La main serrée sur le papier qu'elle tenait depuis qu'elle l'avait arraché de son support dans le hall principal de la Sibusen, Siolith avait fait une sortie nocturne pour aller élucider une affaire qui commençait à prendre semble-t-il de l'ampleur dans les rumeurs qui parcouraient les rues de Marseille. C'était une ville en France, et Siolith avait eu envie de sentir l'air européen pour la première fois de sa vie. Il paraitrait que les français étaient très accueillants, mangeaient des grenouilles et des escargots, de la baguette et portaient un étrange chapeau appelé un béret. De bien étranges personnes d'après ce qu'on lui avait dit. Arrivée tôt dans la matinée, elle fut accueillie par un soleil et ciel magnifique parsemé de nuages blancs qui parcouraient le ciel comme un troupeau de moutons à la recherche d'herbe verte. Elle n'était pas encore sortie de l'avion que la première impression n'en fut pas mauvaise. Une fois sortie de l'avion, la température lui mit une grande claque et le vent acheva le travail. C'était un pays traitre en cette saison, et cela, elle ne le savait pas vraiment. Quelques heures après, il se mit à pleuvoir, mais elle ne prit pas la peine de prendre une chambre dans un hotel; elle en aurait fini aujourd'hui pour remonter dans le premier avion à sa portée et retrouver à Death City le plus vite possible. Elle commença donc tout de suite de là où toutes les rumeurs étaient parties: le port. Sous la pluie battante et armée de seulement un parapluie, elle alla sur les quais pour questionner les marins.
Plusieurs refusèrent de répondre ses questions, assurant qu'il n'y avait strictement rien par ici et qu'elle ferait de s'occuper de choses plus importantes. La Shibusen n'était décidément pas très appréciée par ici… Peut-être était-ce dû au fait que les rumeurs étaient toujours déformées et amplifiées. Elle ne savaient ce qui se disait, mais il était sûr que le personnel de l'école n'était considéré comme des enfants de chœur par ici. Ca commençait vraiment mal, mais elle était absolument sûre que c'était dans les parages que sa cible se trouvait. L'atmosphère était…oppressante, comme si un voile lourd planait au-dessus des vieux ports. Marchand au gré des pavés, elle répéta pour la cinquantième fois ses questions à un autre marin, mais celui-ci resta tout aussi vague que ses camarades. C'était incroyable à quel point les gens étaient peureux, ou méfiants! Ils savaient pertinemment que "quelque chose" s'amusait à faire disparaître les gens, mais pas un seul n'avait de dire quoi que ce soit… Avaient-ils peur pour leur vie? Pensaient-ils qu'elle était incapable de les aider? Elle penchait beaucoup pour la deuxième solution et cela eu le don de l'irriter intérieurement.
La pluie avait cessé et elle avait abandonné son parapluie dans une poubelle, ne lui étant plus le moins du monde utile. Ses pas avaient le velours de la panthère et même si elle marchait d'un pas vif, ses chaussures restaient muettes. Tout était dans le geste, dans la façon de se déplacer. Elle n'était pas remarquable, pouvait passer au milieu d'une foule d'oiseaux en train de picorer sans provoquer la moindre réaction, et son regard vous faisait inévitablement détourner les yeux de peur de se noyer dans un bleu profond et insondable. Le soleil avait fui le ciel, relayé par lune dans leur danse infinie. Elle leva les yeux vers l'astre qui irradiait; sentir les rayons de la lune lui procurait toujours ce sentiment de réconfort, comme si elle veillait sur elle, là-haut. Sa robe, de facture simple et sans froufrous ou autres conneries inutiles, battait ses mollets dans un mouvement continu. Le froid s'était fait plus mordant, mais ses sens étaient tournés désormais sur un tout autre objectif: la nuit devenait le moment de sortie des pré-démons. Leur terrain de chasse s'ouvrait devant eux et ils guettaient leurs proies dans l'ombre, préférant celles qui étaient seules et dans des endroits assez isolés pour que leur méfait soit découvert le plus tard possible. Même si la discrétion n'était pas leur point fort, certains y arrivaient mieux que d'autres. La lumière clignotante d'un lampadaire, une forme juste en-dessous, Siolith fut instantanément prête à toute éventualité, mais continua à avancer, sûre d'elle; ce n'était pas sa première mission et cela se voyait. Et même si elle commençait à connaître le terrain, une erreur n'était jamais à exclure, et la première était de sous-estimer son adversaire. Elle s'immobilisa enfin, à quelques mètres de la forme, visiblement une personne appuyée contre le mur.

"Vous ne devriez pas être ici à cette heure, il y a une créature qui rôde dans le coin et vous êtes en danger…

Elle patienta pour voir la réaction de son interlocuteur. Et si c'était lui le pré-démon? Dans ce cas, elle n'aurait aucun mal l'accueillir…

L’air marin fait du bien dit-on, surement pas en hiver à Marseille. Le froid claquait de bon matin aux portes et n’était pas près de s’en aller. C’est en le croisant tout les jours que Guro marchait dans la ville, évitant au maximum de trébucher avec ses jambes de bois sur le pavé. Dire qu’il était venu dans cette ville pour se reposer, le voilà à vagabonder dans le sud d’une France glacé. Le temps clair était pourtant de bonne augure vu par le fenêtre lorsqu’il s’était levé. Faisons comme tous les touristes qui se respectent et sortons ! Celui qui a pensé ça n’était pas à la place de l’arbalète. Les passants n’arrangeaient rien, c’en était même pire. Parlant comme si leur vie en comptait, riant dans les bistrots comme si le plus grand comique y était. Pour finir, le mauvais temps qui s’annonce pluvieux. Quoi demander de plus ? C’est alors qu’une discutions de bonne femme attira l’intention du touriste éclopé en vadrouille. Un certain type au pseudonyme des plus stupides qui s’est mit à chasser des âmes. Recommençant à marcher doucement suite à cette nouvelle, Guro surprit un groupe d’enfants en train de jouer sous la pluie. Ce détail aurait été des plus inutiles s’ils ne chantaient pas quelque chose sur le détraqué. Quelque chose de réellement peu flatteur qui ne manqua pas de faire rire le touriste, jusqu’à remarquer quelque chose dans une ruelle de l’autre côté de la place. Perdant alors le sourire, l’arme traversa la place et bouscula au passage les enfants sans se rendre compte.

Commençant alors à fouiller dans l’étroit passage, il trouva alors un corps frais. Tout était là, sauf l’âme de la victime, assez corpulente il faut l’avouer. L’arme errante sentit alors un vent violent lui frappé au visage qu’il couvrit presque aussitôt même instant avec son bras gauche. Tentant d’avancer vers le flot bleu, Guro se perdit dans les ruelles de Marseille jusqu’à sentir de nouveau une odeur marine….plutôt répugnante. Une ombre s’en allait alors en courant dans cette direction et disparu au tournant. Il la suivit jusqu’à là mais s’arrêta pour reprendre son souffle, voyant alors qu’il faisait nuit et réajusta sa sacoche avant de se reposer contre un mur un moment. Enfin, il pensais se reposer jusqu’à entendre quelqu’un lui faire une remarque plutôt intelligente et tourna la tête vers l’inconnue. Laissant échapper une soupire, il s’assit sur le sol pour changer ses prothèses qui commençaient à lui faire mal après une tel course.

« Qui ne le sait pas ? J’en poursuivais un autant que je pouvais il y a cinq minutes. »

En répondant, aucune personne normale ne pouvait remarquer une présence étrangère caché dans une barque.

Un drôle de garçon lui faisait face, il avait l'air un peu égaré et semblait visiblement essoufflé, comme après une longue course. Il avait l'air un peu plus jeune qu'elle, mais un petit peu plus grand, même si pour un garçon, il paraissait assez petit par rapport à ceux qu'elle avait déjà rencontré ou combattu. Ses mains étaient invisibles, engoncées dans deux gants noirs et il était couvert de bandages, pour autant qu'elle pouvait en voir. Ce fut cet œil unique qui l'interpella; il était d'un rouge étrange et son sang ne fit qu'un tour. Sans rien laisser paraître, elle le laissa changer des bouts de bois qui lui servaient de jambes. Que lui était-il arrivé? Qu'avait-il fait à ses jambes? Et surtout, son œil, était-ce sa couleur naturelle, ou alors…C'était celui qu'elle devait neutraliser, celui qui prenait la vie d'autrui pour sa propre puissance. Elle ne savait pas bien, mais rien ne l'empêchait de réagir et de faire ce que lui dictait sa conscience, si tant est qu'elle en ait une. Elle le laissa se relever et avant même de le laisser continuer, elle le saisit pas le col et le plaqua contre le mur. Si il la menait en bateau et que c'était lui le pré-démon, il venait de signer son arrêt de mort, elle ne lui laisserait même pas le temps de faire une prière au nom d'Asura, le roi des démons, non, elle l'enverrait directement dire bonjour à ses potes que la Sibusen avait envoyé en enfer. Sa main gauche grésilla et un cercle se forma devant. Elle le frapperait avant même qu'il ait le temps de réfléchir. De toutes façons, ces sales bestioles n'étaient pas capables de raisonnement. Elle commencerait par lui écraser les côtes…
Un bruit la stoppa dans son élan, quelque chose de métallique venait de frotter le sol. Elle regarda par terre, mais les jambes du garçon ne touchaient plus le sol, maintenu contre le mur par la manieuse. Si ce n'était lui…Qu'est-ce que cela pouvait bien être? Son cerveau analysa la source du bruit comme venant de derrière elle, et , sans même se retourner, elle sentit un courant d'air et eut le réflexe de se baisser pour éviter un bras surmonté d'une lame ébréchée qui gratta violemment le mur au-dessus d'eux. Une sorte de hurlement de fureur retentit et Siolith roula sur le côté, emmenant dans le même mouvement son interlocuteur, l'endroit où ils avaient atterrit explosa dans un jaillissement d'éclats de pierre. Lâchant le garçon, elle s'en désintéressa quasi-immédiatement, et mit la paume gauche ouverte vers la droite , au niveau de sa joue. Un cercle d'une taille dix fois plus grande que celle qu'elle avait créé en ayant l'intention d'attaquer le jeune homme se forma, bloquant une lame acérée qui arrivait à toute vitesse. L'étincelle provoquée par le contact entre les deux surfaces dût sûrement éblouir un instant le monstre, car il recula, en clignant stupidement les yeux, ce qui donna l'avantage à Siolith. Abaissant sa protection elle sprinta vers le pré-démon sans l'ombre d'une hésitation, un, deux, trois, puis quatre cercles ayant chacun une quinzaine de centimètres de diamètre se formèrent devant son poing. Arrivée devant son adversaire, elle assura sa stabilité en pivotant légèrement son pied lorsqu'il entra en contact avec le sol, imprimant ce mouvement à tout son corps et amplifiant la force de frappe. Son poing entra en contact avec l'estomac du monstre, puis elle se laissa entraîner par le mouvement et tourna sur elle-même. Le poing qui venait de frapper se serra à nouveau et un cercle apparut sur le dos de la main. Avec une rapidité étonnante, l'action se déroula sans interruption; son corps termina son mouvement de toupie et le dos de son poing entra violemment en contact avec le visage difforme.
Un banal spectateur extérieur n'aurait pas saisit la complexité de son mouvement, mais un connaisseur aurait apprécié en décomposant chaque geste de la manieuse. Cet équilibre à la fois ferme et instable sur le pied gauche qui était devant, le poing droit qui s'enfonçait dans le gras du ventre puis qui ressortait aussitôt, laissant son adversaire plié en deux, la jambe gauche imprimait un mouvement de rotation vers la gauche. Le poing qui fusait dans l'élan du tournoiement puis finalement, qui entrait à nouveau en contact avec le monstre, mais au visage cette fois.
La face s'écrasa sur le pavé dans un nuage de poussière en émettant un craquement sinistre. Elle avait été plus rapide que lui apparemment. Elle en était presque satisfaite, mais quelle ne fut pas sa surprise lorsque la main sur laquelle était accroché le Katar abîmé la saisit à la cheville pour la mettre à terre. Comme une poupée de chiffon, elle fut traînée à terre, ses mains cherchant celles qui la tenaient. Se libérant de l'étau qui la tenait, elle se remit debout et constata que le pré-démon avait choisit une cible qu'il jugeait apparemment plus facile à tuer: le garçon! Merde, il ne manquait plus que ça; si quelqu'un se faisait tuer pendant une de ses missions, elle se ferait montrer du doigt partout. Elle qui détestait se faire remarquer, elle voulait garder encore le peu d'anonymat qu'elle possédait. Elle étai loin et cette sale bestiole était presque dessus; elle arriverait trop tard pour faire quoi que ce soit, et il mourrait sans qu'elle ne puisse rien faire. Ces pré-démons étaient vraiment des lâches: ils fuyaient devant la difficulté et essayaient de trouver une proie plus facile à tuer. Le problème était le suivant, elle pouvait peut-être le battre, mais le tuer… Un coup de main ne serait pas de refus et elle aurait bien aimé pouvoir le chercher quelque part par ici…

Ayant tout juste de terminer de mettre de nouvelle prothèse, le voilà plaqué contre un mur. Mais quel journée, c’est pas possible. L’inconnue aux cheveux blanc immaculé semblait fixé l’unique œil de Guro il y a peu. Il est vrai que ce n’est pas une couleur courante mais quand même. Les yeux bleus vides sont plus rare il me semble ! C’était une évidence pour lui, cette fille ne pouvait être que de Shibusen pour attaquer sans poser de questions. Il n’avait plus qu’une envi, frapper son interlocutrice d’il y a peu pour lui faire regretter son acte. Avoir été porté contre le mur aussi simplement n’arrangeait rien aux choses. Son handicape pouvait réellement désavantageux par moment, même pour lui. Mais la vision de la main de son adversaire le stoppa nette dans ses pensés. Il n’y avait pas de doutes possibles, c’était à une manieuse qui il avait l’affaire dans un port.
Sans comprendre comment, Guro vit celui qu’il poursuivait il y a cinq minutes derrière l’inconnue et attaqua. Et sans en comprendre d’avantage, il se retrouvait à rouler au sol avec la jeune fille jusqu’à entendre un hurlement suivit de près par une explosion. La jeune fille s’en alla à l’attaque du près-démon avec une attaque similaire à celle à laquelle il aurait eu droit. Il regarda le combat qui se passait en un éclair. La différence de niveau était évidente.
Un nouveau nuage se leva, c’était un corps armé de Katar de la belette bleue qui s’écrasé au sol devant celle qui l’avait réduit à cette état. L’arme errante pensait que c’était finit et se releva enfin mais il eu juste le temps de voir l’ennemi lui foncer dessus. Il remarqua alors le regard qu’avait la manieuse en voyant ça. De la pitié ? Il cru voir de la pitié quelque part dans ce regard bleu. Un délire ou non, il serra les poings avant de coller une droite montante dans le menton du près-démon pour le casser dans son élan et d’enfoncé sa prothèse droite dans le béton déjà craquelé et fragile. Le semblant de membre gauche lui s’enfonça dans les côtés du monstre pour l’envoyer sur des caisses de bois qui éclatèrent sous le poids de la bête. Et ne lui laissant pas de répit, l’arme dévoila ce qu’il était à la manieuse en changeant son avant-bras droit et braqua sur une caisse posée en hauteur. Il tira alors dessus pour la faire tomber sur la belette bleu. Guro se tourna alors vers l’inconnue en redonnant une forme normal à son bras et à sortit une nouvelle prothèse en métal. Décrochant celle enfoncé dans le sol, il resta en équilibre sur la jambe gauche en mettant la nouvelle droite en place comme il pouvait.

« Hey ! Ne me sous-estime pas à cause de mes jambes et fait ton boulot, Shibusen ! Il est pas mort l’autre gusse. »

Il devait avoir raison, le bruit du bois brisés bougeant lentement accompagnait à merveille un gémissement de bête mêlé à de la rage. Bien que l’arbalète ne supporte pas la présence d’une élève de l’école, il était évident pour lui qu’il devait mettre de côté ses ressentiments pour combattre à deux.

Au moment où la créature entra en contact avec le jeune homme, Siolith s'arrêta, essouflée. Et meeeerde! Trop tard! Comment allait-elle expliquer ça à Shinigami-sama? Tout ça était entièrement de sa faute; elle s'était laissée surprendre et cette sale bête en avait profité. Elle avait déjà en tête l'image de toute la Shibusen qui placardait des affiches partout avec marqué "Incompétente" au-dessus de sa tronche, des gens à tous les coins de rue qui la pointeraient du doigt en murmurant qu'elle avait laissée mourir un humain, et même supposant qu'elle avait aidé le prè-dèmon. Au moment où la créature leva son katar pour abattre sa cible, quelque chose se produisit. Au lieu de frapper comme un sourd dans la chair du jeune homme, sa tête fut violemment repoussée vers le haut et un coup de pied vint l'envoyer par des caisses en bois qui étaient entreposées non loin. L'espace d'un instant, elle eut un éclair qui traversa son cerveau: ce type n'est pas humain! Et elle en eut rapidement confirmation puisqu'il transforma une de son bras en engin de tir. Il acheva le travail en faisant tomber une autre caisse. Elle voulut s'avancer vers pou lui poser quelques questions; elle ne l'avait jamais vu à l'école, alors comment une arme pouvait-elle vivre en dehors de ses murs? La chose n'était pas impossible, mais elle était étonnante: elle ne pensait pas qu'il puisse exister des armes "sauvages". La situation pouvait maintenant tourner à leur avantage; ils étaient deux contre un et ils avaient la possibilité de s'allier pour le vaincre. Elle n'eut malheureusement pas l'occasion de lui adresser la parole car le pré-démon, en piteux état certes, mais toujours vivant, sortait de l'amas de bois dans un hurlement de rage, et rien n'était plus dangereux qu'un animal blessé. Il avait perdu l'un de ses katars, celui qui était déjà cassé, et répétait sans arrêt "tuer, bouffer, tuer, bouffer". Le refrain commençait à lui taper sur les nerfs et elle chargea; faire son boulot? Pour qui est-ce qu'il se prenait ce petit morveux? Elle savait très quoi faire, mais au fond d'elle, elle savait que pour raccourcir ce combat , elle devrait se servir de son compagnon d'infortune. Mais d'abord…
Lorsqu'elle arriva devant lui, un poing armé d'un cercle, il paniqua et bloqua de justesse l'attaque qui venait de front, ce qui était exactement la réaction qu'elle attendait. Un cercle se forma sous ses pieds et elle disparut de la vue du monstre et lui décocha un violent coup sur le crâne lorsqu'elle atterrit, puis elle effectua un autre saut aidé de sa longueur d'onde, un troisième cercle fit son apparition en l'air, sur lequel elle prit appui à l'envers et se projeta sur le pré-démon. Elle atterrit à nouveau , avec la tête du monstre sous le bras et , utilisant l'élan, elle le projeta en l'air. Suspendu pendant quelques secondes entre ciel et terre, sa technique avait réussi à réussi à faire du pré-démon une cible idéale en l'air. Elle se tourna vers le jeune homme en tendant la main:

" Vas-y, transforme-toi! Sans manieur, tes flèches ne pourront que le blesser, mais si tu m'aides, on pourra le tuer!"

Elle lu dans ses yeux de l'appréhension; apparemment il ne portait pas Shibusen dans son cœur. Elle-même n'avait nullement envie d'avoir d'autres armes que Marie et Lou, mais la situation présente l'imposait. Leurs mains se rencontrèrent et elle se retrouva avec une arbalète géante dans les mains. Elle s'apprêtait à jauger le pré-démon lorsqu'elle senti une douleur dans les mains, telle qu'elle lâcha l'arme. Des croûtes fumantes se formaient sur sa peau nue, ses paumes avaient brûlé comme si elle s'était amusée à mettre la main dans un feu de bois. Leur appréhension mutuelle de s'allier avait provoqué un phénomène courant entre deux âmes qui n'arrivaient pas à s'accorder. Le pré-démon tomba à terre avant qu'elle n'ait pu réfléchir à un plan de secours, et les chargea dans un hurlement dément. Trop tard, elle n'avait plus le choix…Ils n'avaient plus le choix. *Dix mètres*… Son visage prit un air déterminé et son regard partit dans le vide, comme si elle faisait partie d'un autre monde. *Cinq mètres*… Elle ramassa l'arme en ignorant totalement la chaleur insupportable qu'elle produisait pour la braquer vers le pré-démon. *Un mètre*… Elle visa le corps difforme, assura sa prise avec sa main gauche sur le bas de l'arme et actionna le mécanisme…

Encor un enchaînement d’un autre niveau, il n’y avait pas de doute sur l’écart qu’il y avait entre cette inconnue et lui. Jamais il n’aurais cru après avoir vu ça qu’elle lui tendrait la main pour lui demander de l’aide. Être manié par une élève de Shibusen ? Jamais ! C’était aller à l’encontre de toute ses convictions et insulter son ancienne manieuse. Mais l’insistance de l’inconnue prouvait que l’immobilité du prés-démon était limité, et elle la raison était de son côté en ce qui concernait ses flèches. Guro serra se mordit la lèvre inférieur jusqu’au sang pour se résigner à prendre la main de cette fille. Se retrouvant désormais entre les mains de celle-ci sous sa forme d’arbalète mais seulement pendant quelque seconde. L’arme senti les effets douloureux d’une manipulation sans résonnance et cru brûler de l’intérieur. Heureusement pour l’arme, cette douleur pu s’arrêter un instant, la manieuse semblait bien souffrir aussi. Le prés-démon était libre, et son prochain repas était quasiment servit sur un plateau d’argent. N’hésitant plus, il voulu reprendre sa forme humain mais l’inconnue aux cheveux blancs le reprit en main malgré la douleur. La cible n’était plus loin d’eux, elle le braquait. L’arme eu le temps de remarquer le regard qu’avait l’élève de Shibusen. Les hurlements répétitif de la bête étaient proches. Le canon de l’arme était si près de sa cible, armé. Le Katar intact frôla le viseur. Le près-démon avait enfin avoir un repas de choix, son arme n’en était plus loin et il s’apprêtait à rire. C’est alors que l’arme hurla pour de bon à cause de la chaleur. La flèche partit presque aussitôt du canon, explosant le visage de la Belette Bleu et l’éjecta loin du duo provisoire. Le Katar se planta au pied de ce qui restait de la cible : une âme. L’arbalète reprit sa forme humain en s’éloignant de la manieuse et toussa quelque goute de sang sur le sol, le tire l’avait vraiment amoché. Il releva la tête et s’approcha en titubant du Katar et l’arracha du sol en le regardant de près et souri légèrement. Il prit l’âme de l’autre main et la jeta sur la manieuse.

« Tien, ça prouvera que tu as fait ton job. Et moi, je prends ça…. »

Guro montra le Katar avant de le mettre dans sa sacoche miraculeusement intacte. Tournant le dos à l’inconnu, il pouvait cependant l’entendre clairement s’en aller dans la direction opposé. Il aurait pourtant cru qu’il aurait droit à des questions mais non. Il faut croire que ce qu’il s’est passé lors du combat lui a suffit. L’arme ignorait si elle avait prit l’âme avec elle, à quoi ça pourrait lui servir ? Mais après toute cette histoire, il aura de quoi manger pendant une semaine en vendant son trophée à quelqu’un. Elle était sans doute repartie pour Shibusen, lui repartait en voyage…