Quelle journée de merde. Bordel de chiotte et crottin de cheval. Quelle journée de merde. Je suis dans la merde. Je le sens. Dès que je me suis levée ce matin je l'ai sentis. Dès que je me suis habillée je l'ai su. Dès que je me suis peignais j'ai tressailli. Dès que je me suis brossé mes dents je l'ai ressentis. C'était une journée de merde qui commençait pour moi. J'ai cassé mon bol, j'ai perdue ma chaussette, y avait plus de papiers toilettes. Merde quoi. Y a des fois où il faut dire stop, et là c'est LE moment rêvé pour. Parce que je crois que quelqu'un se moque de moi là, et c'est pas mon radio réveil. Je me fais présentable pour sortir. Je sais pas pourquoi je sors mais je sors. De toute façon c'est mieux que de broyer du noir. J'ouvre grand mon armoire et j'en sors à sac à dos. Dedans je mets ma pipe à bulle, le chapeau de Sherlock, la cape, des tongues, une ballon gonflable, une bouet en forme de canard et je ferme le tout. Je met sur ma tête mon jolie chapeau melon vert pomme avec la pâquerette dessus. Je sors de fausse lunettes sans verres que je me mets sur le pif et je rajoute la moustache de monsieur Patate à cette dernière. Je suis tellement sexy ainsi. Digne d'un lama, vraiment.

J'ouvre la porte. Je la ferme. Je suis sortie et je descends quatre à quatre les marches de l'escalier de mon immeuble. Hum hum. Les poubelles ne sont toujours pas passées aujourd'hui. Je suis fière de ma découverte alors je franchis le seuil la tête haute, aucun sourire sur mes lèvre, le regard habituellement blasée sur le visage. Azariah n'est pas là aujourd'hui ; elle est partie voir une amie. Je suis seule. Pas que l'on vive ensemble mais presque. Je l'aime bien cette gamine moi, elle est charmante et je la trouve adorable. Digne d'un yokai. Mais là n'est pas la question, aujourd'hui, je vais sortir et passer une journée dehors pour voir le monde et m'informer des choses qui s'y passent. C'est une si bonne idée … Tellement bonne. Je marche donc dans la rue, regardant à gauche et à droite, cherchant quelque chose d'invisible. Ne cherchant rien entre autre. Mais j'ai une mauvaise sensation. Sûrement du à cette journée merdique. J'avance un peu plus vite. J'ai l'impression qu'on me suit.

A midi, je suis allée manger dans le parc et j'ai bu à la fontaine. Par pur envie. J'ai fais la causette à plusieurs inconnus qui m'ont demandés si c'était normal que je mange de l'herbe. J'ai dis oui. La jeunesse est belle quand elle cherche à s'instruire. Pas aussi belle que moi, certes, mais belle quand même. On ne peut pas être plus beau qu'un lama après tout. Je souris, cette pensée m'arrache un instant de joie. Je perds sourire, cette sensation est revenue. J'ai peur. Qu'est-ce ? Je ne perds pas de temps, j'avance, repartant de nouveau à travers les rues et les ruelles. Parfois, je me retourne. Personne. Je suis sûre qu'il y a quelqu'un. Je le sens. Je l'entends. J'ai peur. Mais je ne dirais rien. Un lama n'a pas le droit à la peur, juste au silence et à l'herbe. Alors, j'avance. Sans rien demander d'autres que ce que l'on me donne. Sans rien faire d'autre que ce que l'on m'ordonne. C'était à dire rien.

Une heure. Je fuis toujours cette sensation. Les gens se font de moins en moins présents dans les rues. Je dois en avoir le cœur de net. Je suis une star après tout. Alors, je sors mon portable et je l'approche de mon oreille après avoir tapé un numéro. Le beepeur sonne. Il résonne. Et quelqu'un décroche. C'est lui, la personne dont j'avais besoin. L'homme de la situation.

▬ Allô, ai-je bien l'officier Stephen Ryu de la police à l'appareil ? Oui, tant mieux. Ici Viktoria Vorsch, habitante de Death City, à l'appareil. Je vous appelle car j'ai l'impression que l'on me suit sans cesse et je ne suis vraiment pas rassurée. Serait-il possible que vous veniez u plus vite ? Je suis aux … Oui, tout à fait. Merci. A plus tard.

Je raccroche et je soupire. La police m'a dit de ne pas bouger. Plus facile à dire qu'à faire. Je ne ferais aucune remarque là-dessus par pur respect, mais je n'en pense pas moins. Il devrait y avoir des policiers partout et pas uniquement quand on les appelle. Vraiment, ce serait tellement plus pratique et plus utile. Au lieu qu'ils soient au café entrain de boire du café. Pff, la logique des Hommes.

Le policier m'avait donc donné rendez-vous et je n'avais pas perdu de temps pour m'y diriger. Parce que bon, si mes cheveux étaient en potentiel danger, je ne me le pardonnerais jamais. Ou même mes dents. Ou … Mon herbe. S'il en avait à mon herbe, hein ? Après tout, j'avais quand même une belle boîte tupperware dans mon sac à dos. Ah ma tendre et douce herbe qui fond dans ma bouche quand je la dévore, ce parfum et ce goût si exquis ne demandant qu'à se faire manger. Une herbe de ma création, il en va sans dire. Une belle et magnifique herbe. Verdoyante et pleine de beauté. Bref, vous vous en fichez. Alors je vais continuer. Une douce herbe qui craque sous la bouche avec une sauce rosée du matin qui permet à donner de la fraîcheur à la chose. Mieux que des chewing-gum. Un bonheur, une fraîcheur, un délice et bien plus encore, de l'herbe.

Je continue à avancer, un peu plus rapide à chaque pas. Je l'entends, derrière, marcher et me suivre. Je suis suivie, maintenant c'est sûr. Vivement que je sois au lieu demandé pour que l'inspecteur lui colle un poing de ma part. Moi je ne me souillerais jamais les mains avec cette racaille, mais c'est juste par flemme. Bien sûr. Quoi d'autre hormis la flemme, aussi ? Je ne sais pas. Je n'en ai aucune idée. Je ne tarderais sûrement pas à le savoir. Peut-être. Ou peut-être pas, va savoir.

J'arrive sur les lieux du rendez-vous. Personne. Je suis en avance, je risque d'attirer l’œil sur moi, mes fans sont partout … Mais non, mon super déguisement me cachera de ces super-fans. Je suis diabolique, je me cache de ceux qui me respectent et m'adore. Honte à moi. Quoi que non, vive moi. Je me sens tellement intelligente ainsi. Derrière mes belles lunettes sans vitre et caché derrière ma moustache. Je tire dessus, l'enroulant autour de mon dos en patientant. Ce n'est pas tous mais j'ai faim … J'attends. Je tire dessus, je l'enroule. Les poils noirs me griffe un peu les deux. Fichu synthétique. J'en ai rien à faire, je continu comme si de rien n'était. Je ne vois pas quoi faire d'autre. Je ne vois rien d'autre. Juste mon dos s'enroulant autour et tirant dessus, la bouclant un peu. Eh non je ne complète pas mes pensées en me répétant pour rajouter des lignes. Merde, j'ai trop faim. Je me met à fixer mon sac qui est par terre, comme si j'essayais de l’hypnotiser ou d'utiliser la force pour le faire venir à moi. Merde. Il ne bouge pas. Alors, je m'abaisse pour le prendre sur mes genoux, le fixant d'un air hypnotique. Je l'ouvre et j'en sors la vieille boîte transparente au couvercle jaune pisse. Ma bonne vieille boîte. Je l'ouvre. Je prends un peu de mon petit déjeuner et je me mets à croquer dedans. La broute, la mord. L'arrache, l'écrase, la détruit. Elle aime ça, cette sale … Herbe.

Je referme hermétiquement la boîte. Je la range. Jolie boîte, belle boîte et dure boîte. Tiens, le mec de la police semble arriver. C'est pas trop tôt … Quoi que, il est bizarre pour un policier … Si ça se trouve … OHMAGAD.

▬ C'est vous ! Vous êtes la personne qui me suivez, avouez ! Je … Ha. No. NEVER !

Et paf, un beau crachat sur son tronche. Non mais se déguiser en policier pour m'avoir, ça ne marche pas. Pas contre mi, reine du déguisement à la con.

Choquée, je ne sus que faire face à cet acte tyrannique venant de la part de cet inconnu. Je ne m'attendais vraiment pas à sentir mon crâne rencontrer le banc où j'étais assise un peu plus tôt. En plus, cet imbécile me lâcha la nuque ce qui me permit de ne pas perdre de temps pour le regarder avec un air rancunier sur le visage, l'écoutant faire un speech sans queue ni tête qui n'avait pas de sens à mes oreilles. Il faut dire que je n'étais pas très calme là, il m'avait vraiment énervé en me claquant le front contre le banc, et il allait me les payer. En plus, il insultait mon herbe. Ma douce et tendre herbe. Cela ne se passerait pas comme ça, c'était hors de question. Je le regarde aussi froidement que mon instinct me le permet, c'est à dire avec une tête sans aucune émotion hormis au niveau des yeux qui le fixait d'un air distant et sérieux ainsi que grave. J'allais lui dire, moi, ce que je pensais de ses façons de faire à la noix.

▬ Un inspecteur honnête ? Vous avez une drôle définition de ce mots car quelqu'un d'honnête n'aurait sûrement pas ainsi écrasé mon front contre ce banc de marbre. Et d'abord, qui me dit que vous êtes policier, mécréant ? Après tout, je peux très bien dire que je suis une star de la télévision, rien ne vous le prouverez, alors, pourquoi … Un policier ? Alors, que vous êtes sûrement, en réalité, un misérable imbécile qui me suivait sans relâche depuis ce matin et qui 'm'a entendu téléphoné. Si ça se trouve, le vrai policier ne tardera pas à moins que …

J'écarquille les yeux, choqué de ma pensée. Silencieusement, je fais un pas en arrière, lâchant mon air colérique pour en prendre un sombre et mystérieux. Je pris néanmoins le temps de sortir de ma poche une pipe à bulle que je mis à mes lèvres avant de souffler dedans pour en faire, puis je posais sur ma tête le chapeau de Sherlock Holmes. Et puis, je le pointe du doigt, refaisant un pas en avant ce qui rendait celui en arrière totalement inutile. D'une fois forte, grave et sérieuse je ne perdis pas de temps pour dire mon idée.

▬ Vous ne l'ayez tuez ! Avouez votre crime, il y a une tâche de café sur votre chemise, c'est la preuve de ce meurtre !