que des personnes s’étaient approchées de Kazama et l’avaient transporté à l’intérieur. L’instant d’après, ce fut à mon tour d’être transporté à l’intérieur. Je perdis conscience pendant le trajet.

Lorsque je repris conscience, j’avais été couché sur un lit. Je vis une infirmière s’occuper de quelqu’un sur ma droite. Je devais donc être à l’infirmerie. Je regardai à gauche. Kazama était là, couché lui aussi sur un lit. Il avait l’air au moins autant amoché que moi. Il me remarqua et sourit un petit peu. Je regardai de nouveau le plafond et sourit faiblement.

« Je te l’avais dit… Je te montrerai qu’il y avait des armes de ton niveau, à Shibusen… Je crois qu’on peut dire que j’ai réussi…»

« Tu avais raison… Je m’excuse pour avoir offensé cette école, manifestement, on y forme de bons élèves. Si le cœur t’en dit, viens me voir, un de ces jours… Je t’apprendrai une technique assez utile pour tes futures combats…»