L'herbe était douce, fraîche, agréable, un peu comme un lit douillet. Le vent soufflait, froid et chaud en même temps. Amélia respirait chaque bouffé d'air comme si c'était les dernières, humant l'odeur de bois qui en provenait et qui lui titillait les narines. Cette odeur était du déjà vue, elle lui serrait le ventre mais l'apaisait en même temps et c'était quelque chose qu'elle n'appréciait pas vraiment. Elle savait ou elle était, et elle n'en avait aucune envie même si elle avait aimé cette endroit. Des pensées nostalgique l'assaillirent et elle préféra se lover sur la sol et fermer les yeux, pour ne plus penser, ne plus entendre et ne plus sentir. D'une part, c'était complètement illogique d'être là, alors qu'elle était partie il y avait plus d'un mois. De plus c'était irréel mais pourtant réel aussi. Tout était si semblable, si normal, si .... calme. La forêt, la prairie, les maisons au loin et la rivière qui s'écoulait lentement en traversant le village, tout était là. Elle retrouvait toutes les odeurs, les couleurs, les senteurs et les bruits d'en temps. C'était plutôt rassurant en vérité, parce qu'elle avait toujours vécut ici, c'était une partie de son enfance, pas aussi génial qu'elle l'aurait voulut, mais tout de même quelque chose qui faisait naître en elle un bien être indescriptible. Elle en regrettait presque son départ.

Une violente secousse la sortie de sa torpeur, elle était soudain agitée de léger tremblement qui partait de son bras et qui se propageait dans tous son corps. Pendant un instant, elle crut que c'était terminé et que tout cela était liée à son imagination mais les secousses reprirent de plus belle avec un peu plus d'intensité. Et il y avait cette voie, ce chuchotement à peine audible qui résonnait dans la prairie et finissait par s'éteindre avant de recommencer. Elle se redressa et jeta de ses yeux saphir un regard interrogateur et agacé. Même dans cette position son bras se secouait tout seul, comma par magie et si elle ne trouvait pas une explication plausible, elle allait devenir chèvre, dingue, folle et c'était pas bon du temps lorsqu'elle devenait ainsi. Puis soudain, le décor changea brutalement, elle n'était plus dans la jolie plaine qu'elle affectionnait tant, non, tout ça avait disparue. La tiédeur sur sa peau maladive, la brise fraîche qui traversait ses cheveux et même la maigre odeur des pins avait été remplacé, elle se retrouvait maintenant dans une petite cabine remplit de chaise, l'air était devenu lourd voir irrespirable et une grosse femme blonde était penché sur elle et essayait tant bien que mal de la réveiller. De un, c'était complêtement suicidaire de le faire, surtout en la secouant bêtement comme un chiffon, de deux, elle était toujours de mauvaise humeur lorsqu'on la sortait des ses rêves, surtout lorsqu'ils ressemblaient à celui qu'elle venait de faire. Les yeux encore bouffis, Amélia tourna sa belle gueule d'ange vers l'impertinente qui n'allait pas s'en sortir aussi facilement même si son excuse était totalement valable.

Amélia << Mais ta bouuuucheeeuuuh ! J'ai compris, on est arrivé, je me tire. >>

Pas très polie la façon dont elle s'adressait, ce n'étaient pas des manières de jeune fille mais au moins, ça avait le mérite d'être franc et clair, d'ailleurs, après quelques paroles inaudibles qu'elle avait prononcé, l'hôtesse repartit à l'avant de l'avion, voulant sans doute mettre le plus de distance possible entre elle et cette dégénérée. Bien sur, notre jeune fille n'était pas quelqu'un d'irrespectueux, enfin, pas totalement, bon, d'accord, elle ne l'était pas du tout ou alors très peux, mais le sommeil, c'était sacré, et celui qui le brise ne mérite que ce qu'il ne mérite et elle n'avait donc aucun regret de s'être adresser de cette façon à une personne beaucoup plus âgée et apte à lui casser la figure lorsqu'elle le désirait. Tant pis, elle ne la reverrait sans doute plus jamais, du moins elle l'espérait. Sauf qu'Amélia s'en contrefichait, de toute façon, ce n'était pas une simple humaine qui allait la battre, même si elle avait l'apparence d'une fillette innocente.

Tout en pensant, elle avait marché sans vraiment regarder ou elle allait et c'était retrouvée devant un petit portail miteux qui se révélait être l'entrée d'un cimetière. Pourquoi se retrouvait-elle toujours dans les endroits les plus sordides ? C'était une sorcière, mais elle était tout de même une personne normal, malgré ses pouvoirs. Peu importe, il n'y avait jamais personne dans ces lieux et au moins elle ne risquait pas de tomber sur des meisteurs inutiles. Elle posat une main pâle sur la poignée rouillée, ignorant la toile d'araignée qui venait s'emmêler dans ses doigts, et ouvrit le portillon laissant entrevoir plus d'une centaine de tombes. Elle avança dans l'allée, sans imaginer le nombres de corps qui s'étalaient sous ses pieds et décida de s'assoir sur banc. Elle avait raison, le cimetière était désert, mise à part elle et les quelques cadavres qui l'entouraient. Elle leva sa main droite, et la fixa longuement jusqu'à ce que celle rougisse et fume. Soudain des flammes rouges léchèrent ses doigts, sans une seule grimace de douleur sur son visage, ni de peur d'ailleurs. Elle était plutôt envouté par la danse du feu qui s'intensifiait de plus en plus et sa concentration était telle qu'elle ne cillait pas une seconde. Un léger sourire ce dessina sur son visage et le feu disparut, laissant entrevoir la rougeur de la peau d'ordinaire marmoréenne.

Amélia << Ca, c'est le pied.>>

Le ciel virait dans les gris, et l'ambiance de l'endroit où se trouvait Evelyne était plutôt... morbide. La petite fille balaya rapidement les alentours du regard ; devant elle, un petit portail envahi par une plante qui semblait être du lierre ; derrière elle, se perdant dans la brume, le chemin qu'elle avait emprunté pour arriver ici. Tout en cet endroit semblait être laissé à l'abandon. Apparement, elle s'était perdue en cherchant le chemin de Shibusen. Mais elle ne pouvait que prendre sur elle ; après tout, c'était sa faute si elle était là, seule ; c'était elle qui avait oublié de prendre une carte en partant - même si, au vu des événements, elle ne pouvait pas en emporter une. L'enfant réprima un frisson, puis se décida à avancer. Elle s'approcha du petit portail, et, tremblante, s'agenouilla pour l'examiner. Ses genoux se déposèrent en douceur sur la terre meuble, et ses yeux observèrent le portail avec étonnement. Il était entrouvert, et la toile d'araignée qui, à l'origine, avait dû recouvrir la poignée était partiellement détruite. Quelqu'un était sans aucun doute récemment passé par là.

A l'idée de rencontrer un potentiel ennemi, Evelyne frissonna. Elle se releva lentement et scruta l'horizon derrière le portillon. Au-delà du portail se trouvaient plusieurs croix, plantées dans le sol ; un cimetière, pensa Evelyne. Oui, c'en était un, sans aucun doute.

Puis soudain, ses yeux s'arrêtèrent sur une jeune fille, assise sur un banc au milieu du cimetière. La petite fille se figea ; c'était sûrement celle qui avait détruit la toile d'araignée, celle qui avait entrouvert le portillon, celle qui avait en premier visité le cimetière ; une potentielle ennemie.

Durant quelques instants, Evelyne hésita ; devait-elle s'approcher de l'inconnue, ou s'enfuir en courant ? Quelque chose en cette femme l'empêchait de se sentir menacée, mais cette présence ne la rassurait pas pour autant. Elle n'avait jamais aimé la compagnie d'autrui, mis à part celle de Lucine ou de son défunt père.

Puis soudain, avant qu'elle n'ait choisi sa future action, la jeune femme leva le bras et fixa sa main, qui s'enflama au fur et à mesure qu'elle la regardait. A cet instant-là, la réponse à une question qu'Evelyne ne se posait même pas lui vint à l'esprit ; cette inconnue était une sorcière ! Une sorcière, comme celle qui avait assassiné sa gouvernante ; elle devait lui parler.

Doucement, la petite fille déposa sa main sur la poignée du portillon, rencontrant à son tour la toile d'araignée qui lui colla à la paume. Immédiatement, ses yeux se détournèrent de l'inconnue pour se poser sur la toile ; la petite araignée qui l'avait sans aucun doute construite grimpait sur sa main. Evelyne retira brusquement sa main de la poignée et la secoua en l'air, pour faire tomber l'araignée qui en chuta et s'écrasa sur la sol. Enfin débarrassée de l'arachnéen, la petite fille se détendit et soupira, avant de pousser le portail qui s'ouvrit en un grincement imperceptible. Puis elle entra dans le cimetière et s'approcha silencieusement de l'inconnue.

Lorsque ses pieds touchaient le sol, soulevant un petit nuage de poussière, ils ne produisaient aucun son, mais le frottement de sa cape contre sa robe dérangeait le calme parfait du lieu. Heureusement, la mystérieuse jeunne femme ne sembla pas l'entendre, ou du moins, ne pas y prêter attention.

Bientôt, Evelyne arriva à sa hauteur ; elle s'en approcha, mais, lorsqu'elle voulut lui parler, ses mots restèrent bloqués dans sa gorge ; c'est pourquoi elle resta figée. Aucune issue ne s'offrait à elle.