Toujours aussi désintéressantes, les missions de rang D fleurissaient sur le tableau plus sûrement que les mauvaises herbes dans les jardins de la Shibusen. Siolith n'avait pas eu l'intention de poireauter devant le tableau toute la sainte journée et avait fini pas s'approprier une mission sous le nez d'un autre manieur, qui râla ouvertement jusqu'au moment où elle inscrivit son nom au bureau des missions, sorte de guichet juste en face. "Siolith Kunan" pouvait-on lire. Apparemment un nom qui commençait à faire le tour de l'école, au même titre qu'un certain "Musashi", une arme qui valait son pesant de cacahuètes. Après toutes ces missions, elle avait besoin d'un truc sympa à faire et ce bout de chiffon gribouillé semblait faire tout à fait l'affaire. Un espèce de rigolo s'amusait à faire de la pendaison en pleine rue et à n'importe qu'elle heure de la journée comme s'il s'agissait d'un jeu. Rien que le principe même d'avoir un amusement aussi sadique la révoltait, mais alors en faire un défi pour attraper le plus de monde possible, et en plus les mettre dans une position aussi…Inconfortable! Elle sortit donc de Shibusen pour aller squatter les rues de Death City à la recherche d'un individu suspect, mais manque de bol, non seulement, les individus suspects, ben à Death City, y'en avait un bon paquet, mais en plus, aucun ne semblait avoir la volonté de poser un piège avec une corde juste devant elle! La chose aurait été trop facile… Attraper le bonhomme en train de poser son matériel relevait de l'exploit, vu comment il avait réussi à faire en sorte qu'ils échappent à la vue du simple quidam. Pourtant, une corde devait être visible si elle était par terre…. Elle ne comprenait pas vraiment comment il se débrouillait, mais elle le saurait bien assez tot, peut-être même trop tôt à son goût, puisque quelque chose la frôla de près. Une forme humaine venait de lui passer juste à côté, emportant avec elle…Une corde! Le sang de Siolith ne fit qu'un tour et, suivant la corde des yeux, elle remarqua qu'elle passait juste à la base de son pied! C'était elle la proie, même si elle avait du mal à utiliser ce terme, puisqu'elle était censée attraper le malfaiteur, et pas se faire attraper par lui! Un cercle prit forme sous ses pieds et cela lui donna la chance d'échapper par les airs au nœud coulant qui terminait la corde. Ni une, ni deux, lorsqu'elle toucha terre, elle eut le temps d'apercevoir ledit nœud disparaître au coin de la rue et elle se mit à courir après comme un chat après sa ficelle. Une fois le coin tourné, rien n'apparut dans son champ de vision; elle s'étai faite distancée dans si court laps de temps? Soit il avait une très bonne cachette, soit il était très rapide. Elle opta pour la première solution, et avança prudemment dans la ruelle qu'elle était maintenant forcée d'emprunter. Il faisait sombre, et distinguer quelque chose n'était franchement pas aisée, d'où le fait qu'elle redoubla de vigilance. Au bout de quelques minutes, elle failli poser le pied en plein dans le nœud coulant qui traînait par terre et s'arrêta in extremis, le pied au dessus. Un piège de débutant, pour un débutant! Il ne l'aurait pas avec ça! Elle leva la tête, mais le puissant contre-jour l'empêchait de voir si quelqu'un l'observait, caché dans l'obscurité d'un balcon à quelques mètres au-dessus d'elle. Elle décida de redoubler de vigilance et continua d'avancer en enjambant le piège. Grave erreur. Le nœud coulant s'enroula autour de sa cheville au moment où elle reposait le pied sur le sol et elle fut emportée à toute vitesse vers le haut d'un bâtiment. Elle avait pourtant évité le piège! Ou alors… Quelle idiotie; il y avait eu un autre piège posé juste derrière le premier et elle s'était jetée dedans la tête la première, ou plutôt, le pied en premier.
Elle essaya de se raccrocher à quelque chose, mais le paysage défilait trop vite et les mains ne faisaient que heurter le décor sans rien réussir à saisir. Enfin, elle atteignit le sommet du bâtiment, toujours entraînée par la corde qui lui enserrait la cheville. Le contrecoup fut assez grand et lorsqu'elle émergea, ce fut comme si elle avait été un diable en jouet qui jaillissait hors de sa boîte de plastique; elle domina le toit de plusieurs mètre avant que la personne qui tenait la corde ne tire brusquement dessus. Un nuage de poussière se leva lorsque la manieuse toucha la surface solide et un sourire grandit sur le visage du mauvais farceur, un jeune homme d'environ 25 ans. Lorsque Siolith e releva, elle tentait désespérément de défaire le lien qui l'emprisonnait, mais son adversaire du moment avait apparemment d'autres projets en tête, puisqu'il se mit à courir comme un dératé autour d'elle, et de plus vite, si bien que rien d'essayer de le regarder lui donnait le tournis. Nouvelle erreur puisqu'elle avait trop fait attention à son adversaire et pas assez à elle-même et ce furent ses deux pieds qui profitèrent du lien. La voilà maintenant le pieds ligotés, à terre en essayant laborieusement de se défaire de ce handicap. Elle y était presque, mais le farceur changea son cap et fit des passages dans sa direction avec une rapidité hors normes, la criblant de coups de pieds à chaque fois.
Lasse, Siolith changea de stratégie. Si il voulait la jouer agressive, elle jouerait avec lui comme il l'entendait! Au moment où il la chargeait à nouveau, elle lâcha brusquement les liens et se tourna vers son agresseur pour lever un cercle au dernier moment. Lancé à pleine vitesse, le gars s'écrasa bien comme il faut sur la surface aussi solide que le plus résistant des matériaux, tel un stupide merle qui confond une vitre avec le paysage. Son nez prit sûrement le plus de dégats, puisqu'il explosa dans une gerbe de sang. Siolith eut alors tout le loisir de faire tomber la corde qui la gênait et souleva le bonhomme par le col, qui se dandinait en répétant "Pataper, pataper, pataper!", sous la menace du poing de la manieuse qui commençait déjà à former un cercle avec l'envie non réfrénée de lui coller une demi-douzaine de beignes. Tout ça afin de vérifier si son crâne émettait un quelconque bruit lorsqu'on frappait dedans… Tout un programme de tortures diverses et variées que Siolith s'imaginait déjà lui infliger lorsqu'une idée germa dans son esprit.
"Je ne te cogne pas et tu me montres comment tu fais pour te déplacer aussi vite! Par contre, Si tu essaie de te faire la malle, je te retrouverais et je te donnerai ce que je te dois, avec les intérêts.
Le gars arrêta subitement de gigoter et s'immobilisa avec un air totalement béat et stupide sur la face, les deux mains encore sur le poing de la manieuse pour qu'elle évite de lui fracasser ce qu'elle avait envie. Tout aussi stupidement, il acquiesça de la tête et tenta de se dégager de l'étreinte, mais Siolith raffermit sa prise. Broyant l'épaule du malvenu et rapprochant son visage du sien, elle plongea son regard abyssal dans celui du gars pour lui faire comprendre toute la souffrance qu'il endurerait s'il s'avisait de lui fausser compagnie. Il parut perdre trente centimètres pendant quelques secondes, puis Siolith le lâcha en l'observant attentivement. Le gars était peut-être un mauvais farceur, mais pas un mauvais bougre, car il tint promesse Une idée germa dans son esprit tandis qu'elle le regardait exécuter des mouvements d'une rapidité surprenante. Comme Siolith l'avait promis, elle le laissa finalement partir, sans avoir tout à fait l'assurance qu'il ne recommencerait pas, néanmoins elle avait fait son boulot et contacta Shinigami-sama pour l'informer du succès de sa mission.
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