Le cours avait l'air si long... Pour la première fois depuis qu'elle avait entamé ses études en tant que manieuse, le cours présent était d'un ennuiiiii... Ou alors il tirait anormalement en longueur. Elle observa ses camarades de classe et constata qu'elle n'était pas la seule à s'impatienter; beaucoup tapotaient leur montre en râlant et maugréant. Le professeur, cet espèce de cadavre vivant appelé Sid, soutenait qu'il avait toujours été comme ça de son vivant et que le cours ne se terminerai pas tant que la cloche ne retentirait pas. Siolith lissa alors calmement la plume qu'elle tenait, ouvra la boîte en bois et déposa son instrument de calligraphie dedans. D'un mouvement sec, elle claqua le couvercle et se leva ostensiblement. Siolith, l'élève habituellement si calme et discrète en cours, descendit tranquillement les marches de l'amphithéâtre en faisant claquer ses chaussures sur la surface du sol. Non mais! De l'abus de pouvoir, voilà ce que c'était! Du sadisme pur, de l'emmerdement profond et chronique, et en plus ce n'était pas que ce prof-là, tous profitaient de la panne de la cloche pour faire tirer les cours en longueur, ce qui avait eu pour effet de quasiment supprimer les pauses, des profs qui râlaient parce que les cours des uns empiétaient sur les horaires des suivants et donc les suivants rallongeaient leur cour pour rattraper le temps perdu, tout en s'octroyant le droit de se faire un petit supplément à chaque fois. Alors bien sûr, les cours devenaient non seulement incroyablement barbants, mais tout le monde était sur les nerfs et les élèves étaient excédés. Jamais tel phénomène ne s'était produit auparavant, et tout le monde se demandait si l'apparition de grandes choses noires et volantes dans le ciel avait un quelconque rapport avec l'absence de sonnerie, ce qui était fortement probable vu que cela correspondait parfaitement avec le bâillonnement de la cloche. Sid tenta de l'empêcher de sortir en invoquant l'excuse qu' "il était toujours comme ça et que personne n'était jamais sorti de son cours de son vivant". Siolith ne le regarda même pas en répondant simplement: "de votre vivant peut-être, mais j'ai toujours été comme ça, on ne me fait pas perdre mon temps!". La porte claqua dans son dos, laissant Sid et tout le reste de la classe perplexe pendant un poignée de secondes. Puis ce fut comme un signal, donné par la manieuse; tous les élèves se ruèrent dehors en piétinant presque le mort-vivant qui n'avait jamais vu ça de sa vie –ni de sa mort. Tout en marchant son chemin la mena à traverser le couloir où se trouvait le panneau des missions et elle y jeta un coup désintéressé. Pas envie aujourd… QUOI? Elle s'arrêta net pour vérifier si ses yeux ne la trahissaient pas: Ces enfoirés de Shibusen mettaient un ordre de mission pour ce débarrasser de nuisibles géants qui obstruaient la cloche. Voilà donc la source de tous leurs problèmes: des sales bestioles à plumes qui nichaient à l'endroit même où la libération sonnait plusieurs fois par jour pour les élèves. Elle ne releva pas particulièrement le "géants", mais beaucoup plus le "corbeaux" et encore mieux ce que lui disait la petite voix dans sa tête: "massacre-les…massaaaacre-leeees!". Elle entendait déjà le futur son des cloches qui sonnaient à nouveaux, pleines de joie d'êtres libérées. Elle prit la mission sans hésiter et partit directement en direction de l'endroit idéal pour atteindre le toit: la cour de récréation. Elle les voyait d'en bas, ces machins, à tournoyer stupidement pour protéger leurs nids et leur progéniture. Siolith aimait certes tout ce qui était vivant et la vie était d'autant plus importante pour elle car elle n'aimait rien de plus au monde que sa vie ne soit qu'un long fleuve tranquille. Même si pour cela, il lui fallait finalement éliminer toute source de trouble dans son équilibre vital. Et voilà que ces énergumènes à plumes représentaient un trouble non-négligeable dans son espace vital de liberté et surtout sur son temps libre.
Se ramassant sur elle-même elle se détendit tout en créant un cercle sous ses pieds et un "Pan!" caractéristique de sa technique retenti dans la cour. Elle créa plusieurs cercles pour en faire un escalier de fortune et grimpa ainsi jusqu'aux pointes d'un des crânes. Elle prit la descente de la pointe jusqu'au sommet du crâne et profita de l'élan pour courir pendant trois pas sur le mur, puis elle créa un cercle derrière elle, sauta dessus, fit un nouveau cercle derrière elle, ressauta et continua sa manœuvre jusqu'au sommet du clocher. Les oiseaux attaquèrent sans prévenir et fondirent sur elle au moment même où elle posait le pied sur la pierre du clocher. Ils étaient immenses se sales corbeaux! Mais maintenant, avec tout ce qu'elle avait déjà vécu en mission, ils ne devenaient plus que dérisoires face à quelques anciennes rencontres plus musclées. Un cercle se forma devant elle et l'oiseau qui fonçait sur elle s'écrasa dessus dans un croissement lamentable et en laissant une poignée de plumes virevoltantes à la place. Un autre réussi à la saisir par le col se sa robe et l'emmena par la voie des airs, sûrement essayait-il de faire cela afin de la lâcher de haut et de la tuer. Mais Siolith n'avait jamais eu l'intention de mourir aujourd'hui, et qui plus est par des sortes de bestiaux stupides à plumes et à bec! D'une main, elle se tint à la patte du corbeau et d'un coup de reins, elle se hissa sur le dos de l'énorme bête. Elle était assez grande pour être une bonne monture, mais Siolith avait d'autres projets pour le moment: elle concentra sa longueur d'onde dans sa main droite et quatre cercles apparurent, les uns devant les autres. Lorsqu'elle abattit la main, sa force fut quadruplée et le corbeau, qui se prit l'attaque pleine tête, mourut sur le coup sans aucun bruit et commença à piquer vers le sol. Siolith aurait pu avoir la malchance de tomber avec, mais c'était sans compter un des frères du mort qui passait juste à ce moment et Siolith profita de cette stupidité flagrante pour s'accrocher à ses pattes. Son nouveau mode de transport n'eut pas l'air tout à fait d'accord et chercha un endroit pour se poser. Comme l'avait prévu Siolith, le seul endroit possible pour eux de se poser, c'était les rebords du clocher et ce fut donc à cet endroit qu'elle fut emmenée. Lorsqu'elle arriva à destination, elle remercia à sa façon son chauffeur (un grand coup dans le crâne et on n'en parle plus!) et entra dans le clocher. Les corbeaux avaient élu domicile dans la cloche même et s'était servis de la corde de la clocher pour le construire. Du coup, la cloche ne pouvait plus sonner pour deux raisons: elle était pleine de paille et de branchages, et la corde pour tirer cette cloche avait été sectionnée. Saisissant l'édifice de fils et de bois elle secoua jusqu'à détruire la structure et libérer la cloche. Elle regarda le soleil; il devait être dans les deux heures de l'après-midi. Voilà qui ferait des heureux, elle comprise! Chargeant le maximum de cercles qu'elle pouvait faire –six en même temps- sur toute sur une main, elle frappa de toutes ses forces sur le métal. Le bruit retentit, et même si elle était à côté, elle en ressentit une pleine félicitée: les profs n'auraient plus à les embêter. A elle maintenant de retourner la situation à l'avantage de l'élèves. Dans les salles de cours, les élèves à moitié endormi par le rythme sur-soutenu que les professeurs leur infligeaient. Soudain, le bruit libérateur, tant attendu depuis cinq jours, retentit enfin en plein cours de l'après-midi. Sans même chercher à savoir comment ni pourquoi, tous les élèves se levèrent quasi-simultanément, rangèrent leurs affaires et partirent de cours comme si de rien n'était. Aucun prof ne fut capable de retenir sa classe et pour la deuxième fois de sa mort, Sid vit toute sa classe se vider.
En haut du clocher, assise sur le rebord de pierre, Siolith traça du bout du doigt le numéro de Shinigami. Les cheveux battants dans le vent frais de l'après-midi, Siolith regardait la surface réfléchissant devenir un moyen de communication au contact de son doigt. Le visage masqué de Shinigami apparut dans le petit cadre.
"J'ai terminé ma mission…"
"Oooooh Siolith-chaaaan! On commence à être habitués! Tu peux veniiir dans la Death Room si tu veux un de ces quatre!"
"Non merci, j'en ai déjà assez"
"Ah par contre Siolith-chaaaaaan? Tu pourrais éviter de vider l'école la prochaine fois?"
No comment… Siolith coupa la communication et remit le miroir dans sa poche.
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