"Le monde est une branloire pérenne" comme disait l'autre...
Je n'aurais jamais cru en faire l'expérience. Et encore moins en comprendre toute la douloureuse signification qui s'y rattache.
Je n'aurais jamais cru que je tomberai dans ce genre de piège ridicule! Bien sûr que c'était un piège! Ne dit- on pas le piège de l'amour? Pourquoi je me suis laissé entraîner sachant ce qui arriverait indubitablement?
Tout le monde sait qu'on ne doit pas s'attacher à ses partenaires! Ça n'a pas vraiment de sens puisqu'on met nos vies en danger à chaque mission, et qu'il se pourrait qu'il y ait une fin pour l'un des deux combattants.
Mais ce n'est pas la cause de notre séparation. Elle l'a voulu, j'ai acquiescé. J'en suis navré, mais j'ai laissé tomber. Tant pis, advienne que pourra.
Elle est partie, elle m'a laissé.
Je la comprends un peu, je n’ai pas envie de la comprendre plus. J'ai juste besoin de réfléchir et de me remettre en question. Parce que si la vie est un changement perpétuel, allant du bonheur au malheur, de l'amitié à la haine, du début à la fin, et avec une rapidité déconcertante, il vaut mieux que je continue de vivre comme si de rien n'était.
Je vais juste vivre de la même manière qu'avant notre rencontre et oublier tout ce qui est arrivé. De toute façon, je ne l'ai pas vraiment connu... Je l'ai à peine vu « de dos » sans jamais pouvoir l'approcher vraiment. Le partenariat, aujourd'hui, je n'en vois plus l'utilité, l'appât. Juste une belle façon de souffrir à l'infini sans jamais comprendre ce qui arrive.
C'est dans cet état d'esprit que je résous mon équation du second degré. Les chiffres tournent dans tous les sens, s'approchent et fuient. Il y en a même qui danse en tutu. Mais aucune réponse ne me vient.
"Monsieur? Interpellai-je le professeur.
- oui. a-t- il répondu
- J'ai mal au crâne.
- ... Tu te moques de moi? Tu sais que c'est la deuxième fois de l'heure que je t'appelle au tableau? Et tu sais pourquoi?
- Euh... non...
- PARCE QUE C EST LA DEUXIÈME FOIS DE L HEURE QUE TU DORS LES YEUX OUVERTS EN PENSANT QUE JE NE TE VOIS PAS TRIPLE BUSE!!!!!!!"
Je recule un peu déconcerté mais toujours à moitié dans les vapes.
"Vous savez, mon voisin a un chien qui aboie plus fort que tous les chiens. Pour demander à manger, c'est pire, et pour l'éduquer, son maître ne lui donne que quand il demande poliment. Ne me demandez pas comment, je sais juste qu'il le fait.
- Tu dors dans les dortoirs non? Personne n'a le droit d'avoir des animaux dans l'enceinte de l'école, donc aucun de tes voisins n'a de chien....
- Ah oui? N'empêche que le sens de cette histoire est drôlement profond!
- Tu insinues que j'aboie?
- Ah non monsieur! Vous êtes un bon chien et... AHHHHHHH!"
Il venait de me lancer dehors comme s'il jetait un ivrogne de son bar.
"Vas te calmer dehors, petit impertinent!"
Je me réceptionne extremis sur la figure. Ça fait un mal de chien, mais c'est mieux qu'atterrir sur... euh... Sur rien en fait. Y a pas plus douloureux! Je m'adosse à un mur et m'assoie par terre.
Soudain, une alarme résonne discrètement dans ma tête. N'est ce pas l'alarme de la présence? Ou celle du danger? Et puis zut! J'ai la flemme de vérifier, je l'étouffe avant qu'elle ne me rende fou. Dès fois, être instinctif n'est pas un avantage.
Alors que j'ai les yeux fermés pour mieux apprécier la solitude, le silence et le repos, quelque chose me frôle le bout du nez. Juste une fraction de seconde, mais assez de temps pour savoir que c'est une fourrure. En tout cas, quelque chose de poilu. C'était tellement rapide, que je me demande si c'est vraiment arrivé. Après tout, je dors très mal ces temps-ci, quand je dors, mon cerveau est sujet à ce genre de déraillement. Ouais, c'est rien du tout, c'est comme cette foutu alarme instinctif qui part en cacahouète!
Tous les élèves sortent de classe de classe alors que je me suis complètement endormi. Et dire que je dors mieux par terre que dans un bon lit! Un fabuleux coup de pied qui m'envoie valser de l'autre côté du couloir me réveille.
"T'es pas croyable Chaos! Va prendre tes affaires et fiche le camp!"
J'entre dans la classe en traînant les pieds. Je m'apprête à prendre mon sac quand une tache blanche par terre, juste à côté d'une rangée de table, m'alerte. En m'abaissant pour le prendre, la tache prend en volume pour enfin m'apparaître sous sa véritable forme: un bout de papier écrasé. Je crois que je deviens aveugle!
Je le ramasse et le déroule puis le lit. C'est un poème de quelques vers à peine:
"Sois à moi et à personne d'autre.
Je ne vivrais que sous tes lois.
Sinon je me noie."
Je ressors immédiatement pour rendre son bout de papier à son propriétaire. Il y a plein d'élève dans le couloir, mais je le reconnais aisément.
"Eh! Edvard! T'as oublié ce machin!
- Euh... non, ce... ce n'est pas à m...
- Tu sais que t'es un taré de la vie?
- Euh... hein? Pourquoi?
- "si tu me lâches, je me noie" T'as dû fumer avant d'écrire ça! Tu crois que c'est en la faisant chanter que tu vas l'emballer?
- Qui ça?
- Bah Pella! Tu devrais être plus fin et moins directe! C'est une fille bordel! Ce sont des bizarres!
- Je ne sais pas m'y prendre. Ce genre de situation me laisse dans l'embarras la plus part du temps. Je n'arrive même pas à la regarder dans les yeux sans pleurer d'émotion. Elle m'illumine, elle...
- C’est pas à moi que tu veux dire ça, c'est à elle! Alors vas-y!
- Je n'y arrive pas! Tu dois m'aider! Je t'en prie!"
Je réfléchis une seconde.
"La flemme! J'ai mes prob...
- Je t'en priiiie si les choses vont comme elles vont, je sens que ma menace deviendra réalité! Il y a un gars n'arrête pas de tourner autour d'elle et ça me terrorise! Elle me regarde à peine, mais avec lui, elle a l'air tellement heureuse et épanouie! Ça me tue!"
J'entame alors une réflexion personnelle. Je n'ai jamais vraiment eu ce genre de situation sur les bras, donc je n'ai aucune expérience. Je me demande vraiment ce que je pourrais bien faire! Mais mon cœur parle... Il chante et me dit, que dans la vie, ce n'est pas seulement la facilité et son intérêt qui compte. C'est souvent l'intention qui fait la différence. Si je décide de m'y mêler, je promets d'y mettre l'intention la plus honorable du monde pour assurer le succès de l'entreprise.
"Oky edy, je t'aide!
- Merci beaucoup mon ami! Au fait, comment t'as su que c'était mon? Et que c'était pour Pella? Je n’avais pas mis mon nom.
- C'est simple, tout le monde à part Pella le sait. T'es aussi discret qu'un kishin affamé."
*PAN* une balle vient de partir de mon gun.
"Euh... On est obligé de discuter dans ce genre de condition plutôt... hors saison?... demande Edvard.
- Ouais, y a un problème?
- Non non, je demandais juste."
Je vise encore une fois puis tir. J'aime tirer. J'aime viser. J'aime mon gun! Il n'y a rien au monde qui pourrait le remplacer! Ma mère a une partie d'elle dans cette arme et je le ressens. Après tout, il l'a aussi accompagné durant sa vie ici.
Moi, je ne peux plus m'en passer. Non pas que je ne sais manier que ça, mais je suis plus à l'aise avec. Même si c'est vrai que j'évite de m'en servir dans les combats rapprochés. En fait, il ne me manque qu'une bonne épée! Mais évidement, c'est impossible vu que je suis une arme: il faut que je sois manié, et non le contraire. Mais je pourrai toujours en acheter une épée un jour.
"Donc, commençai- je, t'as la trouille. Il n'y a donc qu'une seule chose à faire: forcer le destin! Je vais organiser une rencontre dû au "hasard". Le seul petit problème, c'est que je ne sais pas encore comment l'aborder, mais je me débrouillerai. Toi...
- Ce n'est pas que je n'aime pas ton plan, mais je ne sais pas si je pourrais...
- Tsss tsss, laisses! Je suis sûr que tu te conduiras comme un homme le moment venu. Les rats ne savent creuser que quand ils sont au pied du mur.
- Mais...
- Tu préfères que je balance tout à dulcinée?"
On a fait un pacte il y a quelques minutes. On s'est accordé sur une chose: c'est une "tapette". Il est prêt à reculer devant toute difficulté et ceux, même s'il est près du but. Alors il m'a donné la permission de tout dire à Pella dès qu'il aura abandonné. Le menacer d'abord pour vérifier qu'il ne flanche plus par peur que par incapacité puis faire comme on a dit.
"Non! Je retire ce que j'ai dit! Le pacte est annulé!
- Ah non! On avait prévu ce cas de figure et tu sais très bien que je dois ignorer ces paroles! En gros, soit tu me suis, soit t'en baves.
- mmmmhmmm
- Quoi?
- Rien, je me maudissais."
En premier lieu, je dois m'assurer que Pella ressent quelque chose pour Edvard. Je pense qu'elle a les mêmes sentiments que lui, mais je n'en suis pas encore sûr. Il ne faut pas oublier que les filles sont des bizarres!
Edvard m'a dit que le gars qui tourne autour de Pella s'appelle Jacoub et qu'il est absent depuis plus d'une semaine. J'ai alors fait un plan imparable! J'ai fait tourner la rumeur que Jacoub et Edvard allait se battre dans le gymnase à 16h. Tout le monde m'a dit la même chose que je résume en une phrase qui m'a marqué:
"Si Ed n'est pas mort à la fin, que dieu ait pitié de son corps!"
L'heure H arrivée, j'emmène Edvard au lieu du "combat".
"J'ai... j'ai peur!
- Allez va! C'est pas vraiment un combat!
- J'aurais largement préféré!"
Nous entrons dans le gymnase avec deux différentes excitations: moi parce qu'on se rapprochait de l'heure de dormir et j'en été vraiment content et l'autre, je suppose, que c'est parce qu'il va vivre la plus grande épreuve de toute sa vie.
"OUAIS!!!!!! VIVE LE MOR... LE COMBATTANT!"
Une foule d'élèves sont assis autour de ce qui ressemble à une arène circulaire. Je crois que ma rumeur à un peut trop tourner. Mais le plus important, c'est que la belle Pella est là, parmi la foule. Son regard est des plus tristes. Pas de doute, elle s'inquiète pour son prince charmant! Sauf qu'on est mal puisqu'il n'y aura pas de combat.
Mais une idée fulgurante vient de traverser mon esprit endormi à moitié!
"On est dans la merde Alban. C'est plus facile de dire à une seule personne que c'était un mensonge dans le but de l'attirer à lui, mais à toute une foule...
- T'en fait pas, vas au milieu de l'arène et attends en plein milieu, je vais dans la foule.
- Mais..."
Trop tard, j'ai réfléchit, j'ai dit, je suis partit! J'attendis alors quelques minutes puis j'ai crié:
"Où est Jacoub, il a peur ou quoi?
- Mais non, entends- je, il a peur de rien ce monstre! T’as vu ses pecs?!"
Plusieurs minutes plus tard, j'ai relancé la polémique:
"Pourquoi Jacoub n'est pas là? Il n’a pas fini de se pisser dessus?
- Non! Je suis là!"
Effectivement, Jacoub est là... Mon instinct me disait de me barrer en quatrième vitesse, mais mon cœur décrète et m'impose la chevalerie.
Jacoub fend la foule et entre sur l'arène. Il tend son doigt vers le pauvre Edvard et lance dans un accès d'orgueil:
"C'est toi qui me défies? Crois- tu être à la hauteur de ma force?
- Euh...*jette un coup d'œil vers moi, je dirige son regard discrètement vers Pella puis il regarde à nouveau Jacoub* oui! Je te réduirai en bouillie sans attendre!
- Uhm... attends, je rie et on attaque."
Il part alors dans un rire tonitruant qui glace tout le monde. En fait, on a peur que ce ne soit pas un rire humain...
Il essuie sa bouche plein de bave puis pointe son doigt vers Edvard dans un geste de défie. Je sens les tremblements de ce dernier comme si c'était les miennes... non! Aucune attache! Je finis de l'aider et je me barre!
Jacoub balance un coup de poing sur Edvard qui le reçoit de plein fouet. Je ne sais pas si c'est la peur, mais il n'a même pas fait mine de bouger. Pourtant, l'action ne se termine pas là! Alors qu'il tombe à la renverse, il attrape le poing de son adversaire, accélère sa tombée, pose son pied droit sur son torse et l'en voie par dessus lui, contre le mur, au dessus les élèves!
"Je n'aurais jamais cru qu'il possédait une force pareil!
- Ce n'est pas sa force, c'est celle de son adversaire! dit un élève à côté de moi. Il utilise une technique qui permet de retourner la force de l'autre contre lui. C'est plus difficile qu'il n'y parait.
- Euh... Pella?! Tu connais Edy?
- Oui, je l'ai déjà vu ça et là, mais je ne l'ai pas vraiment parlé. J'aimerais bien pourtant... *regard triste*
- Bah vas-y! Il n’attend que ça!
- Tu ne sais donc pas? Il a une maladie étrange qui rend sa dentition tellement étrange qu'il s'est renfermé. Il ne parle à personne et je me demande s'il s'intéresse à qui que ce soit...
- Il s'intéresse à toi! Il t'aime même!"
Elle me regarde avec des yeux troublés. Je crois qu'elle doute de moi, alors ce sera à Edvard de passer à l'action. Après ce petit contre temps...
Jacoub se relève relativement furieux et court vers son ennemi juré sans attendre. Il donne un énorme coup de pied dans les côtes d'Edvard en frappant de droite à gauche. Cette fois encore, il ne bouge pas mais soudainement, attrape la jambe de Jacoub et se laisse emporter par le coup. Il se stoppe soudainement avec son pied droit, pose son pied gauche par terre tourne dans le sens inverse du coup de son adversaire et le lance contre un mur encore une fois.
Un rictus indescriptible s'affiche sur son visage défiguré. Il commence alors à se transformer en... en... pelote de laine! Un chat court vers lui pour jouer mais il l'écrase sans pitié! Je ne savais pas qu'on pouvait écraser un chat! Et ce n’est pas interdit les animaux?
"GNIIIIIIIII!!! Je vais te dépecer et te manger tes membres petit à petit! Puis ce sera le tour de ton âme de compléter ma collection!!!!"
Oulà! C'est un kishin! Tout le monde se saisit de son arme et saute sur le monstre poilu! Il réussi pourtant à échapper aux élèves avec une telle rapidité qu'on n'arrive pas à le suivre.
A part Edvard qui l'a très bien suivit et fait un saut périlleux pour le prendre par surprise. Cependant, Jacoub l'a senti et l'évite avant de lui avoir asséné un coup de pied dans le ventre qui l'étale par terre.
Il se relève en se tenant le ventre puis jette un regard féroce au kishin. Il fait alors une grimace ressemblant à ceux que font les chiens contre un intrus... C'est flippant! Surtout que les dents d'Edvard prennent une taille inhabituelle...
Il court alors vers Jacoub et lui- même court vers lui. Chacun se donne un coup de poing sur la figure les renvoyant dans la direction opposée. Ils relèvent et se battent férocement. On dirait de véritables bêtes sauvages! C'est fascinant!
Mais Edvard fatigue plus vite, au point qu'il finit par ne plus se relever après un énième coup de pat... poing du kishin. Alors qu'il avance doucement vers sa proie pour en finir, Pella lui barre la route de façon forte singulière: au lieu de se tenir debout, arme à la main pour se battre, elle saute sur le corps du pauvre Edvard et fait barrage. Pourtant, ça ne l'arrête pas et il me semble qu'il veut les tuer tous les deux!
Je pointe mon arme sur lui.
"Arrêtes- toi! T'as l'air très rapide, mais je me demande ce que tu vaux contre un flingue!
- Non! Laisses Alban, je m'en occupe"
Edvard se relève avec difficulté et se dirige vers Jacoub. Celui- ci le regarde avec un regard narquois, enfin je crois, parce que avec son immense touffe de cheveux, on y voit pas grand chose.
Edvard avance encore, doucement, tout doucement. Jacoub, n'y tenant plus, se dirige aussi vers lui puis lui saute à la gorge. Sauf qu’Edvard fait un pas de côté très rapidement, enlace sa taille avec son bras gauche et lui plante ses dents dans la gorge. Il lui arrache l'artère et le laisse se vider de son sang par terre, pris de convulsions. C'est que je critique la mort, mais c'est vraiment moche à voir.
"Olivier, je te laisse son âme, je n'ai pas de partenaire attitré. Et puis c'est une récompense qui vaut toute la peine que tu as eu."
