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 [Mission] La Mort vient du ciel

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Anonymous


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MessageSujet: [Mission] La Mort vient du ciel [Mission] La Mort vient du ciel EmptySam 30 Oct - 17:37

- Mais euh monsiiiieeeuuuur !

- Il a pas sonné, personne ne sort. :D

Les occupations d'Iwi en cours étaient toujours passionnantes : cette fois-là, il essayait de décoller le plastique de la table avec ses ongles en tirant un peu la langue. Il était sur le point de réussir. La scène qui se déroulait devant lui n'était pas neuve. Depuis deux jours, tous les professeurs jouaient à ça : grappiller des minutes de cours supplémentaires en prétextant qu'il n'avait pas sonné alors que tout le monde savait pertinemment que s'il ne sonnait pas, c'est parce que la cloche avait mystérieusement cessé de fonctionner. Ce qui donnait lieu à des discussions innombrables dans ce goût-là :

- Mais monsieur sur ma montre on aurait déjà dû sortir depuis dix minutes !

- Et sur la mienne !


- Et la mienne !


- Et à l'horloge aussi !


- Pas sur la mienne. Personne ne sort. :D

- Mais vous venez de la remonter !


- Elle n'était pas à l'heure.

- Ben comment pouvez-vous le savoir puisque toutes les autres horl...


- Quand je te dis que ma montre n'était pas à l'heure, c'est qu'elle n'était pas à l'heure. C'est tout. Cherche pas. C'est pour ton bien. Poursuivons. :D

Le grisonnant, bedonnant et triomphant professeur se remit à expliquer la carte d'Afrique au tableau pendant que les élèves poussaient tous un soupir d'agacement collectif.

*Aha ! J'en étais sûr !* jubila Iwi en décollant quelques centimètres de plastique d'un coup, presque aussi satisfait que le maître.

Ça lui était égal d'être retenu : il ne travaillait pas davantage en cours qu'à l'appartement, de toute façon. Et il n'avait rien prévu après l'école, contrairement à beaucoup d'autres étudiants qui continuaient à râler entre eux à voix basse : "c'est vraiment injuste", "il a pas le droit", "on va se plaindre" et autres bruits d'usage. Bande de grognons ! Iwi préférait prendre la situation avec philosophie. Criminel, il consacra les sept minutes suivantes à gribouiller avec son stylo en-dessous du plastique de la table quelque chose de franchement abstrait, vu son talent pour le dessin. Puis le professeur se lassa et les libéra enfin. La plupart des élèves opprimés sortirent du local plus rapidement que s'ils s'étaient téléportés. On voyait le même genre de phénomène à la sortie d'autres salles, dans le couloir. Les jeunes se mélangèrent dans un brouhaha de mauvaise humeur mêlée de soulagement. Aussi discrets et gracieux qu'un troupeau d'éléphanteaux, ils se ruèrent à l'air libre avec le même enthousiasme que s'ils n'étaient pas sortis de prison depuis vingt ans. Iwi prit davantage son temps. Quand il quitta le local, l'école était déjà quasiment vide de présence estudiantine. Elle l'était plus que jamais lorsqu'il atteignit le bas des escaliers et déboucha dans le hall apparemment désert.


- Ma, fichus volatiles !

*Ah, ça, c'est le concierge* se dit-il.

Le brave homme avait déjà appris à le connaître. Il avait dû pourchasser Iwi plusieurs fois depuis qu'il était arrivé à l'école, il n'y avait pourtant pas si longtemps. Le meister ne comptait plus le nombre de fois qu'il avait été contraint à rester après les cours ou à occuper ses récréations à rattraper ses propres bêtises. À chaque fois, tandis qu'il travaillait à, par exemple, nettoyer des dessins sur les tables, le vieux monsieur lui prédisait un avenir misérable, décrivant le taudis dans lequel il dormirait avec une telle précision qu'il le voyait déjà presque, avec quelques années de cellule en option, et lui déballait toute sa panoplie d'adjectifs qualificatifs négatifs - elle n'était pas bien longue. Il fallait dire que les poubelles avaient mystérieusement tendance à voir leur point d'équilibre dévié quand Iwi se trouvait à côté d'elles et le concierge à quelques pas. Entre autres choses. Et tous les jeux de mots foireux qu'il avait pu faire sur sa flamboyante moustache noire n'avaient pas non plus dû contribuer à s'en faire apprécier ("ah vous lavez les graffitis au savon ! vous faites mousser les taches ? vous êtes moustachurément le meilleur concierge qui soit ! vous combattez les moustaches de poussière ? on vous confie tant de mous-tâches d'entretien ?" arrêtons-nous là par considération pour le lecteur.)


- Ma, yé né jamais vu ça ! Ma ça fait longtemps qué yé travaille ici et jamais vu de sales bêtes pareilles ! Yé souis sûr on ne me dédommagera même pas pou' ces griffoures, ma Shinigami-sama il peut bien dire ce qu'il veut ma il né mé paye jamais assez pour mes peines.

Le vénérable travailleur passa à côté de lui et Iwi vit en effet que son visage présentait à certains endroits des traces de griffures. Par curiosité, il l'arrêta.

- Bonjour monsieur moustache, de quelles sales bêtes parlez-vous ?

- Ma c'est lé sale pétit gamin avé ses tatouages de voyou, i' m'appelle meussieur moustache, ma qu'est-ce yé pouis faire avec des sales petits garnements pareils ? Y a les sales corbeaux i m'attaquent et maintenant lé maudit gamin i me traite comme un rien du tout. Ma yé vé me plaindre à la direction de cette fichoue école moi yé souis pas homme à mé laisser faire par dé sales petits gam...

Le bon concierge ne lui parlait jamais qu'à la troisième personne et ne le connaissait que par le nom de "sale pétit gamin".

- Allez monsieur, je m'excouse ! Yé peux vous aider ?

- Et maintenant lé sale pétit gamin il imite mon accent et i rigoule, ma ça ne va pas sé passer comme ça c'est moi qui té lé dis, on né sé moque pas impiounément de moi. Ci coumme les sales corbeaux dans le cloucher qui empêchent dé sonner ma yé vais trouver lé moyen dé lé chasser ma yé né vais pas mé laisser faire.

- Des corbeaux, monsieur ? Vous voulez que je vous en débaramoustache ?

- Et en plous il défourme les mots mainténant et i plaisante ma moustache, ma qué yé pouis faire...

Il ressortit des explications décousues du concierge que le clocher était bel et bien envahi par une bande de sales corbeaux. Iwi décida de s'offrir un peu d'action. Avec un peu de chance, il pourrait obtenir un (très) petit capital sympathie auprès du bonhomme qui le lâcherait un chouïa disons, quelques heures. Supermoustache le guida jusqu'à l'entrée de la plus haute tour de Shibusen. Iwi profita du chemin pour détailler ses blessures. Vues de plus près, elles paraissaient franchement vilaines. Quel genre de corbeaux pouvait laisser de telles marques ?

- Voilà c'est ici, eh ben yé rentre chez moi yé ai assez eu pour cé soir, tou té débrouille moi yé né m'occoupe plous dé rien.

*Bounne soirée !*

Sur ces bonnes paroles, il le laissa. Iwi s'engagea dans la tour. Il avait devant lui un escalier qui s'élevait en colimaçon. Levant la tête, il s'aperçut qu'il montait vraiment très haut jusqu'à disparaître dans les ténèbres. Ça lui ferait une petite randonnée. Il n'apprécia jamais autant le fait d'avoir de bonnes jambes. Les marches étaient espacées et étroites, dures à gravir, et elles n'en finissaient pas.

Pourtant, au bout de peut-être vingt minutes, ou une heure, il n'aurait pas su dire, ça finit bel et bien par finir. Ses pieds se posèrent sur un plancher gris. L'air sentait le refermé et les moustaches de poussière. À part une échelle posée contre le mur, il n'y avait rien du tout. Et l'échelle, haute de plusieurs mètres, permettait de rejoindre l'antique cloche, à gauche de laquelle la rare lumière entrait par un œil de bœuf. C'était le concierge qui s'occupait de faire sonner, mais il ne s'amusait pas tous les jours à monter jusque-là. Une ficelle accrochée à la cloche sortait par l'œil de bœuf et rejoignait il ne savait quel bâtiment à une hauteur moindre. Et là. Là. Les fameux perturbateurs. Leurs yeux luisaient de malveillance dans l'obscurité, tous fixés sur lui. Ils étaient bien une douzaine - des corbeaux énormes, avec des becs aussi acérés que leurs griffes, juchés sur la ficelle, le rebord de la trouée du mur, la cloche, la charpente. Ses propres yeux s'habituaient lentement à l'obscurité et il voyait maintenant des plumes et du duvet qui traînaient par terre, ainsi que des fientes un peu partout. Les corbeaux se tenaient parfaitement immobiles, avec un air de tranquillité menaçante. Iwi pensa aux "Oiseaux" d'Hitchcock.


*L'endroit n'est pas très pratique pour la bagarre. Mais bon, c'est juste des pia...*

À cet instant précis, le plus gros de tous battit des ailes. Cela agit comme un signal. Avec force croassements, les "fichus volatiles" fondirent sur lui à une telle vitesse qu'il ne vit pour ainsi dire que des taches noires bouger en l'air. Il établit l'Encrure par pur réflexe. Puis tout devint subitement des masses bleu sombre griffues et emplumées qui tourbillonnaient autour de lui en criaillant et en lui donnant des coups de becs et de griffes à la tête, au torse, au ventre, aux jambes. Et puis il y eut d'importantes manifestations de protestation quand plusieurs bestioles se firent toucher par les fils, mais elles ne se découragèrent pas pour autant. En fait, cela parut exacerber leur colère. Elles l'assiégèrent en poussant une sorte de "crrroooo" bestial de rage quand elles recevaient une décharge et reculaient alors brusquement, avant de revenir à la charge.

Iwi en éradiqua quatre avec Balayage. Elles tombèrent aussitôt, peut-être mortes. Après quoi il se livra à un véritable festival de Lames, quitte à ressembler vaguement à un épileptique. Il s'efforçait autant que possible de viser les points sensibles des bébêtes, la jointure des ailes, les yeux, l'articulation des pattes. Il n'était d'ailleurs pas le seul. Les corbeaux fonçaient sur ses yeux et il finit par les fermer et baisser la tête, combattant au jugé.


*Ça, c'est ce qui s'appelle être territorial...*

Petit à petit, les effets conjugués des Lames et d'Encrure meurtrirent les bestioles. Quelques autres bébêtes tombèrent au sol, aveuglées, les pattes ou les ailes cassées. N'empêche, il en restait cinq. Avec une Lame, Iwi frappa l'échelle en bois au niveau de la troisième marche, à un endroit où ça semblait vraiment pourri, elle se brisa aussitôt. La partie du haut tomba de l'autre côté. Se protégeant les yeux d'un bras, il réussit à attraper celle du bas qui avait glissé au sol et les morceaux de bois se démirent à son contact. Il ne lui resta qu'un bâton qu'il fit tourner entre ses doigts comme un bâton de majorette. Le bâton finit d'éclater un bec blessé, frappa au ventre une autre bestiole et à la tête deux autres et finalement, il ne resta qu'une seule bébête à tournoyer mollement autour de lui, épuisée. Elle le caressa une ultime fois de son bec et toucha un fil. Son bec s'ouvrit tout grand, il s'en échappa un "creeeuuu" de rancune et elle tomba au sol, vainement agitée de soubresauts. Puis elle devint enfin tout à fait inerte.

Hors d'haleine, il désactiva l'Encrure et s'adossa à la paroi, mort de fatigue, couvert de blessures. Il s'accroupit et passa les quelques minutes suivantes à recouvrer son souffle. Le sol était jonché de cadavres. Les croassements démentiels et les froufrous de plumes résonnaient encore dans sa tête. Il soupira profondément en évaluant rapidement son état général et se mit à glousser.


*Hitchcock peut aller se coucher...*

Distraitement, il leva les yeux vers la cloche. Et c'est alors qu'il repéra un immense assemblage de brindilles coincé dans la charpente. Le nid des monstres. Quelque chose brillait dedans. Il avisa ce qui restait de l'échelle. Avec précaution, il la remit à son emplacement originel et monta dessus, attentif aux grincements suspects. Depuis combien d'années traînait-elle là ? Quelques marches cassèrent sous son poids, mais l'ensemble tint miraculeusement bon et il arriva au sommet sans se rompre le cou. Un demi-mètre le séparait de la cloche. Il sauta et se rattrapa à l'œil de bœuf, au bord duquel il s'assit. Il en profita pour regarder la vue. Elle était bien belle. Cinq minutes d'admiration de la ville plus tard, il sauta et se rattrapa à la chaîne qui suspendait la cloche à la tour. Le battant tinta et le son grave et profond qui s'en échappa lui claqua le cerveau. Quel boucan ! La chaîne gémissait au-dessus de lui et il songea qu'il aurait l'air considérablement idiot si elle cédait et qu'il mourait maintenant. Mais elle ne céda pas et il sauta à nouveau pour atterrir sur la charpente. Quelques cabrioles supplémentaires et il se retrouva dans le nid. Il ramassa les objets qui étincelaient. C'étaient des épingles à nourrice.

- OUAAAAAIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIS ! ME VOILÀ RICHE !

Récupérant fièrement son trophée, il descendit assez imprudemment de son perchoir. Quand, le lendemain matin, la cloche put sonner à nouveau, Moustacheman ne le porta pas exactement aux nues mais Iwi nota qu'il ne parut pas remarquer le gribouillis laissé sur la table en classe de géographie. Et il possédait maintenant des épingles à nourrice, ce qui justifiait amplement tous ses efforts.
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